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Grems, de la MJC aux musées

Publié le 25 février 2009 par Jekyllethyde

Grems, de la MJC aux musées

19h, métro Château Rouge, nous attendons Grems au pied du siège social du Deepkho pour une entrevue haute en couleurs. Certes, l’interview qui en découle est probablement une des plus longues du web 2.0 mais le Monsieur n’a pas la langue dans sa poche, rencontre avec un personnage…

N’oubliez pas, ici c’est deux itw en une, retrouvez la Face Hyde ici.

Michaël quand je vois tous les projets auxquels tu as participé de près ou de loin ces dernières années, je me dis que tu ne dois pas beaucoup dormir… Alors, à quoi ça ressemble une journée type d’un boulimique de taf comme toi ?

Je crois que ça doit être dû à un petit problème dans l’éducation. Il arrive que des enfants soient hyperactifs et c’est mon cas depuis tout jeune… Je ne dors pas beaucoup, je travaille beaucoup, je me rends malade à cause de ça.

Alors la journée type en ce moment serait; je me lève, je réponds au téléphone, je prends un café, j’ouvre mon ordinateur, je réponds à plein de meufs, après j’ouvre malheureusement mes mails. Je fais des graphismes pour Swatch, je finalise des graphismes pour Asics, je reviens sur Swatch. J’attends de recevoir des courriers avec des shootings photo pour des pubs, en même temps je gère mon booking pour l’Australie car je pars dans quelques jours… Là je fais une interview et après j’irai manger avec ma mère, puis je reviendrais ici pour travailler toute la nuit. Dessiner des lettres de merde et, peut-être quand j’aurai fini ma nuit, j’écrirai un petit texte avant de me coucher…

Grems, de la MJC aux musées

© Streetsking.org

Justement avec toutes les différentes casquettes que tu endosses, on a parfois du mal à te suivre. Rappeur, graphiste, business man, D.A, chef d’équipe, graffeur ? Comment définirais- tu l’univers GREMS ?

Dans la vie, si tu es fou, malade et que tu t’entraînes assez sur tous les médiums tu peux te permettre le luxe d’exercer plusieurs disciplines.
Après comment définir tout ça ? En fait je crois que je suis un artiste, c’est ça le mot. Je suis passé par trop de stades, du business au social, j’ai touché à tout et franchement aujourd’hui je commence à me désociabiliser. Dans ce pays lorsque tu arrives à faire cinquante trucs à la fois ça effraie les gens, ils ne comprennent pas et te disent soit que tu les fais mal, parce que le français n’aime pas te féliciter quand c’est bien, soit qu’on arrive pas à te cerner. A quoi ça sert ?
J’ai envie de dire à tous ces gens ça me regarde, c’est pas pour eux, à la base je le fais pour moi et après si les gens kiff, c’est un honneur.

“J’en ai marre de la MJC, maintenant je deviens capitaliste, il était temps pour ma descendance…”

De plus en plus semblent capter ton délire d’ailleurs, non ? Tout à l’heure je regardais ta page facebook, elle compte plus de 1000 personnes, t’expliques ça comment ?

C’est vrai que mon public commence vraiment à grossir, ça montre qu’il a une certaine éducation et qu’on a réussi à l’amener chez nous, dans notre délire, en cassant des règles établies. Si tu arrives à passer de la deephouse en plein concert de rap, tu peux faire ce que tu veux…
Par contre facebook c’est un gros mystère car j’y suis depuis à peine quinze jours, et je découvre qu’il y a une page de fans avec tout mes trucs… Mais qui c’est qui a fait ça ?
D’autant plus que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les gens qui m’écoutent ne sont pas trop internet comme d’autres publics plus fashion qui racontent leur vie dessus.
Mon public n’a aucune envie d’être intellectuel… Il vient, il kiff, il se nachave. Il n’est pas là pour sucer des bites, alors quand je vois des vidéos comme Gash qui font 150 000 visionnages, des 800 personnes à la Bellevilloise, des scènes avec DJ Trouble où tout le monde connait nos paroles par cœur, je me rends compte que les gens connaissent, l’écoutent sur leurs baladeurs et c’est ce qui compte.

