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Les îles sous le vent de la tempête

Publié le 19 février 2009 par Chroneric

Sur le 20 minutes d'aujourd'hui, une photo montre des émeutiers derrière des voitures calcinées ou en feu. En arrière plan, on voit un panneau publicitaire : "Les 30 premières Honda JAZZ sont à 15 500 €, à vous de jouer". Oui, c'est à nous de jouer.

Excédés par l'isolement et l'oubli de l'Etat, nos compatriotes d'Outre-mer expriment leur colère. Difficile de se nourrir, difficile de se loger, difficile de travailler et d'aller travailler, tout est réuni pour une révolution. Je le dis d'emblée, notre ministre (ou sinistre comme disait Coluche) Yves Jégo n'est pas l'homme de la situation et n'a pas la tête de l'emploi qui inspire l'écoute et le dialogue. Une marionnette de plus. Comment en ait-on arriver là, ça je ne peux pas vous le dire, c'est une situation qui couve des années d'inaction je pense, la crise (comme je l'ai avancé dans un article précédent) est le révélateur des problèmes, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le résultat est que des Français en ont marre. Marre d'être des vaches à lait, marre d'être à la merci de patrons ou de politiques peu concernés par des problèmes du quotidien, marre d'être à l'écart d'un système financier sans limites et marre d'avoir l'impression d'être oubliés. Loin des yeux, loin du cœur.

Mais, j'ai envie de dire que ce ne sont pas les seuls à être dans une tourmente dont les seules victimes sont bien loin d'être les responsables. En France métropolitaine aussi, des Français subissent. Licenciements, délocalisation, hausse des prix, tout est aussi réuni. D'ailleurs, la dernière grève du 29 janvier a réuni des salariés, des retraités et des étudiants de tous horizons et de toutes catégories. C'est un signe. Même les élus d'Outre-mer parlent à l'unisson de droite comme de gauche pour critiquer le pouvoir en place. C'est la solidarité de tout un pan de notre population qui s'exprime. Notre prince président n'est pas sur le point de s'enfuir par Varennes mais son discours ne gagne pas tout le crédit espéré. Il ne donne plus confiance.

Bien sûr des mesures de 2,6 milliards d'euros sont prises dans l'urgence mais est-ce suffisant ? Ce sont des mesures ponctuelles non pérennisées. Pour parler à la façon de Nicolas Sarkozy, comment voulez-vous que des hauts responsables et des hauts fonctionnaires aisés sachent ce que sont la faim et le désespoir ? Je ne suis pas moi non plus le mieux placé pour en parler : j'ai un travail, un toit, je mange à ma faim et mes fins de mois ne sont pas difficiles. Mais je ne me sens pas protégé pour autant. Qu'est-ce qui me garantit qu'un jour je ne serais pas obligé d'aller quémander de l'aide à diverses associations ? Aucun de nous ne peut présager de l'avenir.

Pour calmer les esprits de nos concitoyens, il faut absolument prendre des mesures plus convaincantes. Aider les banques pour éviter la faillite, c'est une chose, soutenir les ménages pour éviter les expulsions ou les licenciements c'en est une autre. La volonté politique fait défaut de la part d'une Droite qui a toujours historiquement aidé les plus aisés, les entreprises et les patrons plutôt que les salariés. C'est une remise en question de cette culture "droitienne" qui s'impose. C'est difficile, vous ne pouvez pas balayer des décennies de traditions en quelques jours. On le voit bien. Le gouvernement, enfin le président, a du mal à lâcher des mesures en faveur des citoyens et des foyers les plus modestes car ce n'est pas dans ses habitudes.

Si l'on cherche le dernier dirigeant politique français pour lequel l'intérêt général primait sur le reste, il faut aller très très très loin. La Guadeloupe commence à s'agiter, qui seront les suivants ?


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