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Hôpital : la tiers-mondisation

Publié le 31 janvier 2009 par Toutemasante

La multiplication des « accidents » dans les hôpitaux français depuis Noël a relancé le débat sur la qualité des soins. Si l’on écoute les lobbys hospitaliers, complaisamment relayés par les médias, l’absence de moyens expliquerait cette dégradation patente de la qualité des soins.

De qui se moque-t-on ? Nous avons le système hospitalier le plus cher du monde. Il y a dans la plupart des hôpitaux cinq salariés (médecins, infirmiers, administratifs) pour un malade, ratio sans équivalent ailleurs.

Le personnel hospitalier est plutôt bien traité et les arguments relatifs à la surcharge de travail relèvent de la mauvaise foi la plus pure. Un récent rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) sur les rémunérations à l’hôpital a montré que ceux qui se plaignent le plus, les urgentistes par exemple, sont aussi les mieux payés, ceci expliquant peut-être cela.

La durée du travail elle-même n’est pas en cause. Les médecins n’acceptent les heures sup que parce qu’ils ont le droit de les cumuler sur des comptes d’épargne temps qui leur permettent de partir en retraite plus tôt. Grâce à Martine Aubry, les infirmières sont passées aux 35 heures et elles n’en font pas plus, les gardes étant compensées par des journées de récupération et des congés supplémentaires l’été.

Qu’est-ce qui cloche ? Les 35 heures, totalement inadaptées à des structures de soins, sont un premier facteur d’explication. Les personnels hospitaliers eux-mêmes reconnaissent en privé qu’elles posent de graves problèmes de sécurité et menacent l’existence même de nombreux hôpitaux.

La pénurie de médecins qualifiés est sans doute encore plus structurante. Un médecin hospitalier sur cinq est étranger et n’a pas les diplômes requis pour exercer en France. C’est le résultat le plus visible de la politique stupide de numerus clausus conduite par les différents gouvernements depuis plus de vingt ans : on est en train de tiers-mondiser toute une partie du secteur hospitalier et de créer ainsi, sans le dire, une médecine à deux vitesses dans laquelle les riches et les bien informés continueront d’être soignés dans les services de pointe de quelques CHU et dans de luxueuses cliniques privées tandis que les autres devront se contenter de la version moderne et en beaucoup plus cher du dispensaire des mines.


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