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Le fait d'avoir réuni au cinéma les naufragés du Titanic 11ans après la tragédie m'a autant conquis que d'apprendre la sortie d'une 2ème volet des Transformers.Malheureusement le titre en francais "Les noces rebelles" n'est pas plus évocateur pour le gaillard trapu qui boit de la bière et qui ne pleure jamais. Et puis voilà, dimanche soir on consulte le programme ciné, entre 2 comédies françaises et un nanard hollywoodien, on se dit qu'en VO, Revolutionary road, pourrait être la bonne surprise de la semaine...
Dans l'Amérique des années 50, les Wheeler, petit couple modèle de la banlieue, sont persuadés qu'ils sont différents, promis à un grand avenir. Ils ne se mouleront jamais aux conventions sociales, et ne tomberont pas dans la routine qui nous guette tous. Pourtant un jour, ils deviennent absolument ce qu'ils ne voulaient pas être : Frank occupe un poste sans intérêt et April devient cette femme au foyer pour qui s'occuper de ses poupons ne suffit plus. Elle décide donc pour renverser la vapeur (il n'est jamais trop tard...) d'aller habiter à Paris, ultime plan pour changer de vie et tout recommencer...
Le réalisateur Sam Mendes qui s'est déjà illustré avec American beauty et les sentiers de la perdition, ne tombe pas dans l'opération marketing en affichant DiCaprio et Winslet, et ne nous livre pas un mélodrame mercantile. Donc oui, première victoire car les retrouvailles sont vraiment à la hauteur. Les acteurs prennent pleinement possession de leurs rôles et nous livrent une interprétation qui tend à sublimer le film, bluffant. J'ajoute une mention spéciale pour Michael Shannon révélé dans Bug par William Friedkin, qui joue un fils de bonne famille sorti tout droit d'un asile psychiatrique...
A défaut d'être inédit, le sujet traité est idéal. A graviter autour des mensonges et des désirs du couple, le regard de Sam Mendes explore très justement l'hypocrisie de notre société, la façon que l'on a à se fondre dans un idéal que les autres modèlent pour nous en oubliant peut être le plus important, nos ambitions et nos envies. Pour autant le trait n'est jamais forcé, et même si la mise en scène reste très classique, la tristesse qui transpire du propos fait de Revolutionary road un film déchirant et ce jusqu'au plan final qui suffirait à lui seul pour résumer la tragédie, notre tragédie...
On sort de la salle hanté par le malaise qui s'en dégage, et ce sentiment va accompagner nos pensées un bon moment !
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Mikado