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Homélie 7 T.O.B. 2009: La place du chant grégorien selon Vatican II

Publié le 22 février 2009 par Walterman

"Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides." ( 1° lect.) Quelle est donc cette "route" que le Seigneur va ouvrir ? Quelle est ce monde nouveau" annoncé par Isaïe au désert et dans les lieux arides de l'exil de son peuple ? La réponse par excellence, c'est l'eucharistie. À chaque messe le Christ fait son entrée, il fait le chemin comme l'époux qui vient pour les épousailles et que l'assemblée acclame : "Ce peuple que j'ai formé pour moi redira ma louange."
Dès lors, l'importance de la beauté, de la beauté en général, mais spécialement de la beauté du chant, ne devra jamais être sous-estimée dans la liturgie. "Le chant est en effet le signe de l´allégresse du cœur (cf. Ac 2, 46). Aussi saint Augustin dit-il justement: 'Chanter est le fait de celui qui aime', et selon un proverbe ancien: 'Bien chanter, c'est prier deux fois' " (PGMR 39).


Homélie 7 T.O.B. 2009: La place du chant grégorien selon Vatican II


Malheureusement, après la réforme liturgique l'on s'est empressé de mettre le chant grégorien aux oubliettes pour le remplacer au pied levé par une production musicale souvent fort médiocre dont on ne se contenterait jamais pour des concerts profanes ! Comment, en si peu de temps - 50 ans seulement - pourrait-on remplacer le chant grégorien, qui a mis des siècles pour se développer de manière si heureuse ? C'était un pari perdu d'avance.
C'est d'autant plus inompréhensible que le Concile Vatican II, loin de souhaiter l'enfouissement de ce trésor de famille, s'était, au contraire, employé à en répandre l'estime : "L'Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d'ailleurs, doit occuper la première place" (SC 116).
Et très concrètement :
"On achèvera l'édition typique des livres de chant grégorien ; bien plus, on procurera une édition plus critique des livres déjà édités postérieurement". (117)
Sans oublier les petites églises :
"Il convient aussi que l'on procure une édition contenant des mélodies plus simples à l'usage des petites églises" (ibid.).
Il ne s'agit donc nullement de "revenir" au grégorien, mais de le cultiver et de le faire vivre !
La Présentation Générale du Missel Romain persiste et signe :
"Et comme les rassemblements entre fidèles de diverses nations deviennent de plus en plus fréquentes, il est nécessaire que ces fidèles sachent chanter ensemble, en latin, sur des mélodies assez faciles, au moins quelques parties de l´Ordinaire de la messe, notamment la profession de foi et l´oraison dominicale." (41)
L'on ne pourra donc pas raisonnablement suspecter ces directives d'être le symptôme d'une quelconque nostalgie stérile et désuète, pas plus que d'une focalisation indue sur la culture occidentale. Quel que soit le respect dû autres traditions musicales dans la liturgie, cela ne doit en aucun cas conduire à à la dévaluation, voire à l'élimination pure et simple du chant grégorien. C'est une simple question de bon sens, comme le faisait remarquer le Cardinal Ratzinger :
"Ne faudrait-il accorder respect et 'place convenable' dans la liturgie (art. 119) qu'aux traditions non chrétiennes ? Le Concile lui-même s'oppose heureusement à une logique aussi absurde, lui qui demande 'la plus grande sollicitude' pour 'conserver et cultiver' ce 'trésor' (art. 114). Mais on ne peut véritablement 'conserver et cultiver' ce qu'est cette musique que si elle continue à être prière sonore, geste de glorification - que si elle résonne là où elle est née : dans le culte divin de la sainte Église."
Peine perdue également d'objecter que tout cela est bien joli pour des assemblées en Occident, et de ridiculiser ne fût-ce que l'éventualité de l'usage du chant grégorien en Afrique, par exemple. Le Cardinal Arinze témoigne que lors d'une célébration d'ordination presbytérale de onze prêtres qu'il avait célébrée au Nigéria, environ 150 prêtres on chanté la première Prière Eucharistique en latin. "C'était beau. Les gens, bien que n'étant nullement des latinistes confirmés, l'ont beaucoup apprécié."
Alors pourquoi, au nom de quoi, bouder le chant grégorien, comme on le fait dans la quasi totalité des paroisses en France et ailleurs ?


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