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Contes de l'ordi sacré : Marsupilania la Vaillante 2

Publié le 11 février 2009 par Porky

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Episode 2 : La sorcière du château d’Onyx Noir

Au moment où la jeune dame allait claquer la porte de son chez-soi, un rugissement venant de l’ordinateur la fit retourner en courant dans ce qui lui servait de bureau. La voix venue du Ciel vociférait des « attends ! Attends, Attends ! » à n’en plus finir. Notre héroïne se planta devant l’écran vide. « Quoi encore ? dit-elle. Il faudrait savoir ce que vous voulez ! Je me dépêche et vous me rappelez ! » « Toi aussi, tu t’en vas comme si tu avais le diable à tes trousses ! dit la voix. Ca urge, mais pas à ce point-là ! Ecoute-moi deux minutes, j’ai oublié de te dire le plus important : d’abord, tu vas changer de nom. Ton patronyme actuel ne saurait convenir à une héroïne de conte de fée. Tu t’appelleras désormais Marsupilania la Vaillante. » « Je vois, dit la jeune dame en pâlissant. C’est pour me punir d’avoir hésité, c’est ça, hein ? » « Mais c’est un très beau nom, répliqua la voix, offensée. Et autre information : tu es désormais pourvue des pouvoirs des sœurs Halliwell, tu sais bien, les trois connasses d’un certain feuilleton américain… » « Je sais, dit Marsupilania (autant l’appeler tout de suite comme ça), je regardais autrefois cette série idiote que j’ai quand même achetée en DVD parce que j’aime les conneries et que j’adore flanquer mon fric par la fenêtre. Donc, j’ai des prémonitions, je fige et j’envoie valdinguer tout le monde ? » « A peu près, fit la voix, redevenue prudente. Mais je te déconseille de t’en servir pour l’instant, vu qu’ils viennent de t’être attribués. Alors évite les gestes inutiles. Dernière chose : tu trouveras sur Uno l’arme qui te permettra de vaincre l’horrible sorcière. Quant à la Belle Monogramme, tu la reconnaîtras facilement : elle sera vêtue d’une robe de Princesse de conte de fée, aura un chapeau tyrolien sur la tête et tiendra un jambon à la main. Cette fois, c’est tout. Bon voyage. » Et la voix se tut enfin.

Pendant ce temps, dans son château d’Onyx Noir perché en haut d’une montagne plus haute que l’Everest et battue par les vents de neige et de glace, l’infâme Gudule, sorcière de son état, attendait l’arrivée de son Servile Séide. Elle marchait de long en large dans son laboratoire maudit en proférant entre ses dents d’abominables menaces ; comme elle ne regardait pas où elle mettait les pieds et que le carrelage du laboratoire maudit était en très mauvais état, elle trébucha soudainement et s’étala de tout son long. « Arggghhh, grogna-t-elle en se relevant. L’ennemi cherche à me déstabiliser, mais il n’y arrivera pas. Voyons ce que dit la boule de cristal. »

La boule était en général assez bavarde et s’étendait souvent sur des sujets peu intéressants. Aussi l’infâme Gudule était-elle obligée de la frapper et de la menacer du papier de verre si elle continuait de dégoiser des stupidités. Mais ce jour-là, la boule, rendue prudente par de précédentes expériences assez peu agréables, se montra d’une efficacité exemplaire. Apparut tout à coup sur l’écran Marsupilania La Vaillante qui chevauchait Uno, lancé à toute vitesse sur l’autoroute. La boule focalisa son regard sur un objet qui pendait à la ceinture de notre héroïne : un appareil photo numérique. « Ahhhhhh ! fit Gudule, épouvantée. Elle a ce qui peut me détruire ! Un coup de flash dans l’œil et je me dissous comme une vieille bouse verdâtre ! » La colère remplaça cependant très vite la terreur. « Boule ignoble et putride, hurla la sorcière je vais te fracasser en mille morceaux pour m’avoir fait découvrir un avenir aussi sombre ! » Et elle joignit le geste à la parole. Mais heureusement pour la boule, Gudule, un peu désorientée, l’avait jetée sur un tas de chiffons qui traînaient dans un coin et elle en fut quitte pour une peur bleue. « Faites donc votre boulot, pensa la boule, outrée, et voilà comment on vous récompense ! » « Je dois arrêter cette idiote avant qu’elle ne parvienne à l’île enchantée, grommela Gudule. Que fait donc mon Servile Séide ? Pourquoi n’arrive-t-il ? Ce n’est pourtant pas bien compliqué de gravir cette montagne plus haute que l’Everest. »

