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Olé n°142 : Glossaire politique de la réforme sarkozyste

Publié le 14 février 2009 par Toreador

« Dieu a dit: « que la lumière soit ! » Et Nicolas Sarkozy répondit: « On dit s’il vous plait »

Jusqu’en 2007, un gouvernement, c’était un Premier ministre, des ministres et des secrétaires d’Etat, ensemble collectif responsable devant le Parlement, et en charge de conduire la politique de la Nation. Au dessus : un Président garant des institutions et responsable, lui, « de la France », plutôt que des seuls français. C’était avant, la bonne vieille démocratie. 

Ségolène Royal avait cru innover en inventant le concept de « démocratie participative ». Nicolas Sarkozy, lui, a fait mieux. Il a conçu le gouvernement gazeux. C’est un concept.

Voici quelques définitions pour bien comprendre la nouvelle réorganisation de circuits :

Premier ministre, n.m. Arbitre du gouvernement dont la fonction essentielle est d’être contre-arbitré par le Président. 

Ministre, n.m ou f.. Courtisan détenteur d’une charge nominale à la Cour, celle-ci étant, pour des raisons évidemment pratiques, exercée directement depuis l’Elysée par les fonctionnaires chargés de superviser le ministre. Outre une fonction essentielle de représentation dans Gala et Voici,  a pour responsabilité essentielle d’organiser la « concertation » (cf. infra). 

Conseiller, n.m. Individu n’ayant jamais reçu l’onction démocratique mais qui est chargé d’interpréter, tel l’oracle de Delphes, la volonté du Très Haut, et de la répercuter urbi et orbi, au besoin en ajoutant sa sauce. Alter-ego du ministre, en mieux. 

Haut-Commissaire, n.m. Individu exerçant la fonction de ministre sans en avoir le titre parce qu’officiellement il n’est pas d’accord avec l’orientation globale de l’action gouvernementale. 

Traître, n.m. Equivalent du Haut-Commissaire, ayant passé le Rubicon. Voir aussi: Eric Besson.

Secrétaire d’Etat, n.m ou f. Sous-catégorie de ministre généralement issu de la société civile. Plante en pot sans moyen chargée de décorer le gouvernement en minorités diverses et courants politiques groupusculaires ou pour incarner une idée du moment.  Dotée le plus souvent d’une plus grande autonomie et de liberté de parole que le ministre, et, a fortiori, que le Premier ministre, sauf blasphème contre le Très Haut (cf. Rama Yade)

Médiateur, n.m (Médiatrice, n.f). Oeil de Moscou gracieusement prêté à un ministre pour l’aider y voir plus clair, c’est à dire à mieux exercer son job de représentation et surtout de concertation ; Est au Conseiller ce que le Préfet est au Ministre de l’Intérieur. 

Grenelle, n.m. Nom propre vieux de quarante ans passé dans le langage commun pour incarner la modernité. Grande messe servant à démontrer par son existence même la réalité de l’aspect véritablement participatif de la direction des affaires de la France. 

Concertation, n.f. Procédure préliminaire à toute réforme par laquelle un certain nombre d’individus jugés représentatifs sont écoutés afin de connaître les raisons pour lesquelles la réforme qui va se faire ne devrait pas se faire sans concertation. 

La rue. n.f. synonyme « Grogne », « Jeudi noir », « Fronde », « mouvement social ». Procédure conclusive par laquelle toute réforme se termine invariablement pour l’Education Nationale, la Recherche, et la Pêche. 

Parlement, n.m. Maillon de transition pour l’adoption d’une réforme entre la concertation et la rue. Accessoirement élu par des moyens démocratiques. 

Annonce, n.f. Processus d’impulsion surprise d’une réforme par lequel le Président de la République apprend via la télévision à un ministre l’objectif qu’il atteindra par la concertation, sans pour autant lui fournir les moyens pour y parvenir. 

Commission, n.f. Hochet donné à un ancien homme politique de premier plan, nommé par le Président de la République, pour qu’il aboutisse, en quelques mois, au constat qu’il faut tout réformer pour que rien ne change, ou l’inverse. Alternative plaisante à « Concertation » et à « Ministre ». 

Ouverture, n.f. Moyen original de récompenser l’Opposition en lui attribuant au gouvernement le temps de parole qu’on lui refuse au Parlement. Synonyme : Rubicon. 

Rupture, n.f. Processus tranquille qui rime avec « ouverture », mais également « suppure », « mur », « suture », « sature », « gageure »…

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