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Don, prêt ou garantie

Publié le 09 février 2009 par Malesherbes
Que l’on dépense ou bien que l’on prête de l’argent, il faut le décaisser et donc en avoir. Or, l’Etat français n’en a pas, c’est notre seigneur et maître qui l’a proclamé le 8 janvier 2008 avec sa distinction coutumière : « que voulez-vous que je fasse, que je vide des caisses déjà vides ? ». Les faits ont ensuite confirmé ce vide puisque, lorsqu’il s’est agi de trouver un seul petit milliard pour financer le RSA, la solution retenue a été d’instituer une contribution additionnelle de 1,1% au prélèvement social sur le revenu de placement, alors que le candidat Sarkozy s’était élevé en campagne contre le caractère excessif de tous ces prélèvements.
Comme l’Etat n’a plus d’argent, il ne peut prêter aux industries en péril que de l’argent qu’il aura lui-même emprunté. Le crédit d’un Etat étant supérieur à celui des entreprises, il bénéficie pour un tel emprunt d’un taux plus avantageux que ces entreprises. Puisque nous ne sommes pas gouvernés par des imbéciles, il faut bien reconnaître que ce sont eux qui nous prennent pour des imbéciles lorsqu’ils nous content ce genre d’histoire : l’Etat va gagner de l’argent avec les intérêts réglés par ces entreprises. En fait, le gain net pour l’Etat sera simplement déterminé par la différence entre deux taux, celui auquel il emprunte à des institutions financières et celui auquel il prête à des industriels. De combien est cette différence, Mme Lagarde, et est-elle bien à notre avantage ?
Le taux d’un emprunt n’est pas simplement destiné à rémunérer le service rendu par le prêteur, il sert aussi à payer le risque encouru par ce même prêteur, qui ne peut exclure le cas où l’emprunteur se révèlera ensuite insolvable. C’est précisément pour cette raison que le taux consenti à un Etat est inférieur à celui accordé à un industriel. Or l’expérience a montré, notamment dans le cas des crédits hypothécaires aux Etats-Unis, que l’insolvabilité des emprunteurs n’était pas une hypothèse à rejeter. L’Etat peut donc perdre tout ou partie des crédits ainsi alloués et, sous peine de perdre la confiance de ses prêteurs, il sera obligé de rembourser, accroissant ainsi sa dette déjà insupportable paraît-il.
Mêmes sornettes lorsqu’on nous précise que la garantie accordée aux banques est une source de rentrées. Encore heureux que des banques si bien gérées rétribuent les services qu’on leur consent ! Mais cette garantie n’est pas sans risque. Si un père de famille se porte caution solidaire d’un de ses enfants pour lui permettre de louer un logement, il sait qu’il s’expose à devoir régler les impayés éventuellement laissés par elle ou lui. Comment l’Etat fera-t-il pour rembourser les prêteurs en cas de défaillance d’un des emprunteurs, lorsque les sommes ont des montants aussi conséquents ?
Assez de mensonges et de poudre aux yeux, que l’on nous traite en citoyens, pas en gogos !

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