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Et maintenant, que faire ?

Publié le 05 février 2009 par Objectifliberte

Après la cascade de prévisions apocalyptiques d'hier, il serait bon de revenir sur ce qu'il faudrait faire pour se sortir du pétrin. Plutôt que de réécrire ce que j'ai déjà pu publier depuis quelques mois, donnons la parole à des experts plus reconnus que je ne le suis (en clair, mieux payés pour dire la même chose). Tout d'abord, Arnold Kling, de la très distinguée George Mason University de Washington, dans les colonnes de Forbes:

The economy will recover if and when profits recover.

Vérité première que la vulgate anti-captaliste ordinaire voudrait occulter: pas de profits, pas de business.

Wages and salaries rose by 3%, while corporate profits fell by 9%, from the third quarter of 2007 through the third quarter of 2008, according to Commerce Department data. Fourth-quarter figures, which will be available in late February, are expected to show weakening in both types of income, with wages and salaries showing almost no increase, and profits falling by more than 15% relative to last year's fourth quarter.

Un tel effet ciseau sur les entreprises ne peut se traduire que par des dépôts de bilan et des licenciements massifs.

The economy is in trouble today because of, pardon the pun, false profits. The financial sector reported as much as 40% of all profits in recent years. However, the reported profits on instruments such as mortgage-backed securities and the sale of credit default swaps did not reflect the long-term risks of those instruments. That is, the return on capital in the financial sector was artificially high because the amount of capital used to protect against risk was artificially low. Losses at many financial firms are inevitable. It is the market's way of telling the bloated industry to contract, releasing capital and talent for use elsewhere in the economy.

L'ensemble du système a sous-estimé le risque sous-jacent des actifs financiers détenus. Sujet déjà esquissé dans ob'lib', mais à approfondir.

(...)

The financial sector is too absorbed in de-leveraging itself to play an active role in the economic recovery. The rest of the non-financial sector of the economy is going to have to survive in a less forgiving financial environment. In order to finance expansion, businesses will be even more dependent than usual on profits. In that sense, this is a Minsky moment, as many economists suddenly rediscover the late Hyman Minsky's insight that financial structure is cyclical. As the economy grows stronger, firms are increasingly willing to engage in risky forms of finance and expand using borrowed money. When the economy weakens, firms fall back on organic growth financed by earnings. 

Quand le crédit est rare et cher, il faut avoir accès à des ressources en capital: n'importe quel étudiant ayant vaguement étudié les bilans d'entreprise devrait savoir cela. Mais pas un ministre !

Et pour finir, une critique simple et lapidaire du plan d'Obie One.

Unfortunately, the pending stimulus package is not aimed at boosting profits. It is merely a massive transfer of power from the private sector to the government, disguised as a rescue plan for the economy. The decentralized process of markets with the discipline of the profit and loss system will no longer guide investment in the U.S. Instead, technocrats and central planners will control it.

(...)

Moreover, this spending will create only discrete projects, not ongoing businesses that generate jobs and profits.

Diminuer les prélèvements pesant sur les résultats d'exploitation des entreprises, voilà la voie qui devrait être suivie. (Et j'ajouterai : supprimer des dépenses d'un montant au moins équivalent aux baisses d'impôts)

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Et pour les banques, y a-t-il une alternative à la nationalisation ? Oui, selon Niall Fergusson, associé gérant d'un grand fonds d'investissement, et collaborateur du financial Times, qui reprends les grandes lignes de la proposition de Luigi Zingales déjà évoquée ici: forcer une restructuration de la dette plutôt qu'injecter des fonds publics, ce qui oblige les créanciers à supporter eux aussi une partie des pertes.

Ferguson instead proposes the idea of debt reduction. The banks he says are de facto insolvent, and therefore must be restructured rather than nationalised (nationalisation not being a good term when trying re-install confidence). Accordingly shareholders must face up to the fact they have lost money; too bad for them as they really should have kept a more vigilant eye on their board members. Bond­holders, meanwhile, should also accept either a debt-for-equity swap or a 20 per cent “haircut”, disappointing but not as bad as Lehman bondholders fared.


En convertissant en quantité suffisante de la dette, remboursable et à rémunération contractuelle, en capital, non remboursable et à rémunération ajustable à la baisse en temps de crise, la trésorerie des banques aurait été grandement soulagée, elles auraient pu faire face à leurs échéances sans appel au contribuable et auraient fait disparaître une part importante de leurs risques d'insolvabilité, ce qui aurait nourri la confiance interbancaire, celle qui a gravement fait défaut en septembre.

Au contraire, en proposant de racheter les actifs pourris des banques trop exposées, ou en injectant directement des fonds dans ces institutions, les états ont de facto gelé les opérations de restructuration de la dette et des actifs viciés: pourquoi entrer en conflit avec ses actionnaires et ses créanciers, alors que l'état allonge l'argent pour cicatriser les plaies ?

Une idée de (dé)réglementation pour le secteur financier: désengager constitutionnellement l'état du sauvetage des banques, leur demander de mettre au point leur système commun d'assurance-déposants opposable contractuellement par leurs clients, une procédure collégiale - et contractuelle - de gestion d'un "super article 11" permettant une restructuration-titrisation express  des dettes des banques trop exposées en cas de risque de faillites en cascade, et une gestion par les banques elles mêmes de la reprise ou de la liquidation des banques en déroute, l'état se contentant de faire respecter les clauses contractuelles et les décisions de justice en cas de mise en redressement ou de liquidation.

Lorsqu'une banque aurait des difficultés, le système d'assurance interbancaire serait forcé de gérer en douceur sa liquidation sans pénaliser les déposants. Cela amènerait les banquiers à définir par eux mêmes des lignes de conduites moins risquées pour éviter d'en arriver là, et donc à réduire leur effet de levier. Une telle réforme replacerait dans l'ordre les priorités de l'action capitaliste:

1. Ne fais pas faillite

2. gagne de l'Argent.

Pris dans cet ordre, l'application de cette maxime encourage les stratégies de gain durable. Elles sont en général assez bien appliquées dans la sphère non financière, et dans les sociétés ou quelques gros actionnaires privés de référence ont des parts significatives, ce qui leur donne une puissante incitation à veiller à ce que ce principe soit respecté par la direction qu'ils ont choisie.

Sous le parapluie faussement protecteur des garanties d'état, ces commandements deviennent, au sein d'établissement dont les patrons sont rarement actionnaires (ou marginalement) :

1. gagne de l'argent à court terme, surtout pour toi - Calcule tes bonus en conséquence

2. Si tu fais faillite, prends l'oseille AVANT et tire toi (principe suivi à la lettre par Franklin D. Raines, Angelo Mozilo et les ex dirigeants de Merill Lynch...)

3. Laisse la facture au contribuable bien en évidence sur ton bureau art déco. 

La sagesse économiste affirme que quand l'état subventionne quelque chose, il tend à augmenter le volume d'affaire autour de la chose subventionnée. Et bien lorsqu'il subventionne la faillite, il encourage les faillites. Voilà pourquoi il est urgent que le système financier se dote d'un système de gestion des faillites indépendant de l'argent de l'état...

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