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Économie et société : Croissance et spéculation hier et aujourd’hui

Publié le 25 janvier 2009 par Clal

J’écoutais l’emission Marketplace (infos économiques) sur KQED, la radio publique de San Francisco, l’autre jour en rentrant du bureau lorsque j’ai entendu Charles Handy , entre autres choses fondateur de la London Business School, lire la citation suivante, que je veux vous partager, car je l’ai trouvée fort a propos. Je reproduis la citation en anglais et tente une traduction (j’ai bien cherché dans Google Book Search à localiser le passage pour en trouver la traduction française officielle, mais ce fut en vain – je m’y essaye donc moi-même)

"A profitably speculation is presented as a public good because growth will stimulate demand and everywhere diffuse comfort and improvement. No patriot or man of feeling could therefore oppose it. But the nature of this growth, in opposition, for example, to older ideas such as cultivation, is that it is at once undirected and infinitely self-generating in the endless demand for all the useless things in the world."

“La spéculation profitable est présentée comme un bien public, car elle stimule la demande et diffuse partout confort et progrès. Aucun patriote ni homme de chair ne saurait donc s’y opposer. Mais la nature de cette croissance, à l’opposé, par exemple, d’une idée plus ancienne telle que la “cultivation”, est tout à coup sans but et se régénérant à l’infini dans une quête sans fin de toutes les choses inutiles de ce monde.”

Charles Handy donnait cette citation dans le contexte de la crise actuelle de l'économie actuelle, en relation entre autre avec les bonus toujours croissants dans le monde de la finance. “Une quête sans fin de toutes les choses inutiles de ce monde”… Alors la question à 1000 francs (1000 euros désormais). De qui est cette citation? Suspense, roulement de tambour… d’Adam Smith… il y a 250 ans!

Image crédit Google Book Search
The Theory of Moral Sentiments by Adam smith


Il y a 250 Adam Smith, liberal s’il en est, évoquait déjà les risques d’une croissance spéculative, croître pour croître, où nous errerions dans une quête sans fin de toutes les choses inutiles de ce monde. Personnellement cela m’évoque bien notre société de consommation, souvent société de surconsommation. D’ailleurs cela ne m’a pas chagriné, mais plutôt réjoui que ce Noël plus sobre ait permis de redonner un peu plus de sens aux cadeaux en nombre réduit.

Image crédit Afrikara.com
Surconsommation

Je me permets enfin de traduire les remarques de conclusion de Charles Handy dans ce reportage. J’aimerais tant qu’il ait raison: “Peut-être quelque chose de bon sortira de tout cela [la crise économique]. Peut-être retournerons-nous vers un monde plus serein – ce qu’Adam Smith appelait “cultivation” ou “civilisation” – un monde où nous ne passerions pas tout notre temps à essayer d’avoir plus d’argent, pour acheter des choses dont nous n’avons pas vraiment besoin pour impressionner nos voisins. Un monde où l’on travaillerait, non pas 60 heures par semaine, mais réellement 40 heures, où l’on prendrait des vacances, où l’on prendrait le temps de vraiment connaitre ses enfants. Un monde où il serait plus sensé d’avoir une petite voiture, de marcher, de se déplacer a vélo, et ainsi de suite. Sans doute nous apprécierions cela tout autant que ce rythme effréné observé ces dernières années. J’ai souvent dit que le capitalisme, surtout aux Etats-Unis, est une affaire très fatigante. Cela use les gens.”

Et en version anglaise : “But there may be some good news in all of that. I mean we may get back to a saner kind of world -- what Adam Smith called "cultivation" or "civilization" -- where we don't all sort of spend our life trying to make money, to buy things we don't really need to impress the neighbors, and so on. Where we actually do work -- not 60 hours a week, but 40 hours a week. Where we actually do take holidays. Where we actually get to know our kids again. Where it actually becomes smart to have a tiny car, to walk and bicycle and these sorts of things. And we may find we enjoy it actually just as much as the hectic pace that we've seen in recent years. I've often said that capitalism, particularly in America, is a very exhausting business. It tires people out.”

Image crédit wastedspacez.com
Utopia


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