Lors de notre dernier sondage 89,2% d'entre vous vous êtes montrés défavorables aux
attaques lancées par le gouvernement contre les juges d'instruction.
Au moment où le Conseil Supérieur de la Magistrature étudie la situation du juge Burgaud, impliqué dans le scandale
d'Outreau, vous vous élevez (à juste titre selon moi) contre l'intrumentalisation de cette affaire. En effet, il ne faut pas être expert en matière judiciaire pour constater que, lors de son
instruction, c'est toute la chaîne hiérarchique du Parquet qui s'est montrée fautive, pas seulement un juge débutant dépassé par l'ampleur du scandale.
J'imagine que vous êtes comme moi et que vous pensez qu'il est nécessaire de revoir les modalités d'instruction des
affaires pénales car trop de responsabilités contradictoires pèsent sur les épaules d'un homme ou d'une femme seul(e). Mais, si l'on remplace un juge par trois, tous aux ordres du parquet et donc
du gouvernement, les libertés publiques n'auront pas avancé. Elles auront même régressé.
À mon sens, c'est la conception même de l'instruction qu'il faut reconsidérer en distinguant une fonction accusatoire,
portée par le Parquet et une fonction de défense, assurée par l'avocat du prévenu, le tout devant un magistrat du siège, protégé par son statut des pressions gouvernementales.
Mais il n'est pas certain que Sarkozy, moins sensible à la protection des libertés qu'à une justice expéditive qui fasse
du chiffre, soit le meilleur avocat d'une réforme de cette ampleur.
Pierre Regnault