Pédagogies (1)

Depuis quelques années, les ignares de tous bords se répandent contre le “pédagogisme”, c’est à dire la pédagogie, qui serait responsable de tous les maux dont souffre l’école actuelle. Pour eux, il y a les experts du savoir, qui sont seuls, naturellement ou génétiquement aptes à bien enseigner ce qu’ils savent.

Chacun de nous a fait l’expérience de “bons” et de “mauvais” profs ou instits. Les causes de leurs qualités et de leurs défauts respectifs sont innombrables et ramener ce débat à l’expertise disciplinaire contre le “pédagogisme” montre une méconnaissance abyssale du problème, à moins que ce ne soit du simple crétinisme.

Vers 1550, à La Sorbonne, s’invente le cours magistral: le Maître en chaire débite son cours, les “étudiants” écoutent et font ce qu’ils peuvent avec. Ils font ce qu’ils peuvent en fonction de leur culture, de leur capacités cognitives, mais aussi des soutiens qu’ils se débrouillent à trouver en jouant les disciples et en servant de quasi-domestiques aux Maître les plus réputés. Et cela ne concerne qu’une infime minorité de l’infime minorité des gens qui savaient lire et écrire…

La chose se perfectionne avec le tableau noir jusqu’à l’Ecole obligatoire vers la fin du 19ème siècle. Les instituteurs sont alors formés dans des Ecoles Normales et reçoivent une formation pédagogique solide qui se perfectionne jusqu’à leur suppression dans les années 70 (si ma mémoire est bonne). Les enseignants de lycée, dont beaucoup d’agrégés à l’époque, reprenant le modèle sorbonnicole, ce qui convenait à un effectif entrant en 6ème rassemblant 6,4% d’une classe d’âge en 1938 et atteignant les 12% dans les années 50, effectif essentiellement composé de rejetons des classes aisées auxquels se rajoutaient quelques enfants d’enseignants, c’est à dire dotés de bonnes capacités langagières et donc d’abstraction ainsi que d’un soutien parental à la maison.

Le lycée, l’université et les grandes écoles étaient alors le moyen dont les classes aisées (et une partie des enseignants dotés d’enfants) disposaient pour leur reproduction, et sur lesquels se greffaient, républicanisme oblige, quelques rares boursiers “méritants”.

La suite demain…

- Les limites des “muscleurs” de cerveau. InternetActu.

- “Illiteratus rex quasi asinus coronatus est”. AgoraVox .

- Immigration: les enfumages sarkoziens. Le Monde.

- Protectionnisme, suite. Marianne.

- Guadeloupe, le gouvernement choisit la force, et d’envenimer une situation déjà tendue. Le Monde.Voir aussi l’édito du Monde.

- Le salaire du “tournage  de veste”. NouvelObs. Indécent!