Un coup sec retentit sur la porte en fer en résonna longuement dans le laboratoire maudit. Gudule se dirigea vers l’huis clos. « Est-ce toi, mon Servile Séide ? » demanda Gudule et un « oui » essoufflé lui répondit. Elle déverrouilla les diverses serrures et targettes qui interdisaient l’accès de son antre et ouvrit la porte. Le Servile Séide entra. Dans un premier temps, pour bien marquer son mécontentement, Gudule lui flanqua une gifle. Puis, pour le punir de son retard, elle lui flanqua une claque. Puis, afin de s’assurer de sa parfaite coopération, elle lui flanqua une tarte. Légèrement sonné, le Servile Séide ne s’en montra pas moins extrêmement galant. « Oh ma douce Gudule, susurra-t-il, tu es encore plus laide que dans mon souvenir. Ton œil unique et noir, si noir, est si atroce que je m’en pâme d’émotion et d’admiration. » « Ca va, Servile Séide, dit la sorcière, pas mécontente malgré tout de ces compliments. N’en fais pas trop, sinon je vais croire que tu me cires les chaussures. »

Peut-être est-il temps, pour le conteur, de décrire un peu (mais très peu) Gudule la Sorcière. Disons-le tout net : elle était affreuse, horrible, immonde. Et en plus, elle s’habillait très mal et ressemblait à un sac à pommes de terre. Sa coiffure rendait un parfait hommage à sa laideur : elle avait l’habitude de tordre ses longs cheveux gras en d’immondes couettes qui voltigeaient autour de sa non gracieuse figure. Quant à son œil unique, il était le résultat d’une manipulation maladroite dans le laboratoire maudit. Ayant voulu trafiquer le virus de la petite vérole afin de le jeter sur quelques uns de ses ennemis, Gudule l’avait trituré avec si peu de soin qu’elle se l’était inoculé, en avait réchappé de justesse, mais une moitié de son visage avait disparu sous un amas de pustules épouvantables. Bref, elle était encore pire qu’une vieille peau liftée et siliconée, mais cette insoutenable laideur plaisait au Servile Séide, par tellement gâté lui non plus par la nature.

« Tu vas enfin servir à quelque chose », dit Gudule en faisant signe à son compagnon de la rejoindre près de la table où elle avait étalé ses tarots. Les cartes diffusaient autour d’elles une lumière rougeâtre assez peu attrayante. « Regarde, continua-t-elle. Les cartes me prédisent que dans très peu de temps, deux ennemies implacables vont se ruer sur l’île enchantée sur laquelle j’ai enfermé le Prince Logarithme pour le punir de m’avoir offensée. Il faut les arrêter avant qu’elles ne mettent au point un plan pour délivrer le Charmant Logarithme. Marsupilania la Vaillante –que la peste bubonique l’emporte !- a les pouvoirs des sœurs Halliwell et elle détient la seule arme capable de me détruire. Tu vas enfourcher ta Monture Crevassée et tu vas enlever cette poufiasse. Ne touche pas à Monogramme, je m’en chargerai moi-même. Et prends garde à l’appareil photo numérique : son flash est mortel. » « Pas pour moi, ma douce, rectifia le Servile Séide. Je suis immunisé. » Gudule lui jeta un mauvais regard. « Je sais, couina-t-elle. Mais tâche de le lui piquer et jette-le dans la rivière. Tiens, voilà pour te donner du courage ! » Et elle lui flanqua une baffe.

(Le sinistre complot monté par la sorcière réussira-t-il ? Le Servile Séide sera-t-il à la hauteur de sa tâche ? Et Marsupilania saura-t-elle résister aux assauts du Mal ? Vous le saurez très pochainement…)


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