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Un Djihad* de l'armée israélienne ?

Publié le 07 février 2009 par Tanjaawi
Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël... écrit Jonathan Cook.
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Les extrémistes religieux sortent du rang


Les rabbins extrémistes et leurs adeptes, voulant à tout prix faire leur guerre sainte contre les Palestiniens, prennent furtivement le pouvoir dans l'armée israélienne, selon des critiques.


Dans le même temps, un historien militaire parle de la « théologisation » rapide de l'armée israélienne, il y a maintenant des unités entières composées de soldats combattants religieux dont beaucoup sont basés dans les colonies de Cisjordanie. Ils répondent à la ligne dure des rabbins qui appellent à la création d'un Grand Israël comprenant les territoires occupés palestiniens.


Leur influence dans la formation des objectifs et des méthodes de l'armée commence à se faire sentir, selon des observateurs, alors que de plus en plus de diplômés des écoles d'officier sortent de la population religieuse extrémiste. « Nous somme arrivés au point où un nombre décisif de soldats religieux essaient de négocier avec l'armée comment et à quelles fins la force armée doit être utilisée sur le champ de bataille » dit Yigal Levy, sociologue politique à l'Université Open, auteur de plusieurs livres sur l'armée israélienne.


Ce climat a été évident dans « la force excessive » employée lors de la récente opération de Gaza, indique le Dr Levy. Plus de 1 300 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, des milliers ont été blessés et des quartiers entiers de Gaza ont été rasés. « Quand des soldats, dont certains laïcs, sont imprégnés d'idées théologiques, cela les rend moins sensibles aux droits humains et à la souffrance de l'autre partie. »


Le rôle accru des groupes religieux extrémistes dans l'armée est apparu clairement la semaine dernière quand on apprit que le rabbinat de l'armée avait remis une brochure aux soldats qui se préparaient pour les 22 jours d'offensive contre Gaza.


Selon Yesh Din, groupe israélien de défense des droits de l'homme, le matériel contenait des messages « à la limite de l'incitation raciste contre le peuple palestinien » et pourrait avoir encouragé les soldats à ignorer le droit international. La brochure cite abondamment Shlomo Avinrer, un rabbin d'extrême droite qui dirige un séminaire religieux dans le quartier musulman de Jérusalem-Est. Pour lui, les Palestiniens sont les Philistins, l'ennemi biblique des Juifs. Il conseille : « Quand vous montrez de la clémence à l'égard d'un ennemi cruel, vous vous rendez cruels à l'égard des soldats purs et sincères... Il s'agit d'une guerre contre des assassins. » Il cite également l'interdiction biblique de « rendre un seul millimètre » du Grand Israël.


La brochure a été approuvée par le grand rabbin de l'armée, le général de brigade Avichai Ronsky, qui serait déterminé à grandir les « valeurs de combat » de l'armée après son échec à écraser le Hezbollah au Liban en 2006.


Le général Ronsky a été nommé il y a trois ans dans une démarche qui devait conduire, selon les médias israéliens, à calmer les éléments religieux de la ligne dure au sein de l'armée et de la communauté des colons. Le général Ronsky, lui-même colon de la communauté d'Itamar en Cisjordanie, près de Naplouse, est proche des groupes d'extrême droite. Selon certains articles, il rend régulièrement visite à des membres emprisonnés des groupes terroristes juifs ; il a offert sa maison à un colon qui a été mis en résidence surveillée pour avoir blessé des Palestiniens ; et il a introduit des officiers supérieurs auprès d'un petit groupe de colons extrémistes qui vivent au milieu des 150 000 Palestiniens d'Hébron. Il a encore radicalement réformé le rabbinat, fondé à l'origine pour proposer des services religieux aux soldats religieux et leur garantir la possibilité d'observer le sabbat et de manger casher dans les cantines de l'armée.


