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Un seul être vous manque...

Publié le 02 février 2009 par Francisbf

Des fois, quand je m'ennuie chez moi, je regarde en arrière. C'est moins stressant que de regarder en avant.

Et du coup, ça fait faire des découvertes de ouf malade. En particulier, ça fait découvrir l'importance de gens qu'on a quasiment oubliés depuis longtemps.

Parce que bon, des fois, des gens, c'est normal qu'ils laissent une trace dans nos vies. Genre la famille, pour faire simple. Par exemple, j'aime bien lire, c'est la faute à ma grande soeur qui m'a appris (avant de vouloir attenter à ma vie avec tous les couverts qui lui passaient entre les mains), et à cause de mon popa et ma moman qui m'ont fourni de quoi assouvir cette soif quand j'en avais besoin en me lisant Bilbo le Hobbit au lit, en cédant lâchement à mes réclamations geignardes d'un autre club des 5 ou du dernier Super Picsou Géant, puis en me fournissant en sommets de la littérature, que ce soit du polar navajo (Tony Hillerman, tu me manqueras) ou des récits de jeunesse irlandaise (mon père est amateur inconsidéré de récits de jeunesses irlandaises, qui se ressemblent toutes étrangement, avec des pères alcooliques, des courses de chevaux, des patates, du homard et du sexe souvent effrayant).

Mais des fois, ce sont des gens complètement improbables qui donnent une orientation à votre vie.

Prenons le cas de Fredouille, garçon au physique aussi improbable que son patronyme (hahaha, je plaisante, cher Fredouille, si tu passes), avec qui je n'avais qu'un contact intermittent en prépa. Je lui parlais sans doute plus qu'aux psychopathes du DM de maths, mais moins qu'à mes partenaires de colle. Je n'ai que peu de souvenirs de lui, mis à part sa tendance à être plus con quand il était avec ses amis (je ne lui en veux pas, c'est un trait pénible que je partage), à faire des combats au sabre laser invisible dans les escaliers avec un de ses potes en imitant le bruit du sabre avec sa bouche (à vingt ans, c'était mignon), et à me faire la promotion de Lapinot, une BD qu'il appréciait apparemment beaucoup.

Du coup, moi qui n'avais pas beaucoup évolué depuis mes lectures de BD de jeunesse (qui incluaient l'Incal, Valérian et Barbarella, quand même, en plus d'Astérix, Tintin et Lucky Luke), je me foutais bien de sa gueule « haha, il lit Lapinou » (oui, la prépa n'est pas plus gage d'élite humoristique que culturelle, hein).

Puis, un jour, je me décidai à lire Lapinot (parce qu'en prépa, la BD, c'est bien, ça déstresse après les examens de quatre heures du samedi, et ça prend pas trop de temps à lire). Et là, claque dans ma gueule. J'enchaînais avec les Donjon, et Plageman.

Puis je ne m'arrêtai plus.

J'ai fini la prépa, et je n'ai plus jamais parlé depuis à Fredouille. Mais à cause de lui, mon premier poste de dépense est figé depuis sept ans au moins : la bédé. Et ça a pas l'air d'être près de changer.

Enculé, va. Mais merci quand même.

Tiens, à cause de ce type, j'en ai rencontré un autre. Enfin, rencontré, sur un site internet. Un forum consacré à la BD, même.

Et là, paf, alors que jamais je l'avais rencontré en chair et en poil, le gars, là, il me fait ouvrir un blog.

Que j'alimente de pas mal de rediffusions, certes, mais pas que.

Mine de rien, ça me bouffe un paquet de temps. Que je n'utilise pas pour chercher à bosser, du coup.

Tout ça par la faute d'un faux belge que j'ai vu quoi, six fois en vrai ?

Décidément, je me dis que je dois un peu ma vie à des gens qui n'en ont rien à foutre.

Quelque part, c'est un peu inquiétant.

D'un autre côté, je m'en fous, j'aime bien ma vie, tant que la chaudière marche.

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