Magazine Politique

Le Purgatoire (3) - Témoignages - Le sanctuaire de Montligeon

Publié le 25 février 2009 par Hermas

" L'apôtre dit : il sera sauvé comme à travers le feu... On méprise ce feu à cause des mots "il sera sauvé". Il est certain pourtant que ce feu sauveur sera plus terrible que toutes les souffrances qu'un homme puisse endurer en cette vie. "

Sainte Gertrude priait pour Frère Hermann, convers, récemment décédé. Cette âme lui ayant été montrée : " Pour quelle faute, lui demanda-t-elle, souffrez-vous davantage ? - Pour ma volonté propre : même lorsque je faisais du bien, j'aimais mieux en faire à ma tête que de suivre l'avis des autres. J'en souffre maintenant une si grande peine que, si l'on réunissait toutes les peines qui accablent le cœur de tous les hommes, elles n'arriveraient à rien de pareil à ce que je souffre. " Comme Gertrude récitait pour lui l'Oraison dominicale, quand elle prononça ces paroles : " Pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons ", cette âme prit un air plein d'anxiété et lui dit : " Lorsque j'étais dans le monde, j'ai beaucoup péché pour n'avoir pas facilement pardonné à ceux qui avaient agi contre moi ; pendant longtemps, je gardais mon sérieux avec eux, et, pour expiation, je souffre, lorsque j'entends ces paroles, une honte intolérable et pleine d'anxiété. " Comment on offrait pour cette âme le saint Sacrifice, elle parut en être merveilleusement réjouie et glorifiée. Ce que voyant Gertrude, elle demanda au Seigneur : " Cette âme a-t-elle acquitté maintenant tout ce qu'elle devait souffrir ? " Le Seigneur répondit : " Elle en a plus acquitté que toi ou quelqu'un des hommes ne pourrait le penser, cependant elle n'est pas tellement purifiée qu'elle puisse être admise à jouir de ma présence. Mais sa consolation et son soulagement vont toujours croissant à mesure que l'on prie pour elle. Cependant vos prières ne peuvent la secourir aussi promptement qu'elles le feraient si elle n'avait commis dans le monde cette faute de se montrer dure et inexorable et de ne pas fléchir sa volonté au gré de la volonté des autres, ne voulant pas accorder ce qu'elle n'avait pas dans sa volonté. "

" Si les pauvres hommes pouvaient soupçonner ce que sont le purgatoire et l'enfer, ils préféreraient mourir dix fois que d'endurer de tels supplices un seul jour. "

" Après les visions susdites, la servante de Dieu fut conduite à celle du purgatoire dont la distribution est la même que celle de l'enfer. En approchant de ce triste lieu, elle lut ces paroles écrites sur la porte : "C'est ici le purgatoire, lieu d'espérance, où les âmes attendent l'accomplissement de leur désir". L'ange Raphaël lui fit voir les trois parties de cette demeure ; et voici ce qu'elle y vit :

Dans la partie la plus basse brûle un feu qui donne de la lumière, dissemblable en cela à celui de l'enfer, qui est noir et sans aucune clarté. Ce feu est très ardent et d'une couleur rouge. C'est là que sont punies les âmes redevables à la justice divine de la peine temporelle qu'elles méritèrent par de grands péchés ; et le feu les tourmente plus ou moins rigoureusement, selon la qualité et la quantité de leurs dettes. L'ange lui dit que, sept années de souffrances dans cette partie intérieure, correspondent à celle temporelle méritée par un seul péché mortel.

A la gauche de ces âmes, mais hors du purgatoire, Françoise vit les démons qui les tentaient pendant la vie, et elle observa que ces pauvres âmes souffraient beaucoup de leur vision, et des reproches qu'ils ne cessaient de leur faire entendre. "Vous avez mieux aimé, leur disaient-ils, suivre nos illusions et nos persuasions, que les préceptes de l'Évangile. Vous avez eu la folie d'offenser Celui à qui vous étiez redevable de votre création et rédemption. Demeurez ici maintenant pour expier vos ingratitudes". Du reste, le pouvoir des démons sur ces âmes se borne à ces deux choses : à les affliger par leurs reproches et par leur horrible aspect.

