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Ce qui nous nourrit nous détruit

Publié le 21 août 2007 par Samuel Bouchard

angelina jolie latin tatoo
[photo: Magazine Rolling Stone]

Angelina Jolie arbore un tatouage écrit en latin sur lequel on peut lire “Quod me nutrit me destruit”: “Ce qui me nourrit me détruit” (photo). Cette phrase, plutôt noire à prime abord, m’a souvent fait réfléchir. Je ne sais pas ce que signifie précisément cette phrase pour madame Pitt, mais je trouve qu’elle s’applique de façon plutôt générale à plusieurs aspects de la vie.

  • Évolution
    L’évolution nous a doté à une certaine époque de plusieurs mécanismes qui aujourd’hui sont devenus des désavantages. Pour la première fois depuis longtemps, l’espérance de vie des nord-américains sera plus courte que celle de leurs parents. La raison est l’obésité. De pouvoir emmagasiner de l’énergie sous forme de graisse à une époque lointaine a permis à nos ancêtres de survivre et de passer leurs gênes à leurs enfants. Cette caractéristique qui nous a nourrit durant des générations cause à présent notre perte. De la même manière, notre tempérament agressif nous a aidé à se défendre avec ardeur dans le passé pour survivre. Aujourd’hui, on nie cet aspect de notre nature pour pouvoir fonctionner en société. Quand ça ressort, les résultats sont souvent désastreux.
  • Tourisme et développement urbain
    En voyage sur des îles d’Hawaï, j’ai ressenti une certaine tristesse chez les habitants. Sur la grande île par exemple, on a accepté de construire des télescopes sur une montagne sacrée à un moment où l’économie était à plat. Tout le monde avait alors accueilli la nouvelle positivement. De la même manière, la progression du tourisme sur l’archipelle a permis à plusieurs familles d’augmenter leur niveau de vie. Aujourd’hui, ces développement ont complètement dénaturé ce que les touristes eux-mêmes sont venus pour voir. Ce qui a nourrit les locaux à une certaine époque est aujourd’hui la cause de leur malheur.
    Plus près de nous, je suis un vrai partisan de Québec, la ville que j’habite. La raison est la combinaison de la qualité de vie qu’on y trouve, des opportunités professionnelles et de la proximité de la nature. J’y travaille à développer des entreprises avec un sentiment de contribuer à sa croissance. Or, ce qui est positif pour la ville aujourd’hui finira un jour par dégrader sa nature, ce pourquoi on veut la développer.
  • Croissance personnelle
    À mesure qu’on avance dans la vie, on acquiert des aptitudes et des connaissances. Celles-ci nous permettent de se créer un certain confort: on vit plus à l’aise, on a moins besoin d’apprendre, etc. On a travaillé fort pour arriver là, mais une fois à destination, on arrête d’avancer. Ce qui nous a permis de progresser au départ finit par nous empêcher d’aller plus loin, on se créer des “patterns”, on arrête d’apprendre. C’est pour cette raison qu’on doit consciemment se botter le derrière pour essayer de sortir de notre zone de confort et entreprendre de nouvelles aventures sans cesse.
  • Entreprises
    Le but de la majorité des PME est de croître. Or, les entreprises qui deviennent trop grosses perdent de leur efficacité. Tout devient lourd: La direction perd le contact avec les employés et les clients, ce qui entraîne la mise en place de plein de processus administratifs. Les employés déconnectés se sentent moins concernés par la réussite de l’entreprise, ce qui les démotive. Tout coûte plus cher, les décisions sont plus longues à prendre, etc. Ainsi, le but de l’entreprise finit par la rendre moins efficace.
    De la même manière, le contexte changeant, ce qui a pu être un avantage pour une entreprise finira par lui nuire éventuellement. Prenons un exemple que je connais plutôt bien, celui de l’immobilier au Canada. Il existe une organisation qui rassemble toutes les maisons à vendre par les agents immobiliers: SIA. Une de leur force jadis a été de contrôler leur information, rendant l’utilisation de leurs catalogues essentiel à tous les agents. À l’ère d’Internet, leur attitude de vouloir contrôler et cacher de l’information a fait que les acheteurs et les agents se sont tourné vers de nouveaux systèmes, ce qui effrite leur position. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres.
  • Culture
    Par définition, une mode qui devient trop importante perd de son attrait. C’est ce qui arrive pour les styles musicaux, l’habillement, etc.

On dirait donc que, naturellement, un système qui devient trop gros tend à s’auto-détruire à long terme. On aimerait être éternel, tout ça semble ainsi négatif. Mais je crois que c’est l’inverse. C’est ce qui permet entre autre à chaque génération de prendre sa place dans le monde, comme la mienne est en train de le faire en ce moment. Un jour, au sens propre ou figuré, ce sera nous les dinosaures. Une période de grand changement climatique que nous auront causé nous fera nous trouver terriblement mésadaptés au monde.


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