En fait tu te donnes beaucoup de mal pour faire plaisir aux autres, même s’ils ont du mal à te suivre ?

Je me donne beaucoup de mal pour ME faire plaisir, même si c’est vrai que j’ai toujours voulu faire kiffer les gens. Par contre aujourd’hui, je ne vois plus à qui j’ai envie de faire plaisir dans le contexte actuel et social de la France. Plus ça va, plus je code tout ce que je fais, en musique ça veut dire que je pars de plus en plus loin pour n’être abordable que par les techniciens, qu’ils reconnaissent la qualité et que les autres disent c’est fou, je ne comprends pas, c’est quoi cette musique ou je ne m’y intéresse pas. Et puis, j’en ai marre de la MJC, maintenant je deviens capitaliste, il était temps pour ma descendance (rires)…

On te comprends, mais d’ailleurs quand tu as balancé Merdeuse, Casse ton boule, ou Airmax, t’avais calculé le buzz que ça allé déclencher ?

Non je ne réfléchis pas comme ça, je crois surtout que j’ai le plus grand pouvoir de bouche à oreille en France. Alors pas besoin de promo, de calculer le buzz, je fais simplement mon truc et les gens en parlent d’eux même.
Bien qu’aujourd’hui je délègue plus certains aspects, je compte bien garder mon esprit et ne pas passer à une étape marketing ou promotionnelle.

“J’ai pas envie de paraître prétentieux mais qui à inventé quoi dans le rap français ?  À part mon groupe, qui s’appelle Rouge à Lèvres…”

Ton truc, comme tu l’appelles c’est le deepkho, un rappé tri-syllabique que tu revendiques et que tu développes depuis pas mal d’années maintenant. Peux-tu nous dire comment t’en es venu à créer un tel style ?

La curiosité mon ami, au lieu de fouiller dans le rap français j’ai fouillé dans le rap mondial. J’ai écouté, j’ai analysé, j’ai scanné et j’ai appris pour essayer d’aller plus loin et briser les codes que j’avais assimilé. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi je ne croise aucun français ayant envie de “développer” une musique, pour moi tout ce que je fais me paraît tellement évident.
Par contre il faut être réaliste, faire sa vie avec la musique c’est la galère. Je n’ai jamais essayé d’en vivre, pour moi c’est de l’argent de poche, du coup quand je croise des gars qui me disent “je vais faire un skeud avec une promo de ouf, des dates…”, dans ma tête je me dis MON PAUVRE j’ai pitié de toi, tu vas vendre trois CD’s ! Plus personne ne vend, alors comment t’arrives encore à croire à tes propres rêves !
Ce qui est bien dans tout ça c’est que seuls les bons vont rester, de la musique, de la vraie. Même si on se sera auto-saboté, on aura réussi à tuer les majors (rire démoniaque). Pour exister à l’heure actuelle, tu ne peux que par l’INDÉPENDANCE !

Grems, de la MJC aux musées

D’ailleurs quel avenir vois-tu pour le rap français en 2009 ?

L’avenir du rap français c’est moi et mon équipe, et ça fait déjà trois ans que c’est comme ça.  J’ai pas envie de paraître prétentieux mais qui à inventé quoi dans le rap français ?  À part mon groupe, qui s’appelle Rouge à Lèvres… Il y avait Kerry James qui avait inventé un truc qui défonçait avec son album sans instruments à cordes ni à vents, là, c’était un délire.

