Pour titrer sur un sondage, l’AFP choisit le meilleur chiffre pour Sarkozy
Aujourd’hui a été publié le baromètre BVA-BPI-Les Echos-France Info de février. Catastrophique pour le gouvernement. L’agence Reuters en rend compte sous ce
titre : 60% des Français jugent la politique économique mauvaise.
Logique : la première question du sondage est "Vous personnellement, diriez-vous que la politique économique menée actuellement par le gouvernement est très bonne, plutôt bonne, plutôt
mauvaise ou très mauvaise ?" Cette question est du reste la même tous les mois, le titre exact de cette enquête étant Baromètre de la politique économique. Le résultat est bien
celui qu’indique le titre de la dépêche Reuters, décomposé comme suit : 24% très mauvaise, 36% plutôt mauvaise (total : 60%), 30% plutôt bonne, 3% très bonne (total : 33%) et 7% ne
se prononcent pas. Le problème réside dans le titre choisi pour la dépêche de l’AFP qui rend compte du même sondage : Crise : 57% de Français critiques face aux mesures de Sarkozy. D’où
sort donc ce chiffre, de trois points supérieur ? D’une deuxième batterie de questions, à aller chercher à la page 13 du fichier pdf livrant les résultats
de l’enquête :

Voilà d’où viennent ces 57% : ceux qui estiment que les mesures prises par le gouvernement et le président de la République ne vont pas dans le bon sens pour limiter les effets de la crise. L’AFP a donc choisi de titrer, plutôt que sur le résultat général du baromètre mensuel (qui est cité dans la dépêche), sur l’appréciation portée spécifiquement sur les mesures destinées à lutter contre la crise. Ce choix-là est absolument légitime. Mais pourquoi mettre en avant dans le titre les 57% qui estiment que les mesures ne vont pas dans le bon sens et pas les 61% qui considèrent qu’elles ne sont pas en adéquation avec les préoccupations des Français, ni les 64% qui trouvent qu’elles ne profitent pas équitablement aux salariés, patrons et actionnaires, ni encore les 74% qui jugent qu’elles ne profitent pas équitablement à tous les Français ? Autrement dit, nous avons en tout 5 chiffres : 60% d’opinion contre, le résultat général sur la politique économique, et 57, 61, 64 et 74 d’opinions défavorable ssur les mesures contre la crise. Si tous ces indices manifestent une forte défiance vis-à-vis du gouvernement et du président, l’AFP est allée chercher pour son titre précisément le moins mauvais des 5 pourcentages !

Par Olivier BONNET
dans Plume de presse
