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K-Ville - le pilote

Publié le 26 août 2007 par Heather
K-Ville - le pilote

Diffusée sur : Fox
A partir du :17 septembre 2007 (PreAir)

Avec qui ?
Anthony Anderson (The Shield), Cole Hauser, Maximiliano Hernndez, Blake Shields, Tawny Cypress (Heroes), John Carroll Lynch (Close to Home, Carnivàle).

Ca parle de quoi ?
Deux ans après l'ouragan Katrina, la ville est encore en plein chaos. Beaucoup d'officiers de police ont démissionné, les commissariats et les laboratoires affiliés n'ont toujours pas été vraiment reconstruits. Mais il y a encore quelques policiers qui trouvent le courage d'assurer leur métier en dépit des conditions difficiles. Marlin Boulet fait partie d'une unité appelée la Felony Action Quad, spécialisée dans la recherche des criminels les plus dangereux. En dépit de l'abandon de son partenaire pendant la tempête, il est resté à son poste, passant des jours entier dans l'eau pour sauver des vies et faire respecter l'ordre. Il est en tout cas dorénavant convaincu qu'il faut parfois contourner les règles pour attraper les ennemis de la loi. Le nouveau partenaire de Boulet, Trevor Cobb, était un soldat en Afghanistan avant de rejoindre l'unité spécialisée. Il est strict et engagé. S'il est très peu à l'aise avec les méthodes de Boulet, c'est parce qu'il cache un terrible secret... Il est dorénavant à New Orleans pour faire sa repentance, mais la rédemption peut parfois être dangereuse. Est ce que Boulet pourra lui faire confiance ? Est ce que le passé de Cobb ne va pas mettre les deux partenaires en danger ? (source : http://www.serieslive.com/)

K-Ville - le pilote

Et alors ?
L'interrogation principale après lecture du synopsis était de savoir si l'on allait avoir droit à un énième cop show ou si les scénaristes allaient exploiter le décor de cette nouvelle série pour créer un univers à eux, comprenant une valeur ajoutée intéressante.

Un des atouts de ce pilote est de se dérouler dans l'ambiance si particulière de la Nouvelle-Orléans, qui rend toujours bien à l'écran. Mais, évidemment, la série intègre à son scénario la catastrophe de septembre 2005. C'est donc face à une Nouvelle-Orléans post-Katrina, se relèvant lentement de ses ruines, que le téléspectateur se trouve. Un aspect a priori intéressant à traiter, qui complexifie l'habituelle atmosphère festive portée par une bande-son jazz-esque des séries s'y déroulant. (Certes, toutes n'ont pas ces allures de cartes postales, mais on a tous en tête par exemple la chatoyante série, Flic de mon coeur) Tout en conservant l'atypisme de cette ville, la série s'intéresse évidemment plus au chaos ayant résulté des inondations, aux habitants qui ont déserté leurs maisons et à ceux qui sont restés, mais qui souffrent toujours des séquelles psychologiques. Traumatisme des enfants face à l'eau ou, pour les adultes, souvenirs brûlants de ces journées en enfer passées dans l'eau pour ceux qui étaient sur place. C'est notamment le cas pour le héros de la série, Marlin Boulet (oui, la porte ouverte au jeu de mots facile... on espère juste pour lui que ce nom n'aura rien de prémonitoire). Profondément secoué par les évènements, toujours sur la brèche, il s'active pour faire renaître sa ville. Mais le téléspectateur perçoit derrière ces excès de violence un homme qui flirte dangereusement avec ses limites et qui risque de craquer ou de s'effondrer à tout moment. Les dérapages ne sont d'ailleurs jamais bien loin lors de l'enquête de ce pilote ; il est à un moment donné à deux doigts d'abattre son nouveau partenaire... Ainsi, l'épisode pose le tableau du décor en évoquant toutes les conséquences humaines et matérielles de Katrina. C'est ce que l'on attendait. Malheureusement, il ne se dégage pas véritablement d'ambiance particulière de ces faits. Certes, les préoccupations sont là, les graffitis sur les murs et les maisons abandonnées défilent, mais il manque quelque chose pour toucher le téléspectateur qui reste finalement un observateur passif. La série ne va peut-être pas assez loin, ne s'éloignant guère des exemples archétypes que l'on imagine en pareille situation. Toujours est-il que le processus d'immersion dans un décor qui doit être un de ses atouts ne fonctionne pas dans ce pilote.

