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Contes de l'ordi sacré : Marsupilania la Vaillante 4

Publié le 14 février 2009 par Porky

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Episode 4 : Où l’on fait la connaissance d’une troisième héroïne

L’immonde Gudule commençait à perdre patience. Comment, cela faisait exactement trois minutes et cinquante secondes que le Servile Séide était parti, et ce gros lourd n’était toujours pas revenu avec Marsupilania ficelée comme un saucisson sur le capot de sa Monture Crevassée ! Elle tira rageusement sur ses couettes et se fit très mal. « C’est à cause de cette larve asthmatique et poussive que viens de m’infliger cette douleur atroce ! Attends voir, je vais lui secouer sa graisse quand il reviendra, et de la belle manière ! Voyons, que disent les tarots ? » Mais les tarots n’avaient rien à dire, aussi restèrent-ils silencieux. Après les avoir éparpillés dans tout le laboratoire maudit, Gudule partit à la recherche de la boule de cristal et exigea d’avoir une vision immédiatement. En conséquence, la boule se mit à briller et lui envoya l’image de Marsupilania et Monogramme qui, les cheveux au vent, semaient la terreur autour d’elles en déblayant d’un geste tout ce qui se trouvait sur leur passage. « Les pouvoirs des sœurs Halliwell sont trop dangereux, songea l’horrible sorcière. Il faut que je trouve un moyen de les neutraliser. Vite, connectons-nous sur Internet via mon ordinateur à pédales. »

S’installant sur la bicyclette reliée à un ordinateur hors d’âge, Gudule se mit à pédaler avec ardeur. Quand, enfin, l’écran s’alluma, il lui fallut encore donner quelques coups de jarrets pour établir la connexion Internet. « Voilà, voilà, murmura-t-elle. Que vais-je taper sur Google ? Voyons… Remèdes contre deux pétasses… Non, ça ne va pas. Heu ? Comment annuler les pouvoirs des sœurs Halliwell… Ca, c’est mieux, je devrais avoir une réponse rapide… Tiens, il y a un blog qui parle d’une certaine Gudule… Voyons… Mais c’est moi, ça !!!! Le dessin sur le deuxième épisode, c’est moi !... Alors là, c’est trop fort ! Ma tronche sur un blog !... Et mon adresse ?????? Le château d’Onyx Noir ???? Attends que je lui mette un commentaire salé, à ce petit con… Non, il y a plus urgent… D’abord, éliminer les pouvoirs des trois amerloques débiles… Donc, je reviens sur Google… Voyons… Ben c’est ça… »

Pendant que Gudule tentait de déchiffrer la recette qui devait lui permettre d’ôter ses pouvoirs à Marsupilania, cette dernière et la Belle Monogramme continuaient leur route tout en encourageant le fier Uno qui, d’ailleurs, commençait à trouver ces deux exaltées un peu fatigantes avec leurs cris à la noix. La Belle Monogramme vociférait en faisant de tels moulinets avec son chapeau tyrolien que celui-ci finit par lui échapper des mains et alla coiffer un épouvantail à moineaux. « Malheur ! s’écria-t-elle. J’ai perdu ma coiffure ! Arrête-toi, Vaillante Marsupilania. Sans mon chapeau, je ne suis plus rien ! » « Pas le temps, jeta notre héroïne. Tu combattras sans chapeau, et puis voilà ! »

Alors qu’elles arrivaient à un croisement et que ces dames se démantibulaient la tête pour savoir s’il n’y aurait pas, par hasard, une indication quelconque, elles finirent par apercevoir sur le bord du chemin de droite, un gigantesque panneau qui avait échappé à leur vue : « Domaine de Logarithme, 10 kilomètres, suivez la flèche. » Sous le panneau, une jeune fille bien sous tout rapport faisait du stop tout en brandissant un écran d’ordinateur qui, visiblement, avait rendu l’âme. La Voix s’éleva tout à coup de l’allume-cigare (hors d’état) : « Dis-lui de monter, elle va vous accompagner. » Marsupilania s’insurgea : « Mais enfin, c’est inconcevable ! Personne ne m’a prévenue que nous serions trois ! Et comment voulez-vous qu’une troisième personne enfourche mon fier Uno ? On est déjà serrées comme des sardines, là-dessus. » « Je n’en sais rien et ce n’est pas mon problème, rétorqua la Voix. Je ne suis qu’un agent de communication, rien d’autre. Fais ce qu’on te dit. » Comme s’il n’avait attendu que cette autorisation pour intervenir, Uno alla se ranger de lui-même devant la jeune fille. « Aidez-moi ! s’écria cette dernière en se précipitant vers nos héroïnes. Mon écran d’ordinateur est mort, je dois aller chez le réparateur, c’est pas loin mais j’ai la flemme de marcher. » « Les détours sont impossibles, répliqua Marsupilania. Laisse ton bordel ici et monte, on doit aller chez Logarithme. » « Je me demande si une jeune fille comme moi peut suivre deux folles de votre espèce, dit la propriétaire de l’écran. Vous me paraissez assez spéciales dans votre genre et je ne veux pas m’embarquer dans une histoire tordue que je ne maîtriserai pas, merci, je sors d’en prendre. » « Parce que tu crois que nous maîtrisons quelque chose, nous ? répliqua Monogramme, très sarcastique. Cesse de déblatérer et monte. » « Je veux bien monter mais je ne veux pas laisser mon matériel sur le bord de la route. On risque de me le voler. » « Vu son état, ça parait difficile à imaginer, dit Marsupilania. Mais puisque tu y tiens, jette-le à l’arrière et installe-toi. » « Je ne me suis pas présentée, dit la jeune fille après avoir rangé son écran dans un coin. Je m’appelle Multimédia la Stressée. »

