Nul ne sait si, comme le père Dupanloup, Jacques Anquetil dans son cercueil bandait encore comme un chevreuil. Mais, connu
pour ses éclats de forme turgescents dans les pelotons, "Maître Jacques" aurait sans doute apprécié la dernière topette en vogue chez les sportifs. Le Viagra. Ahhh, j'entends déjà des râles
lubriques dignes des vestiaires du Stade Français, peuplés on le sait désormais d'éphèbes dénudés aux poses suggestives ! Pourtant, Viagra ne rime pas forcément avec effeuillage et parties de
guiboles lascives dans la luzerne…
Les alpinistes furent les premiers à tirer bénéfice de la petite pilule aux vertus priapiques. Non qu'ils se révèlent mous du piolet
ou que la proximité des nuages les incitent à vouloir monter plus souvent que de raison au septième ciel. Mais simplement parce que, en favorisant une meilleure irrigation des tissus en oxygène
et en faisant baisser la pression artérielle en altitude, le divin cacheton les aidait à passer outre les coups de bambou redoutés des rois des cimes. Jamais en retard d'une innovation
toxicologique, les cyclistes, dont renifler l'air raréfié des sommets fait partie du bagage, n'ont pas tardé non plus à saisir cette nouvelle perche tendue vers eux par la médecine.
Le Viagra a donc
fait son entrée dans la pharmacie des petits Faust du peloton, en témoignent quelques saisies récentes effectuées par les pandores. Certains esprits malicieux souligneront que les
grimpeurs égarés sur ces chemins de perdition faute d'être Charly Gaul l'auront au moins… la gaule ! On aurait tort de sourire. Le recours au vigoureux remède, s'il se généralise, risque en effet
de poser de graves problèmes dans les mois à venir. Surtout pour les équipementiers sportifs. Comment en effet concilier des tenues toujours plus près du corps avec ce nouveau traitement
favorisant les durcissements intempestifs ?
Imaginez le résultat sous une combinaison de natation, de ski ou un cuissard. Pour l'intimité et la discrétion on repassera, autant
essayer de dissimuler un gigot dans le collant d'un danseur d'opéra ! La généralisation du Viagra comme produit dopant devrait donc faire radicalement changer la panoplie de nos champions. Avec
un retour en force des shorts flottants, des pantalons bouffants et tenues de bains à l'ancienne, seuls à même de dissimuler dès lors leurs coupables raideurs…