Ces âmes, placées dans le feu du purgatoire inférieur, acquiescent humblement à la justice divine ; néanmoins, la rigueur des peines qu'elles endurent leur arrache des gémissements que personne en cette vie ne saurait comprendre. Elles acquiescent à la volonté de leur juge, parce qu'elles comprennent parfaitement l'équité des tourments qu'elles endurent. Or, cet acquiescement, est cause que Dieu prête l'oreille à leurs plaintes, qu'Il en est touché et leur donne quelques consolations. Il ne les arrache pas pour cela aux flammes qui les brûlent, mais Il leur fait trouver dans leur soumission même, une sorte de rafraîchissement, ainsi que dans la pensée qu'elles arriveront bientôt à la gloire éternelle. Elles connaissent non seulement leurs propres péchés, mais encore ceux des autres âmes qui souffrent avec elles, et toutes sont contentes de la justice punitive de Dieu, qui s'exerce avec tant d'équité.

Lorsqu'un ange gardien a conduit dans ce purgatoire inférieur l'àme qui lui était confiée, il se place en dehors de la prison, au côté droit de la porte, tandis que le mauvais ange se place au côté gauche ; et il se tient là jusqu'à ce que cette âme entièrement purifiée, devienne libre de monter au ciel. C'est lui qui recueille les suffrages offerts pour elle sur la terre, et les présente à la justice de Dieu, qui les lui rend, afin qu'il les applique à cette pauvre âme, comme un remède qui adoucit ses maux. Il présente également à Dieu toutes les bonnes œuvres qu'elle a faites pendant sa vie mortelle tandis que le mauvais ange rappelle sans cesse les péchés qu'elle a commis, à la justice du Seigneur. Lorsqu'une âme a fait des legs pieux avant son trépas, Dieu, dans Sa bonté, les accepte sur-le-champ et les récompense, quand même ils ne recevraient pas leur exécution par la faute de ceux qui en étaient chargés. Cependant, si elle a renvoyé ces bonnes œuvres après sa mort, par affection pour ses richesses, Dieu ne la récompense qu'à l'expiration du temps déterminé par elle pour leur accomplissement.

Ce purgatoire inférieur se divise en trois prisons séparées, où le feu n'a pas une égale ardeur ; il est plus brûlant dans la première que dans la seconde, et dans la seconde que dans la troisième, Or, la première est destinée aux religieux et aux prêtres, eussent-ils commis de moindres péchés que les séculiers, parce qu'ils ont eu plus de lumières et n'ont pas honoré leur dignité comme ils le devaient. Françoise vit dans ce cachot un prêtre fort pieux, mais qui avait trop contenté son appétit dans l'usage des aliments. La seconde prison est la demeure des religieux et des clercs qui ne furent pas honorés du sacerdoce. Dans la troisième, sont renfermées les âmes séculières qui commirent des péchés mortels et ne les expièrent pas pendant la vie. Les tourments ne sont pourtant pas égaux dans chacune de ces prisons ; ils sont plus ou moins cruels selon la mesure des dettes et la qualité des personnes. Les supérieurs y souffrent davantage que les inférieurs ; selon qu'une âme est plus ou moins coupable, les supplices sont plus ou moins cruels, et leur durée plus ou moins longue.

Après avoir considéré le purgatoire inférieur, Françoise fut conduite à la vision du purgatoire intermédiaire. Or, il se partage, comme l'autre, en trois parties, dont la première est un lac d'eau glacée, la seconde un lac de poix fondue, mêlée d'huile bouillante, et la troisième un lac de métaux liquéfiés. C'est dans ce purgatoire que sont logées les âmes, qui ne commirent pas de péchés assez graves pour mériter d'être placées dans le purgatoire inférieur. Ce sont donc les péchés véniels qui conduisent à ce purgatoire intermédiaire. Or, il y a dans cette prison trente-huit anges qui sont sans cesse occupés à transvaser, ces pauvres âmes d'un lac dans l'autre, ce qu'ils font avec des manières très gracieuses et une grande charité. Ces anges ne sont pas pris parmi leurs anges gardiens ; ce sont d'autres anges que la bonté de Dieu a chargés de ce ministère. J'attribue leur mission à la bonté de Dieu parce que leur présence est pour ces âmes d'une grande consolation.

