Les chasseurs de nuages militent contre un ciel désespérément bleu !
Généralement, le commun des mortels attend plutôt des journées d'été ensoleillées, guettant un ciel immaculé, éperdument bleu. Tout l'inverse des membres de la Cloud Appreciation Society (CAS), littéralement "Société pour l'appréciation des nuages". Ces curieux n'espèrent qu'une chose : des cumulo-nimbus à la pelle. Appelés cloudspotters ou chasseurs de nuages, ils s'opposent à l'idée d'un "bonheur sans nuage", ils résistent au "stéréotype bien-pensant du ciel bleu".
Cette société londonienne a été créée par Gavin Pretor Pinney, designer britannique, auparavant cofondateur d'une revue en faveur de la paresse (The Idler). En 2004, au Festival littéraire de Cornwall, dans une ode aux nuages, il présente donc la CAS, à partir de l'idée plutôt amusante et néanmoins "très sérieuse" de défendre les nuages.
"L'engouement a été immédiat", raconte-t-il. Un an après, le site Internet voyait le jour et, depuis, les participations en faveur d'un peu de nuages dans un monde de ciel bleu ne tarissent pas.
Amoureux des ciels encombrés, des planchers cotonneux survolés en avion, les cloudspotters - 9 000 membres venus du monde entier - observent les nuages, voyagent avec eux et cultivent leur art. Ils sont un groupe avec certificat et badge remis à l'inscription.
INVITATION AU VOYAGE
L'image d'un nuage rond et vertigineux au-dessus de l'océan, déchiré à l'horizon sous un soleil couchant, ou jouant au sommet des montagnes, accueille les visiteurs du site et invite à un voyage parmi les cumulus, stratus, nimbo-stratus, cirrocumulus...
On y découvre près de 3 000 photos, le nuage du mois désigné par les internautes, des poèmes, des peintures, un forum, une boutique en ligne où l'on trouve tee-shirts, écussons et boutons de manchettes... tout tourne ici autour de ces masses d'eau en suspension dans l'atmosphère.
Amateurs ou professionnels, octogénaire ancien pilote de planeur ou enfants en bas âge, tous viennent partager leur sensibilité et leur expérience. Dernière peinture en date, celle de Florence Walsh, d'Oxford, 6 ans, qui signe sur une feuille rouge vif un dessin très personnel de "nuages au-dessus de Port Meadow".
De cette "célébration du passe-temps gratuit, insouciant et toujours renouvelé", Gavin Pretor Pinney a fait un livre, traduit en sept langues : Le Guide du chasseur de nuages. De quoi poser un nouveau regard sur ces masses éphémères qui occupent nos ciels bleus et émerveillent l'enfant qui sommeille en nous, et de s'entendre dire, après tout : vive les nuages !
www.cloudappreciationsociety.org
Lemonde