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Le rideau de fumée social de Nicolas Sarkozy

Publié le 20 février 2009 par Forrestgump54
Par Laurent Pinsolle. Qui décrypte la dernière intervention télévisée, une fois n'est pas coutume, de Nicolas Sarkozy. Entre réorientation du plan de relance et mesures inadaptées, l'incohérence présidentielle apparaît de plus en plus évidente. Hier soir, le président de la République s’est à nouveau adressé aux Français, à peine deux semaines après sa précédente intervention, qui s’était soldée par une plongée dans les sondages. Nicolas Sarkozy en a tiré les leçons et a nettement réorienté son message pour essayer de convaincre.
Une accumulation de mesures
Autant l’intervention télévisée du 5 février avait manqué d’annonces, autant celle-là en était riche. Il a ainsi proposé une hausse des indemnités de chômage partiel de 60 à 75% du salaire ainsi qu’un assouplissement des échéanciers d’emprunts. Il a annoncé une prime de 500 euros pour certains chômeurs, une prime de 150 euros aux trois millions de familles bénéficiant de l’allocation de rentrée et 200 euros de bons d’achat pour certaines familles. Enfin, il a proposé une suppression des deux derniers tiers de l’impôt sur le revenu pour les quatre millions de ménages qui sont soumis à la première tranche (soit environ 200 euros).
Outre cette distribution d’argent tous azimuts, le président a également annoncé la création d’un fonds d’investissement social doté de 2,5 à 3 milliards d’euros ainsi que l’interdiction pour les entreprises qui licencient de distribuer des bonus. L’application de cette dernière mesure (ainsi que l’assouplissement des échéanciers d’emprunt) reste cependant assez énigmatique dans le degré de contrainte qui sera établi par l’Etat. Au global, ce déluge de mesures (dont un certain nombre sont pertinentes) a l’avantage d’à nouveau communiquer l’activisme de tous les instants dont le président se glorifie.
Un plan qui n’est pas à la hauteur de la situation
0,15% du PIB. Voilà ce à quoi correspond le plan annoncé par Nicolas Sarkozy. Ce plan s’ajoute au 1% déjà annoncé à l’automne (18 milliards de dépenses additionnelles de l’Etat) ou 1,4% (et 26 milliards) si on y ajoute les dépenses des entreprises publiques ou partiellement publiques. Cette rallonge de 15% apparaît donc assez légère, surtout à côté du plan Allemand, qui a doublé de 25 à 50 milliards (soit de 1 à 2% du PIB) et plus encore du plan Américain, proche de 800 milliards de dollars (soit 6% du PIB). Le plan de relance Français reste pour l’instant limité en taille et cet ajout est finalement assez anecdotique.
Sans ignorer que ces mesures vont mettre du beurre dans les épinards de nombreux Français en difficulté, on peut s’interroger sur cette réorientation du plan de relance. À l’origine, Nicolas Sarkozy nous avait proposé un soutien à l’investissement et l’amélioration de la trésorerie des entreprises. Puis, il passe maintenant à des baisses ciblées d’impôt (il n’y a curieusement pas eu de mention de la suppression de la taxe professionnelle) et à de la distribution d’argent, soit un cocktail plus conforme aux dogmes libéraux pour lesquels il vaut mieux rendre l’argent aux citoyens que voir l’Etat le dépenser.
Pourtant, comme le soutient Paul Krugman, il vaut mieux donner la priorité aux dépenses d’investissement, qui ont un effet plus important sur l’emploi. En privilégiant la communication (et donc la multiplicité des annonces), Nicolas Sarkozy aboutit à un plan fourre-tout mêlant une multitude de mesurettes dont l’effet a toutes les chances d’être minime. Pire, il a fait allégeance au Medef en rejetant toute hausse du SMIC. Et si son couplet sur la répartition des bénéfices était intéressant, il est difficile de ne pas voir dans la commission annoncée l’enterrement d’un débat qu’il veut exploiter mais sans le mener réellement à bout.
Au global, cette prestation plus condensée peut paraître habile par le nombre des mesures annoncées et la rhétorique du président. Mais, passé l’effet de surprise, on en relativise à la fois l’importance, la pertinence et plus encore la direction de plus en plus incertaine de l’exécutif dans cette crise.
Philippe MARX - Agir ! Réagir !

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