La servante de Dieu reçut dans cette vision plusieurs lumières sur l'application des suffrages que les vivants offrent pour les morts, qui méritent bien d'être communiquées. Elle connut 1° que les messes, indulgences accordées, et bonnes œuvres offertes pour certaines âmes par leurs parents et amis, ne leur sont pas intégralement appliquées ; elles en reçoivent bien la meilleure part, mais le reste est réparti entre toutes les âmes du purgatoire. Françoise connut 2° que ces offrandes, faites par erreur à des âmes qui sont en paradis, profitent d'abord à ceux qui les font, et ensuite aux âmes du purgatoire. Elle connut 3° que ces mêmes secours adressés par les vivants à des âmes qu'ils croient en voie de salut, et qui sont réprouvées, entrent intégralement dans les trésors de leurs auteurs, parce que, ni les damnés ne peuvent en profiter, ni Dieu ne permet qu'elles soient appliquées aux âmes du purgatoire. Il est à remarquer que Françoise, au sortir d'une de ces visions, qui avait duré environ deux heures, crut y avoir employé un temps fort considérable. Il résulte donc de là que le temps qui semble passer vite sur la terre, parait bien long dans l'éternité " (Du Purgatoire, chap. VIII).

" De tant d'âmes qui furent montrées à Thérèse d'Avila, elle ne vit monter droit au ciel que trois, dont celle d'un géant de la pénitence, saint Pierre d'Alcantara. Les autres pénétraient dans la terre, disait-elle, et n'en ressortaient qu'une fois purifiées ".

Elle vit un jour une religieuse décédée depuis longtemps : " Elle me dit qu'elle souffrait beaucoup en purgatoire, mais que Dieu venait de lui faire souffrir une peine incomparable qui était la vue d'une de ses parentes précipitée en enfer. "

Un jour, elle priait devant le Saint-Sacrement ; soudain, devant elle se présente une personne tout en feu ; les flammes brûlent si ardentes qu'il lui semble qu'elle en est toute pénétrée. A cette vue, sous ces tortures dévorantes, ses larmes jaillissent, abondantes. L'âme qui lui apparaît est celle d'un religieux bénédictin de la Congrégation de Cluny. Prieur de Paray, il l'avait confessée une fois et lui avait ordonné de faire la sainte communion. Il lui demande aujourd'hui de lui appliquer pendant trois mois les mérites de toutes ses prières et de toutes ses souffrances. Il lui découvre alors les causes de son rude purgatoire : trop d'attache à sa réputation lui a fait préférer son propre intérêt à la gloire de Dieu ; il manqua de charité envers ses frères ; dans ses entretiens spirituels et dans ses rapports avec les créatures, il avait trop d'attache naturelle, et cela déplaisait beaucoup à Dieu. Pendant trois mois, il se tint près de sa victime volontaire, ne la quittant point, et, du côté où il se trouve, elle brûle comme tout en feu. La douleur très vive la fait pleurer continuellement. La supérieure, qui sait tout, qui a tout approuvé, touchée de compassion, lui ordonne des pénitences et des disciplines. Au bout de trois mois, le bénédictin lui apparaît, tout éclatant de gloire ; il monte au ciel ; après l'avoir remerciée, il l'assure qu'à son tour il la protégera.

" L'épouse du Crucifié " (Sposa del Crocifisso) entendit un jour la voix d'une jeune novice décédée du monastère de Florence : " 0 sœur, puisque vous avez payé ma dette (7), je ne manquerai pas de prier pour vous (8) et tout votre monastère. Si je pouvais retourner à la vie terrestre, je serais bien vite une sainte, et si les moniales de votre couvent savaient ce qu'est le purgatoire, elles sauraient vivre en vraies religieuses. Je vous le dis encore : que vos sœurs aient une idée du purgatoire, toutes alors seront des saintes. "

" Avant de quitter Plaisance, la jeune Orsola, prenant tout son courage, avait dit à son père : " Maintenant que vous avez le temps, pensez à ce que doit faire un chrétien, faites une bonne confession. " Pendant que je lui disais cela, écrit Véronique, il changea de visage et me demanda : " Pourquoi me dites-vous cela ? " Je répondis : " Je me sens inspirée de vous le dire. " Je savais qu'il y avait longtemps qu'il ne s'était pas confessé. Je sus qu'il se confessa peu après.

