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Jane Austen et la BBC

Publié le 07 février 2009 par Porky

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Il n’est pas dans mes habitudes de vanter la sortie de tel ou tel DVD tout simplement parce que cela m’ennuie profondément et qu’il existe d’excellentes agences de publicité pour le lancement de tout nouveau produit –qu’il soit audiovisuel ou non. Mais cette fois, c’est différent.

Lecteur inconditionnel et fanatique de Jane Austen, écrivain anglais de la toute première moitié du 19ème siècle, je ne peux pas ne pas évoquer sur ce blog les adaptations de ses romans par la BBC, dernière de mes découvertes en date. (Si ça se trouve, je retarde de plusieurs mois, mais tant pis, mieux vaut avoir la Révélation tard que jamais.)

En fait, le terme « révélation » n’est pas tout à fait juste. La première adaptation de cette série date d’un certain nombre d’années : il s’agit de Pride and Prejudice (Orgueil et Préjugés) avec Jennifer Ehle et Colin Firth dans les rôles principaux. Que dire de ce téléfilm, sinon qu’il est parfait en tous points ? Il restitue à la perfection l’atmosphère si particulière du roman ; l’interprétation est exceptionnelle de finesse, de grâce et d’humour. Les décors (naturels) sont somptueux (cliché, certes, mais pour une fois cliché vrai) et les images font souvent penser à de véritables compositions picturales. Quant aux dialogues, ils sont, mots pour mots, ceux qu’a écrit la romancière. Visiblement, la BBC n’a pas hésité à mettre de gros, très gros moyens dans cette production qui a connu un succès formidable en Angleterre.

Et voilà que le scénariste Andrew Davis récidive son coup de maître en adaptant trois autres romans de Jane Austen : Emma, Northanger Abbey et Mansfield Park. Et vous savez quoi ? La magie est au rendez-vous, comme pour Orgueil et Préjugés. Chaque roman bénéficie d’une adaptation soignée, intelligente (même si le scénariste a dû abandonner un certain nombre d’éléments des romans –durée oblige), d’une distribution brillante et toujours de décors naturels absolument fabuleux. Pas une seule fois, en visionnant ces téléfilms, je n’ai eu l’impression que Jane Austen était trahie ; au contraire. La lecture des romans se trouve prolongée par le plaisir de voir ces personnages si attachants vivre en chair et en os devant nos yeux et évoluer dans un environnement aussi splendide. Je crois qu’on peut tirer un grand coup de chapeau à la BBC pour cet hommage rendu à un des plus grands écrivains anglais.

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Peut-être pourrions-nous prendre exemple sur nos amis d’outre Manche, du moins dans ce domaine ? Certes, les adaptations télévisées d’œuvres littéraires n’ont pas manqué, surtout à l’époque de l’ex ORTF : le site de l’INA, véritable mine d’or, en est la preuve. Mais les moyens mis à disposition des réalisateurs n’étaient pas les mêmes. Rares étaient les tournages en décor naturel ; et les reconstitutions studios, si réussies étaient-elles, ne donnaient qu’un pâle aperçu de l’œuvre originale.

Mais que dire des productions d’aujourd’hui ?... Rien. Peut-on décrire le néant ?... Il fut pourtant un temps où la culture française était un véritable phare qui éclairait l’Europe entière (peut-être d’ailleurs faut-il chercher là, paradoxalement, les raisons de l’indigence moderne) ; privée ou publique, la télévision ne nous offre de nos jours que des téléfilms stéréotypés, prétendument destinés au grand public (pauvre grand public à qui on fait cadeau de la médiocrité) ; de grandes adaptations littéraires, point. Ou si peu. Et tellement ratées quand il y en a qu’il vaut mieux ne pas en parler. La BBC a présenté l’intégralité des œuvres de Shakespeare, il y a quelques décennies de cela, représentations toutes plus admirables les unes que les autres. A quand chez nous sur France 2 ou France 3 une intégrale de Molière, de Racine, de Corneille par une troupe comme celle de la Comédie Française, par exemple ?

Je suis loin d’être un admirateur fanatique de l’Angleterre : mais je reconnais aux anglais au moins une qualité : celle, par l’intermédiaire de leur télévision, de préserver et de faire connaître leur patrimoine littéraire et cela sans lésiner sur les moyens. Peut-être faut-il être anglo-saxon pour comprendre que quand on veut vraiment la qualité, il faut aussi ne pas hésiter à ouvrir son porte-monnaie…

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