Magazine France

Mensonge éclair

Publié le 12 février 2009 par Malesherbes
Une nouvelle fois, je vais fustiger le manque de rigueur de nos journalistes. Ce 11 février, j’entends sur France-Info que M. Yves Jégo a fait un « crochet-éclair » à Paris. Visiblement ce journaliste ne connait pas la signification du mot crochet. Si notre secrétaire d’Etat avait quitté la Guadeloupe pour se rendre en Martinique, on eut pu à juste titre qualifier ce déplacement de crochet. Mais, en l’occurrence, il a plutôt fait un demi-tour, à vos rangs fixe, vers Paris, suivi ensuite d’un nouvel aller vers la Guadeloupe. Dans le même ordre d’idées, l’auteur de cette expression minorante ignore tout de la durée d’un éclair. S’il se trouve exposé à la lumière d’un éclair de cette durée, gageons qu’il aura bientôt perdu la vue : M. Jégo a quitté Pointe-à-Pitre dimanche soir pour la retrouver mercredi matin. Cet aller-retour à nos frais lui a sans doute permis, outre de subir une admonestation vigoureuse de son premier ministre, de reprendre contact avec les siens.

Ce même jour, le site de Libération, dans sa rubrique Politiques, publie une information sous le titre « Fillon reconnaît la contre-vérité de Sarkozy ». Lors de son spot publicitaire de 95 minutes de l’autre soir, notre Président, fidèle à ses habitudes de mépris pour la presse quand, parfois, elle ne lui lèche pas les bottes, avait vigoureusement tancé David Pujadas qui avait prétendu que le patron de l’audio-visuel public serait désormais nommé par le Président. Celui-ci s’était alors indigné : « Le nom proposé part aux commissions des affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat, où, tenez-vous bien, il doit être accepté à la majorité des trois cinquièmes. C’est-à-dire, et j'y ai tenu, que l’opposition doit être d’accord avec la majorité pour accepter le nom ». En fait, ce qui est stipulé, c’est que ce nom peut-être rejeté à la majorité des trois cinquièmes. La plupart des élèves de primaire sont alors capables d’en déduire qu’il suffit de deux cinquièmes des voix pour adopter un nom. Avec la composition du Parlement actuel, il n’est donc nul besoin des voix de l’opposition. Il nous faut donc conclure que, ou bien notre Président est encore loin du niveau de l’enseignement secondaire, ou bien que c’est un menteur éhonté. Il me semble difficile de retenir la première hypothèse, quoique... Il nous faut en rester à la seconde et alors, assez de litote. Une contre-vérité pouvant être prononcée de bonne foi, ce mot composé est ici inaproprié. Tenons-nous en aux faits : « Fillon reconnaît le mensonge de Sarkozy ».
Ces dérapages dans l’expression peuvent n’être qu’accidentels. Mais, ce qui est troublant, c’est qu’ils se manifestent le plus souvent dans un sens complaisant vis-à-vis du pouvoir. Servilité ou prudence ? Je ne sais.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte