Il y a quelques jours, les observateurs du ciel traquaient la "boîte à outils"... Quelques minutes après le passage de la
brillante station spatiale internationale (ISS), sur la même trajectoire, suivait un point, faiblement lumineux mais bien visible aux jumelles.
Souvenez-vous : lors de la dernière mission de la navette Endeavour, au cours d'une sortie destinée à réparer le mécanisme grippé d'une double antenne solaire, l'astronaute américaine
Stefanyshyn-Piper a voulu nettoyer ses gants de la graisse qui les souillait, lorsque le sac à outils contenant des moufles, un couteau à mastiquer et deux pistolets à graisse, lui a glissé des
mains. L'un des plus gros objets jamais perdus par un astronaute entamait alors sa vie de débris spatial "vedette". Au point de bénéficier de ses propres éphémérides pour connaître ses heures de
passage au-dessus de nos têtes !
Au moment où entre en fonction le nouveau président des États-Unis, sur les épaules duquel reposent tant d'espoirs de changements, cette anecdote de la "boîte à outils" illustre assez bien
l'importance des conditions initiales dans le destin "balistique" d'un projet spatial. Celui de l'ISS, qui a démarré sous la présidence de Reagan, achèvera sa construction sous celle d'Obama.
Celui-ci pourrait sans doute repousser de quelques années la date du retour des Américains à la surface de la Lune, prévue aujourd'hui pour 2020, mais ne semble pas en mesure d'abandonner le projet
amorcé par... Bush père ! "Il est temps que nous redonnions à la science une place prioritaire et d'œuvrer pour restaurer le rôle dominant de l'Amérique dans les sciences et les technologies", a
déclaré Barack Obama, en présentant ses principaux conseillers scientifiques. Lesquels se sont empressés de questionner la Nasa sur l'état d'avancement du programme lunaire...
S'il n'est pas prioritaire, comme le sera celui consacré à l'observation de la Terre et aux changements climatiques, nul n'oublie qu'en Amérique, pour réagir à ce "Pearl Harbor technologique" que
fut Spoutnik, l'administration démocrate de Kennedy lança le programme Apollo et remania les cursus de l'université et de l'école secondaire afin de donner la part belle aux sciences. Avec le
succès que l'on connaît. Ainsi, dans la boîte à outils d'Obama, le programme spatial pourrait trouver une place au cœur des décisions politiques comme moteur d'innovations et d'échanges
partenariaux. Un grand plus pour le Mike Gyver que l'Occident attend.
Alain Cirou
Directeur de la rédaction
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