" Le pauvre Francesco Giuliani retomba ensuite dans ses faiblesses. " Il me semblait qu'on me disait mystérieusement que mon père était mort. Je cherchais à me distraire de ces pensées et à me résigner à la volonté de Dieu. Peu après, je vis mon père en songe. Il était très malade et dans son agonie se recommandait à mes prières. Je m'éveillai, mais je demeurai sous le coup d'une appréhension telle que j'eus comme la certitude que tout cela n'était pas un songe. La nuit suivante, je revis encore mon père : il était mourant, je le vis expirer. Je m'éveillai sous une poignante impression de douleur et je pleurai beaucoup. Mon cœur était gros de larmes, j'étais persuadée que je venais d'assister à la mort de mon père. J'avais reçu cependant, très peu de temps avant, une lettre où il me disait qu'il se portait bien. Mais après cette dernière nuit, je n'écoutais plus celles qui venaient pour me persuader que je me trompais et qu'il ne fallait pas croire aux rêves. Je cherchai à me distraire, mais je ne doutai pas de cette mort. Enfin, la nouvelle arriva. Il était vraiment mort à l'heure où je l'avais vu expirer. Mon chagrin fut extrême parce que je craignais pour son âme. Aussi je priai avec ardeur pour lui. Je vis alors une vision : un endroit horrible et plein d'épouvante et je compris que l'âme de mon père s'y trouvait. Jamais je ne pourrais exprimer ma douleur : je craignais que ce ne fût l'enfer ! Je demeurai longtemps dans cette peine cruelle. Je ne me souviens pas de lui avoir appliqué des suffrages. Je ne pouvais me mettre à rien, je ne voulais pas davantage dire la vision que j'avais eue, craignant que ce ne fût une vision diabolique. Mais cette même vision revint et je vis cette âme torturée d'une façon affreuse. Dans sa détresse, elle me criait : " C'est à toi d'obtenir cette grâce. " Je la vis souvent dans cet état et elle me disait qu'elle souffrait encore et qu'elle savait bien qu'elle était dans un lieu de salut. Je fis beaucoup de pénitences et de prières pour cette âme et je crus un jour entendre le Seigneur me dire : " Sois tranquille : pour telle fête, je délivrerai l'âme de ton père des tourments où elle se trouve. Si tu veux qu'il en soit ainsi, il faut que tu souffres beaucoup. " J'étais prête à tout souffrir pour obtenir cette grâce. Mes souffrances furent très grandes. Après la fête de sainte Claire, je crus voir l'âme de mon père, mais non dans le même lieu d'horreur. C'était encore le purgatoire, cependant. J'ai longtemps supplié le Seigneur de me donner la délivrance de cette âme. Bien des semaines après, j'eus cette révélation que je devais avoir beaucoup de regrets de n'avoir pas osé parler à mon père avec la liberté qu'il eût fallu. Je connaissais bien le lamentable état de sa conscience, et si je lui en avais dit quelque chose il se serait amendé. Je fis donc tous les jours mes oraisons pour cette âme et je la vis souffrir beaucoup. Je suppliai Dieu de toutes les forces de mon cœur de vouloir bien la délivrer de ses tourments. Je vis cette âme pendant la nuit de Noël. Un ange vint la prendre par la main et je vis mon père tel qu'il était pendant sa vie, mais revêtu de blanc. Il me salua et me remercia de ma charité. Aussitôt, i1 devint éclatant de lumière. Je ne le vis plus sous une forme humaine, il disparut avec l'ange. Le matin, après la communion, je revis encore cette âme toute belle et resplendissante. Elle me dit qu'elle n'avait pas été la seule délivrée du purgatoire, beaucoup d'autres avaient été délivrées aussi. Je les vis toutes, en grand nombre. La plume est incapable de décrire le bonheur que je ressentais. Je pense que Dieu m'a accordé cette grâce d'abord par les prières de la Sainte Vierge Marie, puis par celles de mes Sœurs.

