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Sursaut d'orgueil. France 21 - Pays de Galles 16

Publié le 28 février 2009 par Ansolo
Blog de antoine-rugby :Renvoi aux 22, Sursaut d'orgueil. France 21 - Pays de Galles 16

On avait dit combien il était dans les gènes du rugby Français de se transcender lorsqu'on le prétend au plus mal. Est-ce la fameuse "sainte trouille", dont certains chroniqueurs ont parlé à l'envie depuis lundi dernier, qui a permis au XV de France d'ébranler le monolithe Gallois, si sûr de sa force ?

Peut-être. Plus sûrement avons-nous assisté hier soir au sursaut d'orgueil d'une équipe piquée au vif par les critiques qui se sont abattues, tel Dusautoir sur Stephen Jones, sur Marc Lièvremont et son équipe, accusés de gérer la sélection à la petite semaine. Ce succès, c'est sans conteste celui du mental tricolore sur celui de leurs adversaires.

Agressivité défensive et présence dans les regroupements, sans commune mesure avec ce qui nous avait été donné de voir jusqu'à présent, ont permis aux tricolores de dérégler la belle mécanique galloise. Pourtant, on sentait à l'entame du match que les hommes de Warren Gatland disposaient d'un avantage physique et d'une organisation solide, supérieure aux Français, tant défensivement qu'offensivement.

Mais les montées rapides sur l'ouvreur Gallois et les lignes arrières, la contestation systématique du ballon dans les rucks (plusieurs balles ont d'ailleurs été arrachées par les Bleus) ont permis de limiter le rayonnement offensif des Diables rouges. Ajoutons à cela un arbitrage rigoureux du Sud-Africain Mark Lawrence, qui n'a pas laissé Martyn Williams, le redoutable troisième ligne ailes du XV de Galles, agir à sa guise dans les regroupements, comme c'est trop souvent le cas habituellement. A cet égard, la répartition des pénalités distribuées témoigne du caractère équilibré de l'arbitrage hier soir.

Eblouissant Imanol

On avouera avoir éprouvé une certaine inquiétude lorsque l'arrière Gallois, Lee Byrne alla applatir le seul essai de sa formation, à la 24ème minutes, à la suite d'une très belle combinaison dans les trente mètres Français. D'autant que quelque minutes auparavant, les Bleus s'étaient vu logiquement refuser un essai en force (Dimitri Szarzewski lâchant puis reprenant le ballon alors qu'il était au sol).

Mais les coéquipiers d'Imanol Harinordoquy, éblouissant hier soir, ne se sont pas laissés aller à l'abattement. Ils ont remis l'ouvrage sur le métier et ont fini par aller dans l'en-but, par Thierry Dusautoir, également internable. Au passage, on a hâte que le troisième ligne Toulousain retrouve la forme, lui qui se disait épuisé avant cette rencontre...

La deuxième mi-temps fut largement à l'avantage des Français, et c'est logiquement que Cédric Heymans parvint à aller à dame grâce à plusieurs enchaînements des trois quarts, en particulier deux passes "main - main" et un excellent travil de Mathieu Bastareaud. On regrettera que la réussite relative de Morgan Parra au pied (deux pénalités et une transformation ratées) n'ait pas permis aux Bleus de prendre le large, restant à portée de fusil de Gallois qui ne se sont jamais résignés.

La fin de match et les dernières minutes furent haletantes, et sans un pêché de gourmandise de Gavin Henson, rentré en cours de match, les Diables rouges auraient très bien pu réaliser ce qui se serait apparenté à un hold-up. Après avoir défendu ardemment et récupéré un énième ballon, les Bleus se dégagèrent une dernière fois par Mathieu Bastareaud, permettant à l'arbitre de libérer les quinze joueurs et leurs 70 000 supporters (impeccables hier, au soutien de leur équipe tout au long du match).

La victoire est là, des interrogations demeurent

Avant la rencontre, et alors qu'on lui reprochait d'avoir titularisé Benoît Baby à l'ouverture, voire Morgan Parra à la mêlée, Marc Lièvremont avait reconnu qu'il passerait sûrement pour un idiot en cas de défaite.

