Début du mois de janvier, le site du journal Les Echos affirmait que notre Président aurait proposé à son fils Jean Sarkozy un poste de secrétaire général adjoint de l’UMP. Je ne me serais pas risqué à commenter cette information si notre secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano, ne s’était portée au secours de notre dauphin. En l’occurrence, elle s’est peut être crue en charge d’une seule famille, celle de Nicolas Sarkozy. Elle a déclaré ne pas comprendre les réactions suscitées par cette information : « "où est le problème? Il a du talent, on ne va tout de même pas l'empêcher de faire de la politique. Est-ce qu'on interdit à la fille de Johnny de faire du cinéma?"
Cette intervention me conduit à faire deux remarques. La première, c’est qu’il est consternant de la voir, sur une question politique, chercher des références dans le monde de la variété. En fidèle soubrette de son maître, elle épouse fidèlement ses centres d’intérêt. Celui qui prétend que la Princesse de Clèves est un ouvrage hors de portée d’une guichetière se trouve naturellement comblé de voir une fois de plus son ami Johnny glorifié. Cette courtisane à la gouaille sonore n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il faut l’avoir vue, en juillet, à la sortie d’un Conseil des Ministres, vous savez ce lieu où l’on décide des actions du gouvernement de la France, brandir un disque de Carla Sarkozy dont, comme à ses collègues, on lui avait si obligeamment fait cadeau. Il arrive souvent, qu’à l’occasion de la sortie de tel ou tel ouvrage, on nous en vante, à la radio ou à la télé, les qualités. Mais il est heureusement plus rare qu’on aille jusqu’à nous dire : « achetez-le ! » Eh bien, Nadine, elle, n’a pas reculé, d’où cet échange avec une journaliste :
-Faut l’ach'ter !
-Vous allez l’écouter ?
-Mais j’l’avais déjà. Donc, vous voyez, c’était déjà fait. Ach’tez-le, il est bien !
Quand donc ceux qui nous gouvernent comprendront-il que le monde réel, dans lequel se débattent la majorité d’entre nous, n’a rien à voir avec celui du spectacle et de l’illusion, pour agréable qu’il soit ?
La seconde remarque c’est que, dans son ignorance native, Madame Morano ignore vraisemblablement ce qu’est le népotisme. La fille de Johnny Halliday a parfaitement le droit de faire du cinéma. Elle a d’ailleurs tourné dans plusieurs films. Mais, même si le nom de son père a pu lui faciliter l’accession au monde du show-business, elle y est entrée sous le nom de Laura Smet qui, s’il comporte le patronyme de son père, ne la désigne pas immédiatement comme sa fille. Il eut par contre été surprenant de la retrouver dès le début de sa carrière dans le premier rôle de Titanic. Or c’est une consécration de ce niveau dont a failli bénéficier notre dauphin, déjà glorieusement élu conseiller général de Neuilly, après avoir trahi David Martinon, qu’il avait promis de soutenir « jusqu’à la mort ». Il n’échappe bien sûr à personne que notre cher Jean doit son élection à ses seuls mérites qui, nul ne l’ignore, sont immenses.
Même si je ne crois pas notre Président spécialement disposé à recevoir des conseils, je me permettrais cependant de l’avertir : « en vieux briscard de la politique, vous êtes habile à séduire les traîtres. Attention, il arrive qu’on en rencontre dans sa propre famille ».