Ce problème peut s'expliquer par le défaut majeur de l'épisode : l'impression désagréable de visionner un condensé d'histoires en accéléré. Si c'est tout juste perceptible pour l'installation du décor, c'est en revanche plus que flagrant dans les storylines principales. A priori, suivre une équipe d'intervention s'occupant des criminels les plus dangereux évoque au téléspectateur The Shield (la présence d'Anthony Anderson joue également, même si ce dernier est complètement métamorphosé par rapport à son rôle dans la série de FX). Mais nous sommes sur un grand network, par conséquent, il convient de rester dans du divertissement plus accessible et light qu'une plongée dans les quartiers de chaud de Los Angeles. K-Ville n'exploite donc pas réellement le cadre de départ et bascule rapidement dans un copshow tout ce qui a de plus classique. Les deux personnages principaux, Marlin et Trevor, font équipe, dernière déclinaison en date d'une longue lignée de duos de policiers. Et les scénaristes oublient d'accorder des lignes de dialogues aux personnages secondaires, mis à part le chef de l'unité qui remplit sa fonction de patron par nature en colère contre ses hommes, mais restant dans un registre paternaliste.

L'enquête en elle-même est l'occasion du démantèlement en un temps record d'un vaste "complot" impliquant des mercenaires, la ravissante et blonde héritière d'un magnat du coin et un trafic pour racheter les maisons désertées de quartiers défavorisés. L'épisode parvient en prime à inclure plusieurs grandes fusillades à rallonge, des courses poursuites filmées selon la technique "moderne" de réalisation, caméra tremblotante au poing, et même le spectacle pyrotechnique de l'explosion d'un véhicule de police. Une débauche d'effets qui masque difficilement le caractère extrèmement basique et l'approche ultra-simplifiée de l'intrigue. L'enquête est expéditive, tout est démantelé dans l'épisode. On a l'impression que les scénaristes ont tenté de cacher l'absence de construction du fond en la noyant dans tous ces excès. Mis à part illustrer le "sentiment d'insécurité" régnant dans la Nouvelle-Orléans, cela n'apporte rien. Et même cet aspect n'est pas véritablement travaillé. Obtenir pour résultat une série d'action sans plus, c'est un peu décevant au vu des éléments exploitables à partir du concept de départ.

Seuls les deux personnages principaux sont explorés durant cet épisode. C'est surtout à Marlin que l'on s'intéresse, mais c'est à son collègue qu'est dédié le twist final, une "révélation" qui tombe comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase des excès supportés durant l'ensemble du pilote. La série ne s'offrira même pas le luxe de faire planer le moindre mystère sur le personnage finalement très trouble de Trevor. Après que Marlin lui ait montré un avis de recherche le concernant datant de deux ans, le voilà qui se confesse, versant dans le mélodrama en racontant ce qu'il s'est passé lors de Katrina. Il est sur le chemin de la rédemption en quelque sorte. Pas de mystère entretenu (quand je vous parlais du caractère condensé expéditif de ce pilote), mais en plus, la psychologie des personnages peine à trouver de la profondeur. On reste dans des schémas très basiques, trop classiques. Pourtant, quelques scènes laissent entrevoir un certain potentiel. Mais ces quelques échanges que l'on aimerait voir plus souvent dans ce pilote sont ceux qui rappellent The Shield. K-Ville a du mal à imposer son identité. Ou plutôt, elle semble ne pas être certaine de cette dernière.

Bilan :Le cadre de la Nouvelle-Orléans post-Katrina constitue la particularité de ce cop-show qui se présentait un peu comme un The Shield non câblé, destiné à une plus large audience. Mais le pilote ne trouve pas son ton, retombant dans un trop classique copshow que gâchent les excès des scénaristes qui veulent trop en faire.
Ces défauts ne sont pas forcément irrémédiables, mais il faut absolument que la série se trouve une identité propre et parvienne à exploiter son décor plus efficacement. D'autre part, il faudrait que les scénaristes comprennent qu'il est parfois nécessaire de prendre son temps, pour installer l'ambiance de la série, mais également pour poser des intrigues et des personnages qui tiennent la route.


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