A la jeune cousine de Mme Gros, venue se confesser : " Remerciez bien votre cousine de vous avoir amenée à Ars ; sans elle, vous seriez en enfer ". Et après lui avoir indiqué les causes, une fois la confession terminée, il ajouta : "... Et puis, voyez, ma petite, comme nous sommes ingrats. Il y a dix ans que votre père souffre dans le purgatoire ; vous jouissez de sa fortune et vous ne songez pas à faire dire une seule messe qui le délivrerait. "

Sermon du Curé d'Ars pour la commémoraison des défunt

" Comment pourrai-je faire le tableau déchirant des maux qu'endurent ces pauvres âmes, puisque les saints Pères nous disent que les maux qu'elles endurent dans ces lieux semblent égaler les souffrances que Jésus-Christ a endurées pendant sa douloureuse Passion ? Le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer, la différence qu'il y a c'est qu'il n'est pas éternel. Ce feu est si violent qu'une heure semblent à ceux qui l'endurent des milliers de siècles. Si l'on pouvait comprendre la grandeur de leurs supplices, nuit et jour nous crierions miséricorde pour elles. Il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséricorde, permît qu'une de celles qui brûlent dans les flammes parût ici à ma place, tout environnée des feux qui la dévorent et qu'elle vous fît elle-même le récit des maux qu'elle endure. Il faudrait qu'elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots. Peut-être enfin cela attendrirait-il vos coeurs ! " Oh ! nous souffrons, crient-elles ! Oh ! nos frères, délivrez-nous de ces tourments : vous le pouvez ! Brûler dans un feu allumé par la justice d'un Dieu ! Souffrir des douleurs incompréhensibles ! Etre dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter ! "

Nous lisons dans l'Histoire ecclésiastique qu'un saint resta six jours en purgatoire avant d'entrer dans le ciel. Il apparut ensuite à un de ses amis, en lui disant qu'il avait enduré des souffrances si grandes qu'elles surpassaient toutes celles qu'ont endurées et qu'endureront jusqu'à la fin des siècles tous les martyrs réunis ensemble ! Oh ! mon Dieu, que votre justice est redoutable pour le pécheur ! Cependant qui peut entendre sans frémir le récit de ce qu'on enduré les martyrs, chacun en particulier ? Les uns ont été plongés dans des chaudières d'eau bouillante, d'autres sciés avec des scies de bois ; celui-ci étendu sur un chevalet, déchiré avec des crochets de fer qui lui arrachaient les entrailles ; d'autres foulés aux pieds ; celui-là étendu sur des brasiers ardents, auquel il ne restait que ses os tout noircis et brûlés ; enfin d'autres ont été mis sur des tables garnies de lames tranchantes et qui perçaient de part en part ces innocentes victimes ! Peut-on bien penser à tout cela sans se sentir pénétré de douleur jusqu'au fond de l'âme ? Or une âme en purgatoire souffre encore plus que tous les martyrs ensemble ! Qui pourra donc y tenir ? Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de ces pauvres âmes !

Mais ce n'est pas là tout leur supplice. Elles souffrent plus encore de la privation de la vue de Dieu. L'amour qu'elles ont pour lui est si grand, la pensée qu'elles sont privées de le voir par leur faute leur cause une douleur si violente que jamais il ne sera donné à un mortel d'en concevoir la moindre idée. Au milieu de ces flammes qui les brûlent, elles voient les trônes de gloire qui leur sont préparés et qui les attendent. Une voix semble leur crier : " Ah ! que vous êtes privés de grands biens ! Si vous aviez eu le bonheur de redoubler vos pénitences et vos larmes, vous seriez aujourd'hui assises sur ces beaux trônes tout rayonnants de gloire ! Oh ! que vous avez été aveugles de retarder un tel bonheur par votre faute ! "

Ah ! mes amis, nous crient ces âmes, s'il vous reste encore quelque amitié pour nous, ayez pitié de nous ! Arrachez-nous de ces flammes : vous le pouvez ! Beau ciel ! Quand te verrons-nous ? Oh ! si vous sentiez la douleur d'être séparés de Dieu. Cruelle séparation !

