Coup de gueule

 
Puisque je ne puis commenter discrètement ce post, je vais donc devoir me répandre à la face du monde...
Ca fait plusieurs fois que je lis ça et là des commentaires sur la politique de Sarkozy argumentés par des propos du style "il nous encule profond" et autres variantes du même tonneau. Jusqu'à présent j'ai évité d'intervenir. Mais puisque dans le post cité plus haut on a droit à une panoplie assez développée sur la "sodomie politique", je vais faire quelques remarques.
Est-il besoin d'épiloguer longuement sur ce que véhiculent ces images ? Se faire baiser c'est être inférieur(e) et humilié(e). Et par voie de conséquence l'insulte suprême c'est "enculé !". Que des homosexuels eux-mêmes véhiculent ces clichés me désole profondément.
Oh, je sais, on me répondra que précisément un homosexuel peut le dire parce qu'il serait en quelques sorte exonéré du délit de propagation d'une idéologie profondément misogyne et homophobe. Je sais, on se raconte nous-mêmes des blagues homophobes que l'on n'accepterait pas racontées par d'autres etc.
Seulement voilà, j'ai passé ma vie à combattre ce genre de clichés sur le thème "on se fait baiser" et autres "CRS, enculés !". J'ai banni de mon langage toutes les expressions que je combats chez les autres, je ne traite personne d'enculé, je ne dis pas à quelqu'un "tu vas boire en juif ?" etc. Dans le milieu militant, politique, syndical ou associatif, il a fallu se battre sans cesse pour faire la chasse aux slogans de ce type, expliquer sans cesse et sans cesse pourquoi. Jusqu'à la nausée. Parfois violemment. Comme cette manifestation parisienne où un char altermondialiste montrait une vaste fresque où le nucléaire symbolisé enculait le citoyen. Fresque que moi et d'autres avons fait retirer de force non sans quelques heurts physiques...
Tout ça fait peut-être vieux con, mais je pense qu'en la matière il n'y rien de bénin. Vraiment. Cette violence symbolique me heurte plus que je ne saurais l'écrire ici. J'en tremble encore. Surtout venant de la part de gens qui ont, peut-être, "une conscience politique de gauche"...
Réfléchissez-y.