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Palabre d'arbre

Publié le 29 janvier 2009 par Christinacarrucci
Je vous connais. Trop bien, hélas.
C'est que je vous observe depuis plusieurs de vos siècles. J'aimerais me tromper mais je ne possède pas cette faculté qui est vôtre. Ce que vous appelez "humanité" est malade. Je ne suis pas sûr que vous le réalisiez vraiment. Nous, si ! Je peux vous l'assurer!
Quand je dis nous, c'est tout ce qui constitue cette planète. Vous ne le savez pas, mais nous sommes tous reliés et nous communiquons en permanence. Vous seuls, les humains, vous êtes séparés de nous. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais c'est ainsi.
Notre ami le vent tempête souvent à votre encontre. Il dit que vous êtes suicidaires et que vous allez nous entraîner dans votre déchéance. Mes frères ont été massacrés par vos bons soins. N'avez-vous point perçu leurs cris ? Notre voisin le sol ne se porte pas trop bien. Je crois que vous l'avez empoisonné. Mes copines les abeilles sont de moins en moins nombreuses à me visiter. Elles me racontent des horreurs sur vous.
Je vous connais, mais je ne vous comprends plus. Lorsque j'étais un jeune chêne, j'arrivais sans peine à partager vos vies. Nous étions plus que des amis. J'ose croire que nous étions frères. En tout cas, nous nous respections.
Ce temps est révolu. Vous avez changés. Je suis resté le même, mais vous, vous avez diablement changés. Vous n'êtes plus humains, vous les hommes. Vous vous êtes perdus pour vos chimères. Je vous sens, je vous sais malheureux. J'aimerais vous aider, mais vous ne m'entendez pas, même quand le vent m'aide à vous parler. Je suis désolé de vous le dire, mais vous êtes devenus autistes.
Nous parlons souvent de vous. Faut dire que vous ne nous ménagez pas. On souffre. Pas en silence, mais vous n'entendez pas nos pleurs. Je crois que cela ne pourra pas durer éternellement, vous savez.
La révolte gronde. Nous ne vous voulons pas de mal, mais il nous faut nous défendre contre le traitement inhumain que vous nous infligez. Je ne sais pas jusqu'à quand nous allons pouvoir vous tolérer. Oh, ne le prenez pas comme une menace, mais juste comme une branche tendue.
Je crois que vous devez réapprendre à dialoguer avec nous. Cela vous permettra peut-être de nous respecter à nouveau et de nous aimer pour ce que nous sommes et non pas pour la valeur usuelle que nous représentons.
J'ose espérer que vous m'entendrez. Faut avouer que le bruit de vos tronçonneuses ne facilite pas les choses. Il me fait même peur, je vous l'avoue.
Je rêve même de ce fameux jour où vous parviendrez à communier avec nous pour enfin découvrir ce fabuleux secret qui n'en est pas un pour nous.
Vos générations humaines défilent à l'ombre de mes branches. J'espère qu'il y en aura une un peu plus éveillée que ses aînées.
Nous essayerons alors d'oublier tous ces viols, toutes ces souillures et toutes ces meurtrissures. Nous sommes là, mariés avec ce temps dont vous avez divorcé. Votre peur de ce temps que vous confondez avec la mort vous a conduit à des comportements absurdes que vous ne semblez plus maîtriser.
Si nous pouvons vous aidez, nous le ferons bien volontiers. Donnez-nous juste un signe montrant que vous avez l'ambition de retrouver votre humanité. Et nous serons à nouveau amis. A nouveau frères.
Sinon... sinon je pense que vous disparaîtrez ! Et je crois bien que nous serons peu à vous pleurer...

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