Hélas ! quand de tels supplices ne dureraient qu'un jour, qu'une heure, qu'une demi-heure, cela paraîtrait infiniment plus long à ces pauvres âmes que des millions de siècles dans les supplices les plus rigoureux ! Pourquoi cela ? Le voici. Quand Dieu punit quelqu'un en ce monde, ce n'est que sous le règne de sa bonté et de sa miséricorde, car si Dieu envoie une infirmité, une perte de biens ou d'autres misères, tout cela ne nous est donné que pour faire éviter les peines du purgatoire ou pour nous faire sortir du péché. Dans l'autre monde, au contraire, Dieu n'est conduit que par sa justice et sa vengeance. Nous avons péché et nous avons passé le temps de sa miséricorde. Il faut que sa justice soit accomplie et sa vengeance satisfaite. " Oh ! qu'il est terrible de tomber entre les mains d'un Dieu vengeur ! "

Au sein de leurs souffrances, si elles ne peuvent rien pour elles-mêmes, ces âmes peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu'il n'y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n'est pas difficile à comprendre. Si les saints qui sont au ciel et n'ont pas besoin de nous s'intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire qui reçoivent nos bienfaits spirituels à proportion de notre sainteté !

SAINT PADRE PIO recoit la visite d'une âme du Purgatoire

Un soir, Padre Pio se reposait. Seul, il était étendu depuis peu sur un lit de sangles, quand lui apparut un homme drapé dans un manteau noir. Surpris, Padre Pio se leva et lui demanda son nom et le motif de sa visite. L'inconnu répondit qu'il était une âme du purgatoire: "Je m'appelle Pietro Di Mauro. J'ai péri dans un incendie, le 18 septembre 1908, dans ce couvent transformé en centre d'hébergement pour personnes âgées, après l'expropriation des biens ecclésiastiques. Surpris dans mon sommeil, j'ai été la proie des flammes. Je viens du purgatoire: le Seigneur m'a permis de venir vous demander de célébrer à mon intention la sainte messe, demain matin. Grâce à votre prière, je pourrai entrer en Paradis." Padre Pio l'assura qu'il célébrerait la messe à son intention ... Voici ses mots: "Je voulus le raccompagner à la sortie du couvent. Je constatai que je m'étais entretenu avec un défunt seulement quand, sur le parvis, l'homme disparut. J'avoue être rentré au couvent plutôt effrayé. Notre supérieur, abbé Paolino de Casacalenda, avait remarqué mon agitation, aussi lui racontai-je ce qui venait d'arriver et lui demandai-je la permission de célébrer la sainte messe à l'intention de cette âme. Quelques jours plus tard, abbé Paolino, intrigué, se rendit au bureau de l'état civil de la commune de San Giovanni Rotondo, où il demanda et obtint la permission de consulter le registre des décès pour le mois de septembre 1908, où figuraient les nom et prénom du défunt, de même que la cause du décès: "Le 18 septembre 1908, dans l'incendie de l'hospice, Pietro Di Mauro, fils de Nicola, a trouvé la mort."

Le Purgatoire (3) - Témoignages - Le sanctuaire de Montligeon

Le Sanctuaire Notre-Dame de Montligeon a été fondé au siècle dernier par l'abbé Paul Buguet (1843-1918).

A 35 ans, le P. Paul Buguet est nommé à La Chapelle-Montligeon, petite bourgade au pied de la forêt de Réno-Valdieu, au flanc d'une colline. L'église du village est bien misérable ; les maisons grises, de même, ne donnent guère une impression de richesse. La population, composée de quelques cultivateurs et commerçants mais surtout de bûcherons, de charpentiers et de sabotiers, est alors de 770 habitants : elle a diminué de 300 âmes en un demi-siècle. Beaucoup partent chercher du travail en ville.

Deux ans avant son arrivée à La Chapelle-Montligeon, le P. Buguet avait été profondément affligé par trois décès dans sa famille. Le soir du 1er novembre 1876, son frère Auguste était écrasé par la chute de la cloche de l'église Notre Dame de Mortagne. " Et son âme ?", s'écrie alors le jeune abbé. Cet accident tragique est suivi de la mort de ses deux nièces âgées de 12 et 16 ans. " Une conséquence à tirer de ce que je viens de méditer, c'est la nécessité de soulager les âmes du Purgatoire. Je n'ai que trop tardé à réaliser l'Œuvre que j'avais projetée. Il faut que je travaille à délivrer ces âmes ", note l'abbé Buguet dans son Journal quelques mois plus tard. L'idée de créer une œuvre pour "la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire" germe dans son esprit. Elle va devenir réalité à La Chapelle-Montligeon.