Mais sinon c’est soit  “Je fais du fonky à la française”, soit “Je fais du kaïra à la français” ou encore “Je fais du crunk à la française”. Hey les gars, vous n’êtes pas fier de votre pays ? Regardez les anglais avec le grime, le garage, les américains avec le crunk…
Nous on maîtrise le rap comme, et même beaucoup mieux, que la plupart des MC, parce qu’un rappeur ça doit être un rappeur de studio, un rappeur de scène, un rappeur concept, ça doit être un bon improvisateur… Moi je sais faire tout ça mais la plupart ne savent pas, d’ailleurs ça se voit sur scène quand tu mets quelqu’un à coté de nous, ça ne dure pas deux secondes, c’est pas prétentieux mais c’est comme ça. Notre équipe ne rigole pas, on est des vrais, on est en France, on amène notre truc, on regarde le monde et on leur dit nous on vous baise, le rap français c’est ça, c’est le deepkho.

Et si demain des jeunes se mettent à faire du deepkho et signent en majors, t’en penseras quoi ?

Franchement, si c’est bien fait, ce serait chan-mé ! C’est dans mon délire de développer le deepkho avec Disiz et le 4Romain et d’autres gens suivent comme Lexxcoop, Daz Ini, ou l’artiste de mon label, nT4000. Ce sera d’ailleurs le troisième projet à sortir en deepkho après Grems et Rouge à Lèvres, un album principalement composé d’instrus, avec quelques rappeurs.

Là où je me rends compte de l’impact c’est quand des resta, dont je ne citerai pas les noms mais que vous voyez tous à la télé, viennent me voir et veulent la même chose. Des gens totalement improbables, déjà j’ai cru que c’était une blague quand Disiz m’a appelé….

Aussi improbable que de voir un de tes teesh à la star’ac, non ?

Exactement, c’est comme voir le plus gros nul de la star’ac avec une de tes sapes…
Je l’ai découvert en direct à la télé, comme tout le monde. J’ai halluciné mais c’était marrant, surtout quand je pense à tous les gens qui ne m’aiment pas qui se le sont bouffé en pleine gueule, et ça je kiff !

Grems, de la MJC aux musées

Pour en revenir à ta musique, tu n’as pas fais que puiser ton inspiration dans le rap, puisque tu cites souvent Détroit comme une source d’influence majeure dans ton travail. Alors, de quel œil vois-tu le retour, auquel on assiste à l’heure actuelle, de cette scène mythique ?

Ça me casse les couilles ! Imagine que ça fait quinze ans que j’écoute du Détroit et que tout le monde me prend pour un ouf… Moodymann, Théo Parrish, Derrick May, Jaydee, Blackmilk, Eminem, la Motown, tout ça vient de Détroit. Le problème c’est que les gens ne savent pas que la techno ce sont des gros noirs qui l’ont inventé. On m’a dit que j’écoutais de la musique de PD, mais mon pote les mecs c’étaient peut-être des dèpe mais ils avaient le fusil à pompe dans la parca, c’est le ghetto, c’est Détroit, c’est le berceau de la musique de techniciens.

Alors, ça me gave que maintenant un groupement d’ignares accapare cette culture, parce que c’est dans la tendance. Les mêmes qui écoutent Justice, qui font les mêmes accords, qui ont tous une pochette noire avec des lettrages à la 2001 l’odyssée de l’espace et des effets brillants à la DATA…
Personnellement, je trouve cette musique affreuse, ça ne me fait même pas bouger. Mr. Oizo ça me fait bouger je te rassure, mais le reste… C’est de la musique froide.

Ou de la prostitution ?

Je ne sais pas si on peut appeler ça de la prostitution, je les laisse faire leur biff, après tout chacun fait le sien. Je pense simplement qu’il faut savoir être curieux et respecter les autres musiques, avant même que ça ne devienne une tendance !
Mais maintenant, à cause de leur électro de con, il y a une jeunesse qu’on pourrait décrire comme la descendance de tout ce qu’il s’est passé sur Paris ces trois dernières années. Ce sont les fils de la techtonik et des fashions avec une éducation musicale « rap » qui commence dans le crunk et  « musique électronique » à  Daft Punk. Ils ne connaissent pas la musique et sont capables de te dire que Tribe Called Quest et Dj Premier c’est nul.

Enfin, c’est typiquement français d’être comme ça, et c’est pourquoi je me casse d’ici ! Le reste du monde n’est pas comme ça, le reste du monde est curieