5000 ? 7000 ? Que dit la police ? Que disent les manifestants ? Je n'ai pas besoin de statistiques officielles ou officieuses pour affirmer haut et clair que la manifestation ébroïcienne de ce jeudi restera marquée dans les annales. Des milliers (c'est plus facile à écrire) d'enseignants, d'employés, de salariés du public et du privé, de syndicalistes, de politiques, d'élus, se sont retrouvés main dans la main dans les rues de la capitale de l'Eure pour émettre une protestation multiforme. Contre la crise financière, contre la crise sociale, contre le gouvernement, contre ses réformes en faveur des riches, contre les atteintes aux libertés, à la justice, contre la loi sur l'audiovisuel, contre la limitation des droits du Parlement… Mais pour un plan d'aide aux licenciés, aux chômeurs, aux sans abris, aux familles sans le sou, pour un pouvoir d'achat meilleur, pour une autre politique.
Il est rare qu'une foule aussi dense se rassemble dans notre département. Il est rare que des gens qui, jamais pour certains, n'étaient descendus dans la rue s'y retrouvent pour dire « assez ! » aux fillon-Sarkozy. Si la manifestation a été si réussie c'est parce que la majorité habituellement silencieuse a compris qu'il convenait de montrer les crocs et, s'il le fallait, de faire comprendre qu'elle mordrait un jour. Ce 29 janvier est un avertissement sérieux pour ceux qui gouvernent et surtout pour celui qui gouverne tout, veut tout dominer, tout régenter.
Le dialogue ? Connais pas. La concertation ? Connais pas. La manifestation ? Je n'en tiens pas compte. Et pourtant de sérieuses revendications ont été avancées aujourd'hui : la défense de l'emploi, l'augmentation des salaires, la défense des services publics, pour une sécurité sociale solidaire, pour des politiques publiques en faveur d'une vraie relance économique, pour la liberté du droit syndical sans discrimination, sans répression. Ces millions de Français, de Françaises et de travailleurs étrangers ne pourront être ignorés très longtemps. Sinon…