Jamais redescendu. Et encore envie de grimper, grimper, grimper... Là haut, l'euphorie des sommets ne te quitte jamais. Tu crois que c'est le manque d'oxygène. Mais non, c'est son abondance, sa profusion. Air pur, non coupé, grisant. Les poumons se gonflent à plein, le coeur bat de mille pulsations puissantes, pompe les émotions, les fait rejaillir dans tout ton corps. Là haut, le ciel se rapproche. L'esprit se libère, se prend à voleter, porté par les vents. Ils chantent de douces mélodies qui parfois se prennent dans un courant plus chaud, moite, humide, montant. On grimpe encore d'un ciel, mais on ne retombe jamais après l'ascension. Là haut, on se sent meilleur juste parce qu'on y est. Qu'on nous regarde de là haut, les yeux brillants d'envie. Tout a changé, on devient caillou, poli par les éléments, accroché à sa montagne, se laisse aller, se laisse être. Là-haut, l'inspiration est un souffle permanent. Les mots apparaissent sur les lignes de l'horizon. Sans heurts, sans effort, sans douleur. Légers comme la plume. Ils viennent et vont, comme les corps, sans inhibition, juste le bonheur d'être dits. Les phrases ne s'arrêtent jamais vraiment. Les points sont suspendus. Ils s'étirent, s'allongent, s'alanguissent, en appellent d'autres. Dis, dis, dis, dis moi. De là-haut, on voit tout. L'avenir surtout. On veut rester caillou. Tout contre. Un autre. Là-haut. Encore...