Le Dimanche de la Vie, 3
Je néglige actuellement mes exercices quasi ignatiens sur l’actualité (La semaine de Fraise). La règle du jeu est de prendre un temps de recueillement pour, sans le secours d’aucun document, faire le point dans la foulée en quelques lignes sur ce qu’on a bien retenu de l’actualité de la semaine écoulée. C’est pas qu’il ne se passe rien, mais je suis pris actuellement par d’autres chantiers… Je renoue aujourd’hui avec le Dimanche de la Vie, juste pour citer ces deux poèmes de Georges Haldas, le fin chroniqueur du Boulevard des Philosophes et non moins profond poète à la métrique subtilement décantée. J’y reviendrai bientôt et après Brodski, c’est donc aujourd’hui avec Haldas le début d’une chronique à épisodes…
Fidélité lointaine (1. L’eau profonde)
Je descends dans le puits
artésien du grand doute
Je traverse une nuit
pointillée par tous ceux
qui furent là un jour
demain n’y seront plus
Mais toi réduite au souffle
toujours tu seras là
Toujours je cueillerai
l’anémone le soir
Toujours je revivrai
au bruit des pas, des voix
Toujours je redirai
dans le gouffre : patience
Toujours je te verrai
renaître de l’absence
Vision (2.Le grain)
Le soleil du matin
peignait les rues légères
Rendait gais les passants
La fontaine parfois
détournait son visage
afin que chacun puisse
mieux entendre sa voix
Dans les jardins mouillés
les plus vieux bancs du monde
invitaient au silence
Au fond des allées sombres
les marronniers rêvaient
Et moi je voyais Dieu
dans un grand voile d’or
porter pour nous des œufs
Georges Haldas (né à Genève le 14 août 1917), Un grain de blé dans l’eau profonde, L’Age d’Homme, 1982.