Au cours de l'année passée, le rabbinat a en réalité repris le rôle des corps d'éducation de l'armée par le biais du Département de la conscience juive, qui coordonne ses activités avec Elad, une organisation de colons active à Jérusalem-Est. En octobre, le quotidien Ha'aretz citait sans le nommer un officier supérieur qui accusait le rabbinat de faire subir aux troupes un « lavage de cerveau » religieux et politique. Selon le Dr Levy, le pouvoir du rabbinat de l'armée se renforce en même temps que gonflent les rangs des soldats religieux.


Le groupe Briser le Silence, projet conduit par des soldats qui veulent faire connaître le comportement de l'armée à l'égard des Palestiniens, a déclaré que la brochure remise aux soldats dans la bande de Gaza avait vu le jour chez les colons d'Hébron. « Le document y existait depuis au moins 2003 » dit Mikhael Manekin, 29 ans, l'un des dirigeants du groupe, et lui-même pratiquant religieux. « Mais ce qui est nouveau, c'est que l'armée se soit faite le sous-traitant de la promotion des opinions des colons extrémistes auprès de ses soldats. »


Le pouvoir de la droite religieuse dans l'armée est révélateur de tendances sociales plus larges au sein d'Israël, dit le Dr Levy. Et il souligne que les coopératives rurales, connues sous le nom de kibboutz et qui étaient jadis le lieu de vie des classes moyennes d'Israël et produisaient la majeure partie de ses corps d'officiers, étaient en régression depuis le début des années 1980. « Le vide laissé par leur retrait progressif de l'armée a été comblé par les jeunes religieux et les enfants des colonies. Ceux-ci dominent aujourd'hui dans de nombreuses branches de l'armée. » Selon les chiffres cités dans les médias israéliens, plus d'un tiers de tous les soldats combattants d'Israël sont des religieux, ainsi que plus de 40% des diplômés des écoles d'officier.


L'armée a encouragé cette tendance en créant des yeshivas hesder, séminaires dans lesquels les jeunes peuvent combiner les études bibliques avec le service militaire dans des unités religieuses séparées. Beaucoup des yeshivas sont basées en Cisjordanie où les étudiants sont formés par les rabbins extrémistes des colonies. Ehud Barak, ministre de la Défense, en a très vite étendu le programme l'été dernier, approuvant 4 yeshivas, dont 3 sont basées dans les colonies. 10 autres seraient en attente d'approbation.


Mr Manekin, cependant, a déconseillé d'imputer la responsabilité de la violence contre les civils à Gaza à la seule influence des extrémistes religieux.


« L'armée en Israël reste toujours dirigée par des élites laïques et elles ont toujours été négligentes à l'égard de la sécurité des civils quand elles font la guerre. Le nationalisme juif qui justifie les morts palestiniens est tout aussi dangereux que l'extrémisme religieux. »
* (Pris par l'auteur au sens de "guerre sainte"


Nazareth, le 4 février 2009 - Counterpunch - (Image en-tête SIPA) - traduction : JPP

Une Paix sans JusticeDepuis le début du mouvement sioniste, ses fondateurs et les puissances occidentales proclament que si les Arabes acceptaient la vision sioniste (dont le but était de transformer la Palestine en un état à majorité juive), alors la « paix », la prospérité et la démocratie suivraient peu après. Paradoxalement, c'est tout le contraire qui s'est passé sur le terrain.
7 février 2009 - Abu al-Sous Palestine Remembered / Info-palestine
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Une vue de Beit Dajan (District de Jaffa) peu de temps après la Nakba où l'on voit des Juifs européens qui avaient été persécutés s'approprier un magasin palestinien.

Il est bon de remarquer qu'à ce jour tous les pays arabes qui avaient accepté la version occidentale de « paix » et qui avaient reconnus l'état juif, sont devenus :

-
plus répressifs envers leur peuple
-
ont les meilleurs services de renseignement et de centres de torture que l'Occident puisse offrir
-
leur démocratie est pratiquement inexistante à tous les niveaux et
-
leur économie ne peut pas survivre sans aide étrangère

Etant donné que cette version de « paix » ignore le fait que le peuple palestinien a pratiquement subi un nettoyage ethnique et qu'il a été dépossédé de sa terre native, cette version est extrêmement impopulaire auprès des Arabes. En conséquence, les puissances occidentales ont eu recours à toutes sortes de méthodes pour imposer cette version de la « paix » aux régimes arabes et la conséquence a été une répression et une corruption qui ont atteint des niveaux sans précédent. Les exemples dans le monde arabe sont trop nombreux pour qu'on les énumère surtout en Cisjordanie occupée et en Egypte.

