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Sous le soleil, ça cogne.

Publié le 18 février 2009 par Christinacarrucci
Je cuis dans la fournaise qui dévore une cour d'école rendue anémique. Le soleil a fondu la vie et dissous le temps. Rien ne frémit ni ne bruit. Je n'attends rien. Je ne fais que chauffer. Pétrifiée. Quelle folie pourrait briser l'éternisation de cette minéralisation en marche ? La penser, c'est l'appeler. J'aurais dû me méfier.
Soudain les cris de deux enfants gorgés de vie viennent pulvériser mon immortalité en un foisonnement de fugacités. Les gosses s'égosillent en une violente dispute. Je suis à portée de leurs poings qui commencent à tourbillonner en une farandole grotesque. Il pleut désormais des coups. Ils inondent la cour déserte qui scande une haine affamée et jamais repue.
Au paroxysme de la lutte, je me sens prise. Cinquante centimètres plus tard, je suis aspergée d'une douce chaleur vermillonnée. C'est alors que je chois. A côté du crâne béant d'un des deux protagonistes. Un ruisseau lie-de-vin vient enivrer ma vie immaculée. Une autre s'efface à force de soubresauts hoquetant. L'enfant resté debout n'est déjà plus que le fantôme de lui-même. Livide, il écarquille des prunelles qui n'auront plus de cesse que de supplier le soleil de les brûler à jamais.
Le calme a enfin réinvesti la cour. Phébus aura tôt fait d'assécher les traces de ces dissonances. J'avoue souhaiter ardemment recouvrer ma tranquillité de pierre. Loin de ces êtres énigmatiques qui se tuent à se détruire. Puissent-il un jour avoir la décence de ne plus m'entraîner dans leurs turpitudes. Mais peu importe après tout, puisque le soleil va se charger d'effacer tout cela en brûlant leurs mémoires volatiles de passagers futiles et furtifs de la vie.
Je retourne à mon éternité pétreuse.

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