Mégapolis. Les derniers pas du flâneur, de Régine Robin : célébration du flâneur des villes : Il y a mille façons de partir à l'assaut d'une ville. Mille manières de l'arpenter, de se l'approprier, d'en saisir les secrets. Celle, par exemple, d'un Julien Gracq découvrant Nantes à l'aventure, en petit sauvage, sans le moindre souci d'en ranger les éléments par ordre d'excellence. Ou bien celle, plus méthodique, d'Anaïk Frantz et François Maspero, qui sillonnèrent pendant un mois la ligne B du RER parisien en se donnant pour règle de passer une journée autour de chaque station afin de s'imprégner de la moindre parcelle de l'espace urbain-Les Passagers du Roissy-Express, 1990-. Comme Olivier Rolin, on peut décider de mettre ses pas dans ceux des autres, cheminer dans Prague, Lisbonne ou Dublin en mimant les allées et venues de Kafka, de Pessoa ou de Joyce. On peut aussi, à l'instar des artistes du groupe Stalker, fuir les espaces habités pour traquer la ville résiduelle, celle dont l'âme se love dans les terrains vagues et les quartiers en friche.
On peut enfin ne pas choisir, s'autoriser les déambulations les plus variées, admettre que, pour découvrir une ville, tous les principes d'investigation sont légitimes. C'est le cas de Régine Robin. Ce refus de tout systématisme n'a rien d'étonnant de la part de cette universitaire hors norme, romancière à ses heures, dont l'oeuvre protéiforme, jalonnée d'études savantes et de textes plus personnels, se déploie depuis une quarantaine d'années à la charnière de l'histoire, de la sociologie et de la linguistique. Thomas Wieder-Le Monde des livres-30.01.09-Lire la suite...