Tu crèches où ?

Préambule  : oui je critique Sarkozy et je ne suis jamais d’accord avec lui. Si vous attendez vraiment que je sois d’accord avec un type économiquement libéral, interventionniste quand ca l’arrange et socialement conservateur, ca risque d’être difficile. Et puis sa mégalomanie est plus forte que la mienne c’est vexant.

Ceci dit. Je n’y croyais pas ; il a osé. Evoquer l’idée de réduire le congé parental.

Il se trouve que j’ai une mémoire de cheval et que, surtout, j’avais noté pas mal de propositions des candidats aux présidentielles 2007.
Je vous lis une idée du candidat Sarkozy

“Il faut régler une fois pour toutes le problème de la garde des enfants de moins de trois ans. Je rendrai opposable devant les tribunaux le droit à une solution de garde pour tout enfant de moins de trois ans. Pour ces enfants, chaque famille recevra une allocation qu’elle pourra utiliser pour payer une place en crèche ou recourir à une assistante maternelle. Je veux que l’argent que l’Etat consacre aux crèches vous soit directement donné. C’est vous qui déciderez qu’à tel endroit on ouvre une crèche, et non pas l’Etat ou les communes. Il n’est pas normal qu’il soit si difficile d’ouvrir des crèches d’entreprise, des crèches associatives ou des crèches municipales alors que le besoin est si grand.”

- Le doit opposable ? Il a renoncé.
- L’allocation ? On n’en parle plus.

Donc vendredi Sarkozy se fend d’un discours évoquant la réforme du congé parental.  Il choisit bien son moment ; lors de la remise des médailles de la famille récompensant les familles nombreuses. Il a le chic, il n’y a pas à dire.

Au départ cela ne part pas mal. Le constat est vrai ; beaucoup de femmes abandonnent leur emploi car elles ne peuvent faire garder leur enfant ; les femmes parce que ce sont en majorité les femmes qui prennent un congé parental (d’abord par tradition, ensuite parce que ce sont souvent elles qui ont le salaire le plus faible). Et ce sont souvent les familles précarisées qui sont concernées.
Il faut donc – et on le sait tous – créer des places en crèches ; sauf que ce n’est pas la première idée de Sarkozy. Lui veut d’abord réformer le congé parental et le réduire ; puis d’ici 2012 créer 200 000 places en crèche (comment ? on ne sait pas). La France compte à l’heure actuelle à peine un million de places de garde pour 2,4 millions d’enfants de moins de 3 ans. Ca sera donc nettement insuffisant. Passons sur le fait que son secrétariat d’Etat à la Famille s’était engagé à en créer près de 350.000 ; communiquer entre eux serait utile.
Mais lisons la suite du discours : “les 30 milliards de cotisations patronales famille peuvent être pénalisantes pour la croissance et l’emploi”.
Ahhhhh on y arrive.

La politique est toujours la même ; réduire les charges des entreprises dans l’espoir qu’elles embauchent.
Sauf que ces 30 milliards représentent 44% des allocations famille. Même en réduisant le congé parental, il y aura toujours un manque, qui, comme le souligne le directeur de la CAF risque d’être pris dans notre poche.
Nous à qui on a promis une non augmentation des impôts. Je suis de mauvaise foi, il n’avait pas parlé des cotisations.

J’avoue que j’adore en fait cette idée. Sarkozy s’est déjà mis la moitié de la droite et de l’extrême droite à dos avec différentes mesures. S’attaquer à la famille, valeur traditionnellement défendue par les partis de droite, c’est fort, c’est beau, c’est monstrueusement con.

“Assieds toi et regarde le cadavre passer”.

Allez une petite dernière
“On ne peut pas d’un côté avoir le travail féminin qui augmente - et c’est tout à fait naturel sur la base de l’indépendance et de l’autonomie de la femme - et avoir de l’autre côté à 16 heures des enfants qui sont livrés à eux-mêmes.”

(il est quand même magnifique ; c’est qui, qui nous corrélait le travail des femmes avec la délinquance déjà ?).