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God save sir Charlton !

Publié le 24 février 2009 par Philostrate
God save sir Charlton !   De passage à London en signe d'allégeance à Albion, Philostrate est parti fureter du côté de Covent Garden. Sur l'étal d'un vendeur de vieux papiers, ce numéro de Goal - autoproclamé "The world's greatest soccer weekly", toujous le sens de la mesure de nos frères ennemis anglois…- attendait de trouver preneur.
   Entre autres pépites, cette édition du 1er mai 1971 contenait un article, signé sir Bobby Charlton, sur le débat qui faisait alors rage outre-Manche autour de la professionnalisation des arbitres. Oubliez le contexte et vous constaterez, qu'il s'agisse de statut ou d'arbitrage vidéo, combien la condition des hommes en noir suscite toujours les mêmes interrogations et lignes de fracture dans le milieu du football. Extrait…
   "Je ne suis pas sûr, pour ma part, que des arbitres professionnels apporteront une réponse (aux récentes erreurs d'arbitrages constatées dans le championnat, NDP). Quel que soit leur statut, les arbitres resteront des êtres humains et seront par ce seul fait, toujours susceptibles de commettre des erreurs (…) Ceci dit, il n'y a pas à mon sens un si grave problème d'arbitrage dans ce pays. Il arrive aux arbitres de se tromper, mais aux joueurs aussi…
   Je crois que, dans un futur pas si lointain, les arbitres gagneront beaucoup d'argent en dirigeant des matches - peut-être autant que la majorité des joueurs. Mais je ne vois pas pourquoi aujourd'hui on devrait les suspecter de prendre des décisions qui pourraient favoriser la montée ou précipiter la descente de telle ou telle équipe…" On admire le sens de la mesure de sir Bobby. Un respect du sale boulot dévolu aux hommes en noir, que nous ferions bien de prendre à notre compte, alors même que les ralentis dont nous gavent les réalisateurs de football, ceux-là même sur lesquels les décisions d'arbitrage sont passées au crible, ne suffisent pas toujours à se faire un avis sur la réalité d'une faute, d'un but ou d'un pénalty !
   Bobby rappelle, en quelques lignes, que l'erreur est humaine et que, sauf à le confier à des Judge Dredd des surfaces, l'arbitrage n'échappe pas à cette règle. On peut bien professionnaliser, multiplier les assesseurs, les caméras ou même adopter l'arbitrage vidéo, l'humanité laissera toujours des maillons faibles dans la chaîne de décision. Il en va de même des joueurs et des dirigeants. Et c'est tant mieux.
God save sir Charlton !   Car ne nous trompons pas de cible mes amis. Ce monde sans erreur dont les pseudo protecteurs de l'équité sportive rêvent aujourd'hui, conduit sur les terrains comme ailleurs au "1984" de George Orwell. Un univers où, à force de gommer les aspérités, de vouloir à tout prix réduire les risques (d'erreur ou de dopage, n'en déplaise au Big Brother de l'AMA…), le meilleur des mondes se construit sur l'autel de la déshumanisation. Les sportifs n'ont pas à enfiler le costume de modèles, taillés par les théoriciens de l'hydre olympique ou les publicitaires.
   Leur seule exemplarité réside dans leur humanité, qui les rend, comme nous tous, vulnérables, capables des plus grands exploits comme des pires bassesses, d'erreurs fatales ou de petits arrangements avec la morale. En guise de conclusion et pour rester dans l'ambiance swinging'London pattes d'eph' et rouflaquettes, Philostrate offre à tous les amoureux de sport anarchique cette photo du divin George Best. Seigneur et vagabond. Buteur et buveur. Génial et exaspérant. Prodigieux et inconséquent. Humain, assurément…


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