Un des soucis qui le hantent dès lors est de prier et faire prier pour tous les défunts, surtout " ceux pour lesquels personne ne prie ". Après plusieurs démarches, l'abbé Buguet obtient en 1884 de Mgr Trégaro, évêque de Sées, l'approbation des statuts de l'Association pour la délivrance des âmes du Purgatoire. Il devient alors, comme il le dit lui-même, le " commis-voyageur des âmes du Purgatoire ", quêtant de paroisse en paroisse pour bâtir son Œuvre.

En 1887, il se lance dans une autre aventure : " Je cherchais à concilier ce double but faire prier pour les âmes délaissées et, en retour, obtenir par elles le moyen de faire vivre l'ouvrier. " Pour cela, il décide de créer une imprimerie afin de publier les bulletins de l'Œuvre. Il commence dans une petite salle du presbytère avec l'aide d'un sabotier qui se met à sa disposition pour typographier. Pendant deux ans l'imprimerie fonctionna ainsi. Mais le nombre de bulletins augmentant, il fait construire des hangars dans la cour et achète de vieilles maisons pour loger les ouvriers et les interprètes. Les commandes arrivant, en effet, de tous les coins d'Europe, il faut les traduire de l'anglais, de l'allemand ou du flamand...

En 1894, l'imprimerie abandonne hangars et vieilles maisons pour s'installer dans de nouveaux murs : elle devient " Société anonyme des établissements de La Chapelle-Montligeon ". Elle compte à cette époque 31 ouvriers. En 1887, après le premier pèlerinage organisé pour prier pour " les saintes âmes ", les pèlerins commencent à affluer de toute la France et de l'étranger . Le renom de Notre-Dame de Montligeon commence à s'étendre de par le monde.

Nous voudrions élever, à Montligeon, une chapelle digne de notre grande et belle Œuvre où tous les jours viennent se réunir, pour monter ensemble vers Dieu, les recommandations de l'univers. " , peut-on lire en juin 1890, dans le trentième Bulletin de l'Œuvre. Très vite, pour répondre au souhait du P. Buguet, les dons affluent si bien que, le 22 septembre 1894, le premier coup de pelle est donné. Parrallèlement, l'abbé Buguet commence ses grands voyages, toujours comme missionnaire des âmes du Purgatoire : Rome (1893) où il est encouragé par le pape Léon XIII, l'Europe occidentale (1895), les États-Unis (1897), l'Allemagne et l'Europe Centrale (1898), l'Espagne (1899). Il voyage. Le 4 juin 1896, la première pierre de la future basilique Notre-Dame de Montligeon est bénie. En cette même année, l'abbé Paul Buguet quitte le presbytère et vient loger avec ses collaborateurs dans un immense bâtiment en haut de l'esplanade : la Maison des Chapelains. En mai 1905, le chœur et la nef principale sont achevés.

Malheureusement, du fait de la guerre, les travaux sont interrompus en 1916. Cette année-là, le Père Buguet fête son jubilé sacerdotal. Deux ans plus tard, épuisé, il meurt à Rome le 14 juin 1918. Son corps, ramené à Montligeon, repose sous la Basilique.

Au fil des années, l'œuvre de Montligeon s'est développée à travers le monde. De multiples groupes de prière et de vie chrétienne se sont implantés en Europe, aux Amériques, en Asie et surtout en Afrique. Des messes sont ainsi célébrées chaque jour dans le monde aux intentions confiées à Notre-Dame de Montligeon. Cette vaste "fraternité sans frontière" est devenue comme une sorte de paroisse invisible, autour de la Basilique, pour assurer indéfiniment la grande intercession qui relie l'Eglise d'ici-bas à Celle de l'au-delà.

Trois prêtres, membres de la communauté St Martin, forment l'équipe pastorale du Sanctuaire. Six Sœurs de la communauté de la Nouvelle Alliance sont installées dans le village de La Chapelle-Montligeon, à proximité du sanctuaire. Leur mission est de " servir la miséricorde divine dans la simplicité et la joie "

(Il est possible de poser des questions (sur le thème de la mort, du purgatoire, de l'au-delà, du suicide, etc.) auxquelles les membres du Sanctuaire se proposent de répondre, en cliquant ICI.

" spécialement ceux qui ont le plus besoin de votre miséricorde "


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hermas 907 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines