Magazine Journal intime

« Ces petites choses qui piquent »

Par Triol
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(ao07 - Ardèche)

Cher Gosti,

 

Aucun animal n’est méchant. S’il attaque l’homme, c’est qu’il a peur, qu’il est (ou a été) agressé, ou simplement surpris.

Le seul animal qui me fait peur est l’humain. Quand tu as un problème avec un humain, le problème, ou c’est lui ou c’est toi, – si ce n’est pas les deux (!) – ...et tu imagines la foule derrière...!

Tandis que, quand tu as un problème avec un animal, le problème, c’est toujours toi. Les bêtes réagissent en cohérence avec elles-mêmes et la nature et c’est pourquoi j’estime avoir jusqu’ici plusse appris auprès d’elles qu’auprès des humains. Si un cheval te fout par terre, si un chien te mord, si une abeille te pique, c’est que tu as commis une erreur.

 

Au risque de ramasser des tomates… L’ailée que tu as vue hier en photo était en train de se noyer dans la mare d’un pot de ciboulette. Je venais de l’y retirer et l’hébergeai sur ma main – le temps qu’elle sèche et se nettoie pour pouvoir décoller à nouveau.

Enfant, je jouais avec elles, les accueillais par dizaines au creux de mes paumes, les défendais toujours contre mes « camarades » qui s’agitaient dans tous les sens tentant de les chasser à force gestes affolés au moindre bourdonnement. La plus sûre façon de se faire piquer ! Ces derniers se moquaient de moi, les enfermaient triomphalement sous un verre retourné, …que je m’empressais d’ôter sitôt qu’ils tournaient le dos. Comme si une si petite bête pouvait – ô piètre dard ! – leur faire le moindre vrai mal. Mais je jouais aussi avec des serpents et des araignées, ce qui ne me valait guère plus de sympathies de la part de mes semblables – sourire. Aujourd’hui, j’enseigne à ma fillette qu’une guêpe qui pointe cherche simplement de la nourriture, que depuis sa dimension elle ne peut sans doute pas nous appréhender en tant qu’entité globale. Si la guêpe se pose sur elle, c’est qu’elle aura pris une couleur – vêtement, peau… - pour une chose qu’elle n’est pas. Une fleur ? – sourire (bis) –

Ne pas bouger ; sans oublier la première règle, essentielle et immédiate : garder la bouche close. En quelques secondes, la rayée réalise sa méprise et repart le plus gentiment du monde.

Aussi, non seulement ma gamine ne craint pas ces petites choses qui piquent mais en retour elle les respecte. Non. C’est mieux dans l’autre sens. Je recommence. Comme elle les respecte, elle ne les craint pas.

 

Bien à toi,

tR.

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