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Lutte ouvrière

Publié le 15 février 2009 par Kristel

Lutte ouvrière En Picardie, l'usineNin Nin est vidée pendant la nuit pour être sauvagement délocalisée. Les ouvrières décident de mettre en commun leurs indemnités afin de s'offrir les services d'un professionnel et de buter le patron. Etrange road movie sur fond de crise et de mondialisation,Louise-Michel nous propose de s'offrir un patron pour Noël. Décapant !

Le film débute par une crémation maladroite au son de L'Internationale. L'ambiance est planté : le sujet sera grave mais le traitement sera grotesque. On sent tout de suite l'esprit du Groland planer sur l'écran, entre réalité et absurdité, peuplé de gens tout à la fois plus vrais que nature et marginaux. Et pourquoi le 3e long métrage du duo Gustave Kerven/ Benoît Delépine porte-t-il le nom de l'illustre communarde Louise Michel? Parce qu'elle était " une femme habitée d'un courage hors normes et qui, jusqu'à la mort, revendiqua sa foi en l'anarchie et la lutte contre l'injustice. Il fallait au moins deux héros pour incarner une telle énergie et une telle détermination. Dans cette optique, en baptiser une "Louise" et l'autre "Michel" nous apparut logique."

L'histoire de Louise-Michel est inspirée d'un réel fait divers. Dans la région d'Angoulême, un patron avait offert de nouveaux vêtements de travail à ses ouvriers avant de déménager ses machines en un week-end vers les pays de l'Est... Ici, on leur offre des blouses ornées de leurs prénoms et comme le dit le responsable des ressources humaines "ne nous remerciez pas, a-t-on déjà vu un enfant serrer la main du Père Noël?". Comme dans leurs précédentes réalisations, l'objectif est de montrer " des petites gens résolus à ne pas se laisser faire face à la "Grosse Machine" ". Les ouvrières, face au cynisme du capitalisme, décident de lutter à leur façon, en utilisant leurs pauvres indémnités de licenciement. Tuer le patron pour laver leur honneur : le problème est que le patron n'est pas toujours celui que l'on croit. La petite usine picarde est en réalité la propriété d'une entreprise plus importante, elle-même propriété d'un trust international... Peu importe, elles sont déterminées à aller jusqu'au bout.


Chanté par Katerine dans un bouge


De ce point de départ, les réalisateurs vont développer une histoire de chasse à l'homme où Louise (ex Jean-Pierre), ouvrière analphabète, se retrouve à pourchasser le véritable responsable de la fermeture de son usine avec un improbable tueur mythomane prénommé Michel (ex Cathy). De la Picardie à Bruxelles, de Bruxelles à Jersey, leur route est parsemée de personnages plus décalés les uns que les autres, engendrant une succession de situations absurdes et grotesques, certaines poétiques, certaines sordides (la tueuse leucémique). A l'image de la réalisation parfois faiblarde, certains passages sont un peu glauques voire limites... Mais l'interprétation est remarquable, Yolande Moreau et Bouli Lanners sont incroyables. Ils arrivent à nous faire avaler sans problème la réalité de leur genre sexuel et l'absurdité de leurs vies respectives. Kerven et Delépine ont beaucoup de tendresse pour leurs personnages, l'un devenant le révélateur de l'autre, l'amenant à s'assumer.

Produit par Mathieu Kassovitz, qui fait une apparition en néo-rural écolo, le film est peuplé de nombreuses guest stars proches de l'univers grolandais comme, Katerine, Siné, Poelvoorde et Salengro (le Président du Groland). Louise-Michel a également été distingué dans différents festivals: Prix du meilleur scénario à San Sebastian, Prix du public à Amiens, Mention Spéciale à Sundance en 2009 pour son originalité. La consécration bien sûr, ils l'ont obtenu au Festival de Quend : Amphore d'Or du meilleur film grolandais, ça ne s'invente pas!
Cet ovni cinématographique est un des succès de ce début d'année. Entre comédie et drame social, délirant et absurde, s'achevant en apothéose (et oui, même ici l'amour triomphe), il est à l'image du monde actuel et donne aux petites gens le droit de se venger du mal qu'on leur a fait. Surtout, ne quittez pas la salle avant la fin du générique car, comme le disent les ouvrières " on continue! ". La lutte du prolétariat contre le patronnat n'est pas prête de s'éteindre.

Maintenant que nous savons que les riches sont des larrons, si notre père, notre mère n'en peuvent purger la terre, nous quand nous aurons grandi, nous en ferons du hachis.

Louise-Michel, de Gustave Kerven et Benoît Delépine (2008)

Avec Yolande Moreau et Bouli Lanners


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