Mais la victoire est là, qui devrait apporter de la sérénité au sélectionneur et ses collègues. On a apprécié la forme retrouvée de Yannick Jauzion, qui a su hier soir retrouver ses vertus offensives comme défensives. On a également été assez agréablement surpris, avouons-le, par la performance de Mathieu Bastareaud. Il semble que les "gros matches" le transcendent. Il a mis quelques cartouches à son vis-à-vis en défense, et s'il a parfois un peu manqué de lucidité en attaque, il a "fait le job". Aux ailes, Cédric Heymans a rappelé combien il est précieux dans son replacement défensif et dans l'animation offensive. Il a inscrit un essai qui était loin d'être fait lorsqu'il a hérité du ballon. Son homologue Julien Malzieu a sembler éprouver des difficultés à se mettre dans la partie. Mais son intervention pleine d'à propos sur le deuxième essai français peut faire oublier sa performance en demi-teinte. Quant à Maxime Médard, il a fait ce qu'on attendait de lui. On le sent encore loin de son meilleur niveau. C'est dire quel brillant avenir s'offre à lui s'il continue à progresser comme il le fait depuis trois ans.

Au rayon des satisfactions, nombreuses hier, Morgan Parra a apporté une réponse pleine d'autorité à ceux qui doutaient de sa capacité à conduire le pack tricolore et animer le jeu derrière les regroupement. Il a accompli une performance assez remarquable pour un "minot" de son âge.

A l'ouverture, le malheureux Benoît Baby, parès une entame de match correcte, mais sans plus, s'est blessé. Il a été remplacé par François Trinh-Duc, qui a confirmé aux yeux de tous qu'il évoluait actuellement très en deça de son potentiel.

Devant, mention spéciale à Dimitri Szarzewski, farouche dans le combat et auteur de lancers en touche plutôt satisfaisants, et aux piliers. Même si la mêlée Française a paru en difficulté à plusieurs reprise, elle n'a pas cédé devant un pack gallois pourtant plus compact. On notera que l'arbitre a été relativement clément dans ce domaine, ne pénalisant pas la mêlée tricolore. Il faut dire que la poussée du pilier gauche des Diables rouges a souvent été très limite. Sanctionner les Français aurait donc été assez injuste...

Lionel Nallet a paru transfiguré hier soir. Ses coéquipiers vantaient son abattage lors des matches précédents, alors que le Castrais paraissait fatigué et qu'on mettait en doute la décision de Marc Liévremont de lui confirmer ses gallons de capitaine. Face au Pays de Galles, le roc Tarnais a été présent dans tous les secteurs de jeu, et a démontré combien il est incontournable lorsqu'il évolue à ce niveau.

Parmi les points d'interrogation qui subsistent, citons le cas Chabal. "Caveman" n'a pas convaincu. Peu en vue, il s'est sans doute davantage consacré aux tâches obscures dévolues aux 2ème lignes. Pour autant, sa présence dans la cage ne semble pas indiscutable. Tout comme celle de Fulgence Ouedraogo en 3ème ligne. Le Montpelliérain a été très combatif hier soir, mais son manque de densité physique minore son impact sur le jeu.

En ce qui concerne les secteurs perfecibles, on citera le jeu au pied, et notamment le "petit jeu", qui s'est montré peu efficace voir dangeureux, plaçant les Gallois en situation de contre à plusieurs reprises. L'animation offensive a gagné en cohérence (variation des choix, prises d'intervalle plus franches, fautes de mains moins nombreuses), mais reste encore très axées sur des prises d'initiatives individuelles, ce qui en amoindri parfois l'efficacité.

Au final, on ne boude pas son plaisir et cette victoire face aux favoris fait du bien au moral.

Mais peut-on se satisfaire de cette position d'outsider, face à une équipe qu'on dominait régulièrement jusqu'à ces trois dernières années ?

La victoire des protégés de Marc Lièvremont ne doit pas occulter les problèmes de fond d'un rugby tricolore qui doit se remettre en cause et ne pas se contenter d'un exploit de temps en temps.


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