Ayant réussi à noter les différents éléments de la formule qui lui permettrait de rejeter les pouvoirs des sœurs Halliwell dans le néant intellectuel d’où on les avait inconsidérément tirés, Gudule se mit en devoir de psalmodier. Mais l’incantation était écrite en sanscrit médiéval. Et il fallait psalmodier avec l’accent ad hoc. Adonc, l’horrible Gudule en était à son trois mille deux cent cinquante deuxième essai lorsque son téléphone portable sonna. C’était le Servile Séide qui l’avertissait qu’il venait d’arriver près du Domaine Enchanté et qu’il allait tendre le plus machiavélique des pièges à nos trois valeureuses héroïnes dont l’une, d’ailleurs, ne savait encore pas qu’elle venait d’entrer dans une histoire dont elle aurait du mal à sortir.

Multimédia la Stressée ne mit pas (trop) longtemps à comprendre pourquoi ses nouvelles compagnes parcouraient ainsi la campagne, juchées sur Uno, le fier destrier. « En fait, ce Logarithme, je crois bien que je le connais, dit-elle. C’est effectivement un Prince Charmant et nous nous sommes rencontrés à la fac il y a un certain nombre d’années de cela. Rassurez-vous, continua-t-elle vertueusement, il ne s’est rien passé entre nous. » « Mais nous ne sommes pas effrayées, dit Monogramme. C’est cependant une curieuse coïncidence. Comme c’est étrange ! » « C’est d’autant plus étrange qu’il m’a dit partager son existence avec une certaine Monogramme. Ce ne serait pas toi, par hasard ? » La Belle Princesse de Conte de fée tourna vers Multimédia un visage courroucé. « Moi ? Vivre avec un Logarithme ? J’ai toujours eu horreur des mathématiques. » « Et pourtant, il me semble que c’est toi, il m’a montré ta photo, poursuivit Multimédia. Et même que tu étais avec lui le soir de sa disparition. Ah oui, parce que, je ne vous ai pas tout dit : le Logarithme en question a disparu un beau soir et on ne l’a jamais retrouvé. » « Ca pourrait être le même Prince Charmant que celui qui est enfermé dans le Domaine Enchanté, convint Marsupilania. La sorcière l’aurait enlevé et… » « Ca ne tient pas debout ! tempêta Monogramme. Je suis bien sûre de n’avoir jamais rencontré ce Logarithme. Je m’en souviendrais, quand même ! Quoique… Etant donné que j’ignore totalement ce que je viens faire dans cette histoire et pourquoi je me trouve là… » « Ah, tu vois ! insista Multimédia. Je vais te dire, moi, ce qui t’est arrivé : on t’a retrouvée à plat ventre par terre, dans les vaps, et tu étais toute seule. Vous sortiez du cinéma. » « A plat ventre et dans les vaps ????? rugit la Belle Monogramme. Tu m’as bien regardée, oui ? Ai-je une plastique à me rouler par terre ????? » Elle avait l’air si furieux que Multimédia en fut ébranlée. « Alors, je me trompe sans doute », convint-elle. « Pas sans doute, sûrement », dit Monogramme et la conversation s’arrêta parce qu’un énorme dragon se dressa tout à coup devant la fière monture et se mit à cracher du feu dans tous les sens.

(D’où vient ce dragon ? Qui l’a envoyé ? Est-ce l’horrible Gudule ? Et la sorcière parviendra-t-elle à prononcer correctement sa formule ? Quant au Servile Séide, quel piège monstrueux a-t-il l’intention de tendre à nos pures et touchantes héroïnes ? Un peu de patience est nécessaire pour le savoir…)


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