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Une soirée devant la télé

Publié le 06 février 2009 par Christinacarrucci
Comme plus de quinze millions de sujets, j'ai regardé le "Sarkoshow" intitulé ce soir : "90' pour sauver les français".
Probablement doucement susurré à ses oreilles par la talentueuse Carla, Nicolas a cité cet extraordinaire film de Franck Capra : "La vie est belle" ("It's a wonderful life" pour les puristes). Hélas, Nicolas n'est pas James Stewart. Mais notre chef d'état n'a cure de cet acteur dégingandé. Il lui préfère Bruce Willis. Un héros, lui. Bodybuildé, courageux, intrépide. Mais également rempli d'humour, d'auto-dérision et de compassion. Bref, le héros idéal pour sauver tout un peuple sauvagement agressé par cette hydre planétaire qu'on appelle d'une voix éteinte : "LA CRISE".
Notre courageux Nicolas a démarré son entreprise de restauration de la confiance, pied au plancher. C'est que 90 minutes, c'est vraiment peu pour infléchir notre fâcheuse tendance à vouloir baisser les bras sauf pour tenir de belles banderoles. Allait-il aborder le sujet à la Kaa ? Vous savez, le serpent hypnotiseur du "Livre de la Jungle" : "aie confiansssssssssssseeeee !"
Que nenni point ! Notre Nico, démarra sa démonstration par ce terrifiant constat : la crise qui ne fait que commencer à nous éreinter serait la plus terrible depuis un siècle ! Pire donc que celle de 1929 ?
Brrr... j'en ai frissonné. Je me suis frotté les yeux : peut-être m'étais-je trompée et avais-je mis un film catastrophe ? Mais non, j'étais bien sur France 2 et c'était bien Nicolas 1er qui officiait, servi par une gentille troupe de troubadours aux sourires énamourés. Même Java, ma chatte tranquillement lovée à mes côtés, commençait à dresser les oreilles et le poil.
La crise, donc. Planétaire. Financière. Économique. Sociale. Sans compter toutes les autres déclinaisons qui n'ont pas été abordées faute de temps. Je pense notamment au lourd volet écologique. La crise entre toutes les crises, celle qui rangera notre soubresaut actuel au rang d'aimable plaisanterie. Mais bon, step by step ! On aura bien le temps de se le prendre en pleine gueule ce mur en béton armé qu'on construit patiemment depuis quelques générations insouciantes.
Alors Nico, qu'est-ce qu'on doit faire ? Que nous proposes-tu ? On serre les fesses ? On achète tous un exemplaire de la méthode Coué pour les nuls ? Ou alors on applique la politique de l'autruche ? Et si on se retroussait les manches ? Ah oui... c'est vrai... on n'a plus de manches. On a du rapiécer nos chemises élimées pour les transformer en chemises à manches courtes. Pfff ! Il n'y a pas à dire, la crise, c'est la crise !
Alors, si j'ai bien capté, il va falloir attendre le rencard du 18 février pour en savoir plus ? La Sainte Bernadette ? Tu crois que nous allons voir l'espoir comme la petite Soubirous avait vu la Vierge ? Tu vois, si j'avais été à ta place, j'aurais carrément choisi la date du 14 février. La Saint Valentin, quoi ! On se réunit tous, on dit qu'on s'aime, on se fait même des papouilles et puis on promet, on jure et on crache pour des lendemains qui chantent. Tous ensemble, tous ensemble. Trop baba ? Peut-être. Mais vraiment, Nico, t'as rien d'autre dans ton sac à malices ? Que dalle ?
Euh... on va improviser ? C'est cela ? Comme d'habitude, quoi...
Bon, je te l'avoue, Nico, je suis là, tranquille derrière mon clavier, en train de fanfaronner et de distribuer les leçons et les mauvais points. Je sais, c'est facile. Comme tu nous l'as avoué avec un léger trémolo dans la voix, la fonction présidentielle est difficile. Je trouve même le mot faible. Ce n'est pas un job, c'est un sacerdoce. Et c'est précisément là qu'est l'os hélas...
Ne t'énerve pas, je m'explique. Vois-tu, je suis persuadée que la politique ne doit pas être un job ou une profession. Particulièrement si elle est pratiquée au plus haut niveau. La fonction de "président de la République" relève carrément du sacerdoce. Elle fait appel à la foi et elle doit être attribué à un homme ou une femme possédant une foi chevillée au corps et au coeur. Attention, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas écrit, hein ! Il ne s'agit aucunement de religion. Il est question de FOI. Foi en l'humain, en l'autre, en la société, en l'avenir, en des valeurs de civilisation...
On est est loin. Fichtrement loin, même. Oh, ce n'est pas ta faute, Nico ! Tu n'es que le dernier avatar d'une longue tradition de la politique. Peut-être même une caricature. Mais tu es ce que la société a poussé vers l'avant de la scène. Tout ce qui brille attire. Voilà, on a voté pour toi. Et tu es là, ce soir, à nous dire que c'est pas facile et que nous allons déguster. Moins que les autres nations, mais nous dégusterons quand même.
Et moi, je t'écoute. Plus d'une heure et demie. Je ne me suis même pas levée pour me faire une tartine de Nutella. C'est dire si j'ai été attentive à ton laïus, Nico !
Que m'en reste-t-il en fin de compte ? La désagréable sensation que les marges de manoeuvre sont réduites. Qu'il n'y a aucune solution miracle. Que la navigation à vue sera de mise. Que le futur supérieur à un an n'existe plus. Que tu te crois investi de la mission de sauver les français. Toi et ton aplomb. Toi et ta capacité à retomber sur tes pattes comme Java.
Non, je ne suis pas rassurée. Je voudrais avoir confiance, mais je ne le puis en conscience. C'est que je n'ai pas entendu le bon discours. Ton discours était un discours de défense. Une sorte de ligne Maginot datant d'un autre siècle. Notre époque a changé. Déjà ton prédécesseur disait ne plus comprendre la jeunesse. Je ne suis pas certaine que tu comprennes les enjeux de ce qui se prépare. Je ne suis pas persuadée que tu la vois venir, la vague.
On est pourtant pas mal à voir le venir, ce tsunami. Il ne s'appréhende pas avec les recettes du passé. Elles sont sans effet réel. Inopérantes. Il faut changer son prisme, monsieur le Président. La nation a besoin d'autre chose que des mesurettes. Elle a besoin d'un véritable projet de civilisation. Oui. Rien que cela. Les temps changent. Les temps nous ont changés, Nico.
La clé est dans nos têtes. La solution ne se trouvera pas dans un budget. Pas dans une allocation. La solution est forcément spirituelle. Mais je vais arrêter là. Je sais que parler de "spiritualité" est indécent à notre époque matérialiste.
Mes salutations à votre compagne. Fêtez bien la Saint Valentin !
Bon courage pour la suite. On vous regardera à la télé entre un film avec Bruce Willis et le tirage du Loto.

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