Une telle version de la « paix » nécessite que l'occident et Israël supportent en permanence les régimes arabes corrompus afin de prolonger les traités de « paix » impopulaires avec Israël et sans corruption et répression, ces traités impopulaires ne pourraient pas durer plus d'une journée. Alors que la corruption et la répression augmentent, ces régimes arabes deviennent de plus en plus impopulaires ce qui entraîne encore plus de répression et de corruption.

Ces cercles vicieux de répression et de corruption (qui sont nécessaires pour soutenir cette version de la « paix » sont devenus une sorte de plan pyramidal qui éventuellement va s'effondrer sous son propre poids. Si l'Histoire peut être juge, cette version de la « paix » (qui se base sur l'usurpation des droits nationaux palestiniens) sera la malédiction des régimes arabes et des personnes qui en font leur choix. A cet égard, il est bon de faire remarquer que même David Ben Gurion (le premier Premier Ministre d'Israël) avait reconnu qu'une paix sans justice n'est simplement pas possible.

Il avait déclaré en 1919 :

« Tout le monde se rend compte des problèmes qui existent concernant les relations entre les Juifs et les Arabes. Mais personne ne voit qu'il n'existe pas de solutions. Il n'y a pas de solution !...Le conflit entre les intérêts des Juifs et les intérêts des Arabes en Palestine ne peut être résolu par des faux semblants. Je ne connais aucun Arabe qui serait d'accord avec l'idée que la Palestine sera nôtre - même si nous apprenons l'arabe...et je n'ai pas besoin d'apprendre l'arabe. D'un autre côté, je ne vois pas pourquoi "Mustafa" devrait apprendre l'hébreu... C'est une question nationale. Nous voulons que le pays soit nôtre. Les Arabes veulent que le pays soit leurs » (One Palestine Complete, p. 116).

De même, Ze'ev Jabotinsky (une des dirigeants sionistes les plus influent) avait reconnu que les Arabes ne reconnaitraient la vision sioniste que par la force des armes. Déclaration faite dans son fameux article « iron wall » de 1923 :

« ...La colonisation peut ainsi se développer sous la protection d'une force qui ne dépend pas de la population locale, derrière le mur de fer qu'ils seront incapables de briser... un accord volontaire n'est juste pas possible. Tant que les Arabes garderont une lueur d'espoir qu'ils réussiront à se débarrasser de nous, rien au monde ne pourra les amener à abandonner cet espoir, justement parce qu'ils ne sont pas des "déchets" mais des personnes bien vivantes. Et des êtres vivants ne seront prêts à céder sur des questions si fatidiques que lorsqu'ils abandonneront tout espoir de se débarrasser des colons étrangers. Ce n'est qu'à partir de là que les groupes extrémistes avec leur slogan "Non, jamais" perdront leur influence et seulement à ce moment là que leur influence se transférera à des groupes plus modérés. Et ce n'est qu'à ce moment là que les modérés proposeront des suggestions pour un compromis. Et alors ils commenceront à négocier avec nous autour de questions matérielles telles que une garantie qu'on ne les expulserons pas...et l'égalité des droits civils et des droits nationaux ».

La « Paix » sans justice pour le peuple palestinien équivaut à une sorte de transaction financière entre des individus et non avec un peuple. Le peuple palestinien est un peuple patient et comme tous ceux qui sont avides d'une paix juste ; ils attendront le jour où enfin une paix juste et durable arrivera.

* Abu al-Sous (Salah Mansour) est fondateur et éditeur de http://www.PalestineRemembered.com, le plus important site en ligne de la communauté palestinienne.

27 janvier 2009 - PalestineRemembered - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.palestineremembered.com/...
Traduction de l'anglais : Ana Cléja

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