Couleurs rosées pour rappeler le champagne qui coule à flot dans ce genre de soirée. Le flyer controversé de la soirée du Studio One.
« Je trouve cela choquant et très irrévérencieux, tant pour les hommes que pour les femmes, tout deux rabaissés à des rôles peu valorisants », remarque Julie, de l’association féministe Mix-cités. De toute façon, ce problème est récurrent ».
Le Studio One, discothèque pour les 25-45 ans basée au Ramier, proposait vendredi soir une soirée sur le thème de… « Putes et macs ».
Le flyer de présentation, inondé de rose, met en avant une femme en tenue aguicheuse et un homme dont la posture ne laisse aucun doute sur ses fonctions. Cerise sur le gâteau, une liasse de billets tapisse l’ensemble, montant encore d’un cran, dans le mauvais goût, selon celles et ceux que cet objet publicitaire a choqué.
mauvais goût ou simple dérision ?
Confronté aux critiques de plusieurs associations féministes, Phils, responsable de cette animation et professionnel de la nuit, se défend : « C’est une soirée bon enfant, basée sur l’humour et la dérision. Un clin d’œil à la morosité ambiante. Aucun message anti femme ou contre les prostitués ne se dessine derrière ».
Le Studio One, habitué des soirées un brin provocantes, est prêt à s’excuser si ce thème a pu blesser certains. « Il faut prendre cela au second degré, note Jean-Jacques Lasserre, responsable du complexe du Ramier et du Studio One. Les associations féministes devraient plutôt se concentrer sur le problème de la prostitution en bord de canal ».
« Le problème de ce genre de soirée, c’est la banalisation de la prostitution, triste drame humain souvent subi, par des bobos qui viennent s’encanailler le temps d’un soir, reprend Virginie, de Mix-Cités. Sous couvert de la fête, tout devient permis ».
Marie-Laure, de l’association Act Up considère qu’en 2009 ce type de soirée est devenu ridicule : « Ce qui m’interpelle le plus, c’est la caution du retour du machisme. Je constate aussi la dégradation du rôle de la femme, reléguée à un simple jeu sexuel sur fond d’argent. Des critères inacceptables véhiculés tout normalement dans la société ».
Un thème décidément adoré des discothèques
Décidément, le thème, « Putes et mac » inspire les responsables des clubbers. En effet, en 2005, le même thème de soirée avait été lancé par plusieurs lieux de nuit de Toulouse et fait réagir plusieurs associations féministes de la ville. « On avait déjà dénoncé le côté irrespectueux envers les femmes par le biais de ces soirées, précise Julie, de Mix Cités. Mais apparemment, c’est récurrent dans le monde de la nuit. Bien sûr, on nous dira que la télévision, la publicité exploitent aussi bien souvent la femme, mais personne n’est obligé de copier la bêtise ». « On peut rire de tout mais pas avec tout le monde », disait Pierre Desproges. Une phrase décidément intemporelle.
La dépêche