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Santiago Ramirez : le bien commun (1) : Avertissement

Publié le 09 février 2009 par Hermas
Nous nous proposons, comme nous l'avons annoncé, de traduire ici  l'ouvrage du P. Santiago Ramirez, O.P., intitulé Peuples et gouvernants au service du bien commun (1956).
Cependant, avant de nous y engager, voici quelques règles qui y seront observées, afin de rendre  cette traduction - nous l'espérons - plus profitable à nos lecteurs.

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1.- Dans la mesure du possible, nous nous efforcerons de donner à cette traduction un tour “français”, qui ne sera donc pas un décalque nécessaire du texte espagnol. Traduction peut être trahison, il est vrai. Elle exige cependant un effort d'intégration dans notre langue, que nous tâcherons d'apporter.
Souvent l'auteur renvoie à des textes de saint Thomas, soit à leurs références seules, soit à leur texte latin. Nous apporterons les textes auxquels il est renvoyé et les traductions en français. Les références en question n'étant souvent guère accessibles, nous leur substituerons d'autres qui le sont, soit sur internet, soit dans des ouvrages que l'on trouve aujourd'hui dans le commerce.
L'ouvrage ayant été écrit il y a plus de cinquante ans, nous compléterons les textes magistériels cités, qui s'arrêtent au pontificat de Pie XII, par d'autres plus récents.
Parfois aussi l'auteur recourt à des exemples linguistiques propres à la langue espagnole, auxquels nous substiterons des équivalents de la langue française.  Parfois encore, il propose des illustrations un peu "datées", qui ne rendent pas compte, par la force des choses, de l'évolution qui s'est produite depuis lors, à tort ou à raison, tant dans les institutions que dans les mentalités. Nous serons alors peut-être conduits à les supprimer, du moins dans le texte principal, pour ne les signaler qu'en note. Evidemment, il s'agit là d'un choix que l'on pourra juger arbitraire, mais il nous paraît qu'il est mieux de procéder ainsi, afin que l'accessoire de la pensée ne gêne pas la réception et l'intelligence du principal, qui doit demeurer vivant.
Quitte à surcharger un peu l'ensemble, nous apporterons à l'occasion - mais en note - les précisions ou définitions qui nous paraitrons utiles au lecteur d'aujourd'hui.
2.- Est-ce tout ? A peu près. Avant de nous engager dans cette traduction et cette "Leçon" - au sens où Vitoria, par ce terme, entendait les exposés doctrinaux qu'il livrait à ses auditoires - qui nous introduit dans le monde intellectuel de saint Thomas d'Aquin, le Docteur Angélique, qu'il nous soit permis d'y apporter deux observations que nous croyons utiles.
La première se rapporte à la vision proposée.
A l'inverse des perspectives de la philosophie moderne, celle de saint Thomas est profondément optimiste. Elle repose en effet sur cette idée que l'homme est fait pour le bonheur, auquel il peut travailler dans la cité, et que la cité peut lui apporter. Elle suppose une grande confiance en l'homme, dont il place très haut la barre de la vocation même ici-bas, et en ses capacités [appelées ici des vertus] à construire un monde qui lui serve de cadre d'épanouissement complet, naturel et surnaturel. Elle ne voit pas en lui une bête à enchaîner, comme le voyait Luther, mais, sans illusion pourtant, un être capable du bien, voire du meilleur. Elle suppose encore une grande confiance dans le pouvoir, conçu comme un service et un ministère, diamétralement opposée aux conceptions modernes, écrasantes, pessimistes et totalitaires. En un sens, on pourrait dire de cette philosophie de saint Thomas qu'elle est une utopie, mais une utopie de l'intérieur. Un modèle critique mais possible, qui puise dans le coeur de l'homme non pas seulement ses rêves mais sa sève, en ce qu'il a de meilleur, et en ce qu'il peut réaliser de meilleur pour lui-même et ses semblables.
La seconde se rapporte à son centre de gravité.
Là encore, elle est étrangère aux conceptions actuelles. La philosophie de saint Thomas repose sur la nature humaine. Elle est ainsi réaliste et dynamique. Réaliste, parce que la nature humaine est un invariant stable, objectif, qui peut servir de règle à la réflexion comme à l'action, pour déterminer ce qui est juste et ce qui est bien. Dynamique, parce qu'il entre dans la définition même de la "nature", telle que l'entend saint Thomas, et telle que l'entend aussi l'Eglise avec lui, d'être un principe de devenir, une inclination au mouvement, un appel à une fin qui est ici la perfection de l'homme, comme une graine est un principe qui porte une plante à la perfection qu'elle trouvera dans sa fleur et son achèvement. Rien donc de moins figé, de moins statique que cette pensée, qui se fonde sur un tel principe d'évolution homogène et qui conduit à affirmer qu'un homme n'est digne de ce nom qu'autant qu'il répond aux exigences de sa nature, dans sa construction personnelle comme dans sa construction collective. Il ne faut donc pas se laisser abuser par l'approche de notre auteur, qui va à l'essence des choses. Cette essence, c'est cela : c'est cette nature et ce dynamisme humain, qui, pour rester humain, doit non seulement être libre mais raisonnable, c'est-à-dire fidèle aux exigences morales de sa source.
A ce double point de vue, cette philosophie ne laissera jamais d'être moderne, plus moderne que la pensée moderne elle-même, parce qu'elle constitue toujours, de manière permanente, un modèle d'interpellation, un repère fidèle, inlassable, sur lequel il est sans cesse possible de revenir pour se réorienter, quels que soient les accidents de l'histoire et les désillusions apportées par les idéologies.

(à suivre)

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