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Le Québec s'adapte à la main d'oeuvre immigrée

Publié le 06 août 2008 par Boothroyd

Lu sur lefigaro.fr par Ludovic Hirtzmann

Les entreprises de la Belle Province accueillent chaque année quelque 45 000 immigrants pour pallier le manque de main-d'œuvre et prennent en compte leur religion.

Au Québec, les gendarmes sikhs accommodent leur turban à leur uniforme. Et, de manière géné­rale, les employés issus de mino­rités ethniques bénéficient de larges facilités pour travailler dans le respect de leur religion.

«Les demandes de congés religieux sont de plus en plus fréquentes, provenant d'abord de protestants, de membres pratiquants de la communauté juive, puis d'autres confessions telles que l'islam et l'hindouisme», constataient en mai dernier les sociologues Gérard Bouchard et Charles Taylor dans un rapport sur les «Pratiques d'accommodements reliées aux différences culturelles».

En 2007, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a nommé les deux rapporteurs d'une commission chargée d'évaluer l'étendue des compromis que la société québécoise fait envers ses immigrants. Depuis quelques années, la Belle Province a augmenté ses quotas d'immigration pour pallier un important déficit de main-d'œuvre. Le Québec accueille bon an mal an 45 000 immigrants.

Dans le très multiculturel Canada, la société doit s'adapter à l'étranger et non l'inverse. Le guide Apprendre le Québec, distribué aux nouveaux arrivants par le gouvernement, précise que «le Québec est une société où l'accommodement, le compromis et la recherche de consensus sont privilégiés. L'ouverture à la diversité, la tolérance et le respect sont aussi des valeurs très importantes».

Si ces accommodements sont souvent battus en brèche dans la vie quotidienne, ils sont en revanche bien acceptés dans les entreprises. Les musulmans disposent souvent d'un local de prière. Les employés juifs pratiquants demandent, eux, des aménagements horaires pour respecter le shabbat. «L'entreprise fera de son mieux pour accorder un jour à un employé qui a besoin d'un congé religieux. Lorsqu'il obtient l'approbation de son supérieur, l'employé peut prendre cette journée comme un jour de vacances ou comme un congé sans solde», confie au Figaro Frank Aton, vice-président des ressources humaines de la société pharmaceutique montréalaise Merck Frosst.

Une charte à respecter

Le porte-parole de cette entreprise de 1 400 personnes, Vincent Lamoureux, assure ne pas tenir une comptabilité de ces demandes spécifiques, et il souligne que les requêtes «ne doivent pas gêner la conduite des affaires et le climat de travail». Mais les employeurs québécois n'ont guère le choix. La liberté de religion est inscrite dans la charte des droits et libertés et un jugement favorable de la Cour suprême de 1994 encourage les demandes d'accommodements.

La commission scolaire anglophone de Montréal accorde par exemple de deux à quatre jours de congés payés religieux par an. «Toutes les religions sont représentées dans notre entreprise. Un petit espace, qui ne sert pas qu'à cela, est réservé aux prières», confie ce cadre d'une entreprise du textile qui demande l'anonymat.

Toutes les requêtes ne sont pas acceptées. En 2002, une caissière de Sobeys, une chaîne d'alimentation canadienne, a demandé à ne pas travailler le dimanche pour se rendre à l'église. Le juge a refusé, l'entreprise ayant prouvé que la caissière allait rarement à la messe. Mi-juillet, un immigrant sikh, employé d'une compagnie productrice d'électricité de l'Alberta, a été licencié pour avoir refusé de raser sa barbe. Son travail nécessitait le port d'un masque respiratoire que celle-ci empêchait. Le 25 juillet, l'employé a porté plainte. La justice albertaine devra déterminer si la liberté religieuse du sikh a été respectée.


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