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Christine Lagarde, de la limite d’âge à la limite de jugement

Publié le 26 août 2007 par Jean-Paul Chapon

Quand l’idéologie seule tient lieu d’intelligence, on fonce droit dans le mur. En ces temps lourds où le compassionnel et l’émotion semblent être les principaux ressort et source d’inspiration de l’action du gouvernement Sarkozy - avec encore la bénédiction des français à en croire les sondages - la démission de Guy Roux vient utilement rappeler à qui voudra l’entendre, à quel point l’aveuglement idéologique peut faire dire et faire des choses « stupides ». Que l’on se souvienne de Christine Lagarde volant au secours de l’entraîneur il y a à peine deux mois, qualifiant justement de « stupide » la décision de ligue de foot-ball de ne pas homologuer le contrat de l’entraîneur en raison de son âge. Notre ministre inspirée déclarait alors le 28 juin dernier, « cela m’émeut car je trouve cela stupide de dire à quelqu’un de bon et de compétent, “vous ne pouvez pas travailler parce que vous êtes trop vieux…Ces limites d’âge, ces barres fatidiques, il faut réfléchir pour les supprimer » . En cela, elle ne faisait que suivre servilement la direction montrée par Nicolas Sarkozy, qui avait estimé comme le rapportait David Martinon que « c’est plus la règle qui est vieille que Guy Roux ».

Alors aujourd’hui, malgré l’évocation de son traitement médical plutôt que de son âge, Guy Roux lui-même conseille de « prendre un plus jeune » : “Si on avait été premiers, j’aurais eu plus de mal à persuader que je devais arrêter, mais j’ai senti l’impossibilité de hausser le ton moral et psychologique, pas la voix, dans certains moments décisifs, c’est très dur de le reconnaître, mais je le reconnais. Je leur ai dit: «prenez un plus jeune», je crois que c’est ce qu’ils ont fait.”

A 68 ans pour une activité aussi physique, il n’y a pas de honte, et ce n’est pas vrai que pour les entraîneurs de foot… Pouvoir travailler plus tard, oui, ne pas utiliser la discrimination par l’âge comme c’est le cas aujourd’hui dans nombre d’entreprises où la préretraite est le premier outil de régulation des effectifs, mille fois d’accord. Mais il faut être capable de discernement et de jugement, si ce n’est de bon sens pour savoir là où c’est souhaitable ou possible, et là où ça ne l’est pas. Deux mois après, qu’est-ce qui est stupide, pourrait-on demander à Christine Lagarde, ministre de l’économie, dont on admirera la capacité de jugement et d’analyse à l’occasion de cette affaire ? D’avoir Guy Roux qui reconnaît que « c’est un peu humiliant de dire à mon président: «enlevez-moi, prenez un plus jeune». Mais qui ajoute avec lucidité, « quand un joueur n’est pas en forme, c’est son devoir de le dire à son président, c’est la même chose pour un entraîneur, quand il n’est pas en forme, il doit aller le dire à son président. » Et demain va-t-on croire Christine Lagarde sur ses déclarations à venir, quand elle essaie de rassurer sur la situation économique, avec la même lucidité et sans parti-prix idéologique bien sûr ? Espérons au moins qu’elle n’a pas eu le temps de réfléchir à supprimer ces limites d’âges et que Guy Roux ne va pas être obligé de rester…

Le bon sens pour notre malheur semble avoir été définitivement avalé par l’aveuglement idéologique de Nicolas Sarkozy et de son équipe gouvernementale. Et cela ne fait que 100 jours…


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