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OGM, Monsanto and co.

Publié le 13 février 2009 par Cafatica

L'afssa vient nous clamer haut et fort que ça y est, super, les OGM sont "sans danger pour la santé"... alors que rien ne le prouve scientifiquement, de même que rien ne prouve non plus le contraire. En gros, personne ne sait rien de façon certaine sur le lien entre OGM et santé, mais tant pis, faut rassurer les gens, la pompe à fric, elle vient de leur porte-monnaie.... Mais admettons que les OGM ne sont pas nocifs pour la santé. S'ils sont sans danger pour nous, on ne peut pas en dire autant concernant l'environnement. La modification des gènes, qu'est-ce, au final ? Des hommes qui jouent aux savants fous pour bidouiller des gènes et modifier le cours de la nature tel qu'il tourne depuis que le monde est monde. Ce que la nature a mis plusieurs milliards d'années à construire, des hommes sont prêts à le contrarier en quelques années. La transgénèse s'apparente aujourd'hui à une espèce de bricolage, où l'on "essaie et on voit ensuite" . On connaît encore relativement peu de choses sur l'ADN, sur le rôle et le fonctionnement des gènes, leurs interactions, et surtout sur les introns, des gènes aux fonctions inconnues et qui représentent environ 80% de l'ADN.
Malgré l'imperfection des connaissances en génie moléculaire, malgré l'impact potentiel des disséminations de ces plantes manipulées, dans aucune autre discipline les applications commerciales ne suivent d'aussi près les découvertes scientifiques, qui deviennent le baromètre de la santé des multinationales.
LES RISQUES DE LA MODIFICATION GENETIQUE


Les OGM présentent des dangers liés à la rupture de la barrière d'espèces.

La fabrication de plants transgéniques n'est pas, contrairement à ce qu'affirment ses défenseurs, la simple poursuite des procédés d'amélioration des plantes cultivées, utilisés et perfectionnés par les paysans depuis que l'agriculture existe.

Jusqu'à l'avènement du génie génétique, l'amélioration des plantes respectait l'ordre de la nature, puisqu'elle était contrainte par la reproduction sexuée des plantes et par la notion d'espèce.
La manipulation génétique n'a rien à voir avec un simple croisement, elle représente un saut radical puisqu'elle permet de s'affranchir de la "barrière d'espèces", qui empêche par exemple un chat de se croiser avec un singe ou un chien. Les OGM sont des produits vivants manufacturés par l'homme. Grâce au génie génétique, nous avons construit des organismes qui n'auraient jamais existé dans la nature et dont le comportement est entièrement imprévisible.

Risque de disparition de la notion d'espèce
Les manipulations génétiques permettent de prendre un ou plusieurs gènes d'une espèce quelconque et de les introduire dans une autre espèce. On peut ainsi, comme dans un Lego, prendre des pièces dans différentes espèces, et les assembler pour créer de nouvelles espèces. A la vitesse à laquelle évoluent ces sciences, qui jouent avec les mécanismes fondamentaux de la vie, il est à craindre que l'on obtienne dans un avenir proche des Frankenstein mi-animaux mi-végétaux. Le risque est donc de voir disparaître la notion même d'espèce. On ne parlera plus de colza ou de maïs, mais d'organisme producteur de telle ou telle molécule.

Perte de spécificité du monde agricole
L'agriculture intensive produit déjà des légumes ayant de moins en moins de goût, car les critères de sélection des espèces sont dictés par des impératifs industriels : arrivée prévisible à maturité, aspect, durée de conservation, résistance aux chocs pour les transports...
Il y a fort à craindre que les manipulations génétiques ne donnent un formidable coup d'accélérateur à ce processus. Dans un avenir proche, les légumes seront peut-être produits (et non plus cultivés) dans des usines, en l'absence de toute terre, ce qui commence déjà à se faire. La différence entre paysan et ouvrier va s'estomper, l'agriculteur devenant un "moléculteur", un ouvrier spécialisé dans la production de substances nutritives ou pharmaceutiques. Outre le fait que les aliments produits auront moins de qualités gustatives, c'est tout le savoir-faire des paysans que l'on risque de perdre, basé sur des décennies d'observations et transmis au fil des générations.

Les problèmes d'éthique
La conception des OGM pose de plus un grave problème d'éthique. Que, selon ses propres convictions ou sa culture, l'on se réfère à la volonté divine, à l'intangibilité des lois naturelles, au sens moral ou au simple bon sens, avons-nous le droit d'interférer avec les mécanismes de la vie ? Consentirions-nous à manger une salade contenant des gènes humains ?
Ce problème est quelque part similaire à celui du clonage. Certains chercheurs, lorsqu'ils ont commencé à entrevoir les mécanismes qui leurs permettraient de cloner les êtres humains, ont préféré pour des problèmes d'éthique stopper leurs recherches et ont demandé un débat public sur la bioéthique. D'autres chercheurs semblaient beaucoup plus préoccupés par les profits qu'ils pouvaient retirer de leurs travaux que par ces considérations philosophiques.

OGM, Monsanto and co.



Les risques écologiques

Une pollution accrue de l'environnement
Dans le soja transgénique de la société américaine Monsanto, un gène introduit rend la plante tolérante à un herbicide dit total (car il tue toutes les plantes, bonnes ou mauvaises), le Roundup, commercialisé par la même société. Dans une culture naturelle, l'utilisation d'herbicides totaux est limitée car la plante cultivée en souffre également. Le soja étant rendu tolérant à l'herbicide Roundup, il est possible d'augmenter considérablement les doses, entraînant alors une pollution accrue des sols et des nappes phréatiques.
Il faut signaler que les agriculteurs utilisant le soja de Monsanto ont l'obligation de n'utiliser que son désherbant, le Roundup. Ainsi, Monsanto vend ses semences transgéniques et augmente fortement ses ventes d'herbicide, ceci traduisant le souci de rentabilité des firmes agrochimiques au détriment de l'environnement et de la santé humaine.


Implantation d'une plante en dehors de son écosystème naturel
Les mécanismes naturels de l'évolution ont amené chaque espèce a évoluer dans un écosystème particulier, c'est-à-dire en interaction avec une flore et une faune déterminées, dans des contextes géologiques et climatiques donnés. Implanter une espèce en dehors de son contexte originel conduit très souvent à des catastrophes écologiques. Ainsi, la Caulerpa taxifolia, dont quelques plants se sont retrouvés par erreur en Méditerranée, est en train de coloniser celle-ci. Elle supplante toutes les autres algues, provoquant la disparition de nombreuses espèces animales et végétales.
Les risques sont similaires avec les OGM et spécialement les plantes transgéniques, car elles n'ont pas de passé évolutif, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas évolué dans un écosystème donné, au milieu de leurs prédateurs naturels. Les plantes transgéniques ont pour but de mieux résister aux prédateurs ou aux parasites naturels, ce qui leur confère un avantage comparatif par rapport aux variétés naturelles locales et risque de conduire à la disparition de ces dernières et donc à un appauvrissement de la biodiversité. Cela est particulièrement grave, car ce sont ces variétés locales qui fournissent les ressources génétiques nécessaires pour améliorer les plantes cultivées, qui deviendraient par exemple victimes de nouvelles maladies. Signalons enfin le danger économique que représenterait la dépendance du monde agricole vis-à-vis d'une multinationale unique pour son approvisionnement en semences de maïs ou de colza.


Extensions aux espèces voisines
On sait aujourd'hui que les plantes cultivées échangent, par croisements spontanés, leurs gènes avec les espèces sauvages apparentées, qui sont souvent de mauvaises herbes. On appelle cela le flux de gènes. En France, des études récentes menées à l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique) ont montré que le gène de résistance à un herbicide implanté dans le colza pouvait se retrouver dans une mauvaise herbe apparentée, la ravenelle. Celle-ci devient alors fertile et insensible aux herbicides, une super mauvaise herbe.
Ce flux de gène génère une "pollution génétique" qui, à l'inverse de la pollution chimique ou radioactive, est totalement irréversible. On ne pourra jamais rapporter au laboratoire un gène qui se serait échappé de la plante génétiquement modifiée.


Acquisition d'une résistance par les insectes
Les maïs transgéniques dont la culture est aujourd'hui autorisée en France contiennent un gène de la bactérie du sol Bacillus thuringiensis qui synthétise dans la plante une toxine, dite Bt, qui lui permet de se défendre contre un insecte : la pyrale du maïs. Contrairement à un insecticide classique, que l'on utilise à des moments précis, la plante transgénique produit la toxine en continu. L'insecte, étant au contact de cet insecticide d'une façon quasi permanente, va très vraisemblablement y devenir progressivement résistant. La toxine Bt sera alors inefficace à moyen terme et l'on devra de nouveau recourir aux insecticides toxiques que ces maïs devaient nous permettre d'éviter, augmentant ainsi la pollution des sols et des eaux, ou à de nouveaux maïs transgéniques. A moyen terme, ce processus recommencera et cette escalade aura pour seul résultat une pollution accrue de l'environnement.
Parallèlement, le maïs transgénique conduira à la perte de l'agriculture biologique car la toxine Bt d'origine bactérienne est un des seuls insecticides autorisés dans les cahiers des charges de l'agriculture biologique.

MONSANTO


OGM, Monsanto and co.
Monsanto est le géant industriel du maïs OGM, mais aussi, on en parle moins, du RoundUp, de l'hormone de croissance laitière, et de l'agent Orange (utilisé dans la guerre du Vietnam). Petite présentation de cette firme qui veut d'avantage des billets verts que notre bien et encore moins le respect de l'environnement.
Monsanto et les OGM

Une règlementation politique taillée sur mesure
Dès 1986, Monsanto s’assure du soutien de l’administration républicaine de Reagan, un soutien qui se poursuivra sous l’administration de Georges Bush après 1989. A cette époque, les biotechnologies sont considérées comme la nouvelle révolution industrielle, capable de sortir l’économie américaine de la crise. Partout ,les « Start Up » de la biotechnologie fleurissent et il n’est pas question pour les dirigeants politiques de ralentir l’économie par une législation contraignante. Le 29 mai 1992, la Food and Drug Administration publie dans le Federal Register sa réglementation concernant les « aliments dérivés des nouvelles variétés de plantes » . Les produits alimentaires issus de la biotechnologie seront réglementés au même titre que les aliments issus de la sélection naturelle des espèces :« Les aliments dérivés de variétés végétales développées par les nouvelles méthodes de modification génétique sont réglementés dans le même cadre et selon la même approche que ceux issus du croisement traditionnel des plantes. » 
Cette assimilation des OGM avec les produits issus de l’agriculture traditionnelle était l’une des revendications principales de Monsanto. Cela aura de nombreuses répercussions sur le système de distribution commerciale, notamment l’absence et l’interdiction d’étiquetage spécifique pour les produits alimentaires contenant des OGM.De fait cela ote la liberté de choix des consommateurs qui n’ont d’autre alternative que de se tourner vers les produits labelisés ’"agriculture biologique" pour garantir une alimentation sans OGM.

Monsanto et l'hormone de croissance bovine (hormone laitière)
L’hormone de croissance bovine, ou somatotropine, est une hormone naturelle que sécrète l’hypophyse des vaches après la naissance d’un veau et qui permet de stimuler la production de lait en mobilisant les réserves corporelles de la vache. A la fin des années 1970, des chercheurs de Monsanto réussirent à isoler le gène responsable de la production de l’hormone. Par manipulation génétique, ils réussirent à introduire le gène dans une bactérie, l’ Escherichia coli (ou « colibacille », bactérie commune qui peuple la flore intestinale des mammifères, y compris de l’homme), permettant ainsi sa fabrication à grande échelle. Cette hormone transgénique a été baptisée par Monsanto "Recombinant Bovine Somatotropin" (rBST), ou "recombinant Bovine Growth Hormone" (rBGH). Dès le début des années 1980, la firme commence à organiser des essais dans des fermes expérimentales lui appartenant. L’injection de l’hormone deux fois par mois permet d’augmenter les rendements de production laitière d’au moins 15%, soit une augmentation moyenne d’un gallon, ou 3,80 litres, par jour.
Les conséquences :
La production forcée de lait au delà des capacités naturelles de la vache entraîne des effets physiologiques mettant en danger la vie de l’animal. Il faut comprendre que l’injection de l’hormone perturbe le cycle naturelle de la vache, qui produit de la somatotropine après une période de vêlage afin d’augmenter sa production de lait et nourrir son petit. Au fur et a mesure que le veau grandi, le production de l’hormone diminue mais aussi la production de lait. Dans une exploitation laitière traditionnelle, il faut donc inséminer la vache de nouveau pour relancer le cycle de production du lait. Mais l’injection de Posilac permet de maintenir artificiellement la fabrication de lait au delà du cycle naturel de la vache. Une des conséquences de la rupture du cycle est une diminution du taux de fécondité de l’animal allant parfois jusqu’à la stérilité. 
 Une autre conséquence de l’injection de Posilac est l’augmentation significative des mammites, c’est-à-dire une inflammation des pis assez courantes dans les troupeaux à haut rendement, inflammation a pour conséquence la présence de pus dans le lait. D’après une étude réalisée par l’Université du Vermont sur un groupe test, le taux de mammites atteignait les 40% dans le groupe des vaches traitées avec le rBGH alors qu’il n’était que de 10% parmi le groupe témoin, qui ne recevait pas le traitement. Or la gravité des mammites se mesure par ce qu’on appelle la « numération cellulaire » (en anglais « somatic cells count » ou « SCC »). Pour évaluer l’état inflammatoire des pis, on dénombre les leucocytes ou globules blancs contenus dans le sang des vaches : si la numération cellulaire est élevée, cela signifie que l’on trouvera des traces de pus dans le lait.
Par ailleurs, ces problèmes de mammites ont une autre répercussion sur la qualité du lait car pour traiter ces inflammations, les agriculteurs ont recours à des injections d’antibiotiques dont des résidus se retrouvent dans le lait. Ces mêmes antibiotiques se retrouvent ensuite dans l’organisme du consommateur et participent au développement de souches pathogènes résistantes aux antibiotiques.

La liste d'effets secondaires est longue, comme l’indique Monsanto sur les emballages du Posilac , citons par exemple la possibilité d’observer « une augmentation des cas de cystite des ovaires et des troubles utérins », « une diminution du temps de gestation et du poids de veaux », « des montées de fièvres sans liaison à une maladie », « une augmentation des troubles digestifs comme des indigestions ou la diarrhée », ou encore « des lésions sur les pis » qui se constituent au niveau des points d’injection et entraînent parfois une nécrose des tissus… Enfin, l’un des plus terribles effets secondaires intervient en cas d’arrêt du traitement, car le Posilac agit comme une drogue, et en cas d’interruption la vache peut présenter des symptômes de manque pouvant entraîner sa mort, ce qui valu au Posilac la surnom de « crack des vaches »…
La rBST a été bannie au Canada en 1998 après que des scientifiques eurent publiquement fait part des inquiétudes que soulevait l’hormone concernant la santé publique et la sécurité alimentaire. Parmi les préoccupations sanitaires soulevées, mentionnons : l’apparition de phénomènes de toxicité chez les vaches comme la mastite, une contamination accrue du lait par le pus et les antibiotiques, et des concentrations plus élevées d’un agent cancérigène, l’IGF-1.

OGM, Monsanto and co.
Au nom du seul rendement frénétique et absurde, voilà ce à quoi l'humain est capable : forcer la nature jusqu'à un point où les vaches ne peuvent même plus marcher, handicapées par un pis XXL. De nombreux vétérinaires dénoncent en outre ces pratiques comme de véritables tortures, du fait des souffrances que cela implique chez la vache.

Monsanto et les PCB

Petit rappel : Les PCB, ou polychlorobiphényles, s’obtiennent à partir du benzène auquel on ajoute du chlore. Le Benzène est un hydrocarbure, issu du raffinage du pétrole, largement utilisé dans la synthèse chimique de médicaments, de plastiques ou de colorants. Après ajout de chlore, le benzène devient un nouveau composant chimique appelé le PCB, qui sert de liquide réfrigérant dans les transformateurs électriques et les appareils hydrauliques industriels, mais ils sont aussi utilisés comme lubrifiants dans des applications aussi variées que les plastiques, les peintures, l’encre ou le papier. Ce sont ces mêmes PCB qui posent un problème majeur de pollution des cours d'eau en France, comme partout dans le monde.

OGM, Monsanto and co.
Les PCB appartiennent à une catégorie de douze polluants chimiques très dangereux appelés les « polluants organiques persistants », car ils résistent aux dégradations biologiques naturelles et s’accumulent dans les tissus vivants, tout au long de la chaîne alimentaire. Les résidus de PCB sont notamment stockés dans les organes et tissus graisseux des animaux et des mammifères ce qui fait que leur présence est avérée dans le corps humain. Ils sont « bioaccumulateurs ».

C’est par le rachat en 1935 de la Swann Chemical Company, à Anniston aux Etats-Unis que Monsanto Chemical Company se lance dans la production et la vente de PCB. Dans les années 40, Monsanto devient l’un des premiers fabricants mondiaux dans le domaine du caoutchouc, puis du plastique et des fibres synthétiques, comme le polystyrène. Les PCB sont des éléments chimiques entrant dans le processus de fabrication et de synthèse des plastiques et autres fibres synthétiques, ce qui conduit Monsanto à devenir un des leaders mondiaux de la production de PCB. La compagnie garantit son quasi-monopole sur les PCB par un brevet qui lui permet de vendre des licences de production à travers le monde, mais elle étend aussi son empire en ouvrant des usines de production en Europe, notamment en Grande Bretagne. Les PCB de Monsanto ont été commercialisés sous divers noms comme « Aroclor » au Royaume Uni, « Pyralène » en France, « Clophen » en Allemagne ou encore « Kanechlor » au Japon.

Une histoire illustre l’attitude de Monsanto face au respect de l’environnement et des populations souffrant de la dégradation de leur milieu naturel. Il s’agit de la tragédie d’Anniston (Alabama), la ville où fut produit le PCB de Monsanto pendant un demi-siècle entraînant une pollution sans précédent et la quasi-désertion de la ville. D’après les chiffres fournis par l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement, 308.000 tonnes de PCB ont été produites sur le site d’Anniston. Sur ce total, 27 tonnes ont été émises dans l’atmosphère, notamment lors du transfert du PCB brûlant dans des réservoirs divers, 810 tonnes ont été déversées dans des canalisations d’évacuation des eaux terminant dans le canal de Snow Creek et 32000 tonnes de déchets contaminés ont été déposés dans une décharge à ciel ouvert, située sur le site de production alors même que l’usine est proche de quartiers résidentiels. La population n’a jamais fait l’objet d’attention ou été avertie des risques qu’elle encourait en vivant à proximité de l’usine chimique de Monsanto, comme le prouve une lettre de M.Papageorge de 1975.

Ce n’est qu’après 1995 qu’un comportement suspect de la firme attire l’attention d’un avocat local, Donald Stewart, car la firme tentait de racheter l’église et les maisons proches de son usine en échange de la promesse de ne jamais la poursuivre en justice. L’avocat local demande l’assistance du cabinet New Yorkais Kasowitz et Benson, célèbre pour son action contre l’industrie du tabac. Une plainte est ouverte sous le nom de « Abernathy vs Monsanto ». Le juge en charge de l’affaire ordonne alors à Monsanto d’ouvrir ses archives internes que l’on peut retrouver sur le site de Environmental Working Group. Les divers rapports internes mis à jour sont accablants pour Monsanto et prouvent sa parfaite connaissance des dangers du PCB.
On peut découvrir par exemple les résultats d’analyses scientifiques sur les eaux du canal de Snow Creek, qui traverse Anniston, où étaient déversés les déchets de fabrication des PCB.

L’expérience consistait à plonger 25 poissons dans les eaux du canal, les résultats sont sans appel : « tous ont perdu l’équilibre et sont morts en trois minutes et demi en crachant du sang », le scientifique conclura « Snow Creek est une source potentielle de problèmes légaux futurs... ».
En 1969, alors que les suspicions continuent d’enfler à l’encontre des PCB et de Monsanto, une note du comité de direction éclaire sur la position du groupe à cet instant critique, on peut ainsi y lire « face à cette situation d’urgence qui met en danger une ligne de produits très rentable, il faut dégager des moyens financiers et humains pour se protéger... » (Voir dernière page du rapport confidentiel). Monsanto préfère ainsi se préparer à l’éventualité d’un procès futur plutôt que de retirer ses PCB toxiques.

Une instruction sera ouverte dans le cadre du proces "Abernathy v. Monsanto". Ce procès sera long mais très instructif sur les méthodes de la firme comme le prouve les nombreuses pièces à conviction accablantes pour Monsanto et sa filliale PCB Solutia. « Malgré l’épaisseur du dossier scientifique, les documents internes et les témoignages, les industriels de Saint-Louis ont continué de nier la responsabilité de la firme dans le désastre écologique et sanitaire d’Anniston », commente le professeur Carpenter, cité comme expert scientifique lors du procès. Les dirigeants de Monsanto comparaitront à la barre dont Papageorge le "tsar des PCB" dont voivi une extrait de sa déclaration:
« Est-ce que Monsanto a informé les habitants d’Anniston que, chaque jour, l’usine relâchait 27 livres de déchets provenant de la fabrication d’Aroclor ?, interroge le juge.
– Il n’y avait aucune raison de le faire, ces quantités étaient insignifiantes, répond William Papageorge.
– La réponse est donc non ?
– Exact.
– Est-ce que quelqu’un a informé les habitants que Monsanto testait Snow Creek et Choccolocco Creek pour déterminer les effets des PCB sur l’eau des canalisations provenant de l’usine ?
– C’est comme si vous demandiez à un garagiste d’informer ses voisins que sa station-service émet de l’huile de moteur sur le trottoir, ce serait complètement non productif…
– La réponse est non ?
– Ouais…
– Est-ce que Monsanto a fourni des informations aux habitants d’Anniston concernant les risques que posent les PCB pour la santé humaine ?
– Pourquoi aurions-nous dû le faire ? »

Le verdict du cas « Abernathy v. Monsanto » tombera le 23 février 2002, le jury déclare Monsanto et Solutia coupables d’avoir pollué « le territoire d’Anniston et le sang de sa population avec les PCB » .Les dommages et intérêts sont fixés à 700 millions de $. La somme sera partagée parmis les 3516 plaignants, dont 15% présentaient des taux supérieur à 20ppm dans le sang alors que le taux acceptable est de 2ppm, un des plaignants David Baker avait un taux de 341ppm...

D’après des estimations concordantes, 1,5 millions de tonnes de PCB ont été produite dans le monde de 1929 à 1989, dont une partie importante aurait fini dans l’environnement. Les PCB sont partout et constituent un cauchemar pour les citoyens mais aussi pour Monsanto, puisque sa filiale Solutia a été déclarée en faillite en 2003, à cause notamment des litiges et dédommagements à verser. En janvier 2003, le département environnement d’Oslo infligeait une amende de 7 millions d’euros à Bayer, Kaneka et Solutia pour avoir contaminé le fjord où est installé le port avec des PCB, utilisés dans la peinture des bateaux. En janvier 2006, 590 salariés de General Electric de New York portaient plainte contre Monsanto pour contamination aux PCB. En 2007 la France découvrait que le Rhône était hautement pollué au PCB, à qui incombera la faute cette fois ?


Monsanto et l'arme chimique Orange : trop long pour en parler en quelques mots (notamment le procès Kemner vs Monsanto....), je préfère y consacrer un article ultérieur....


A lire et à voir : "Le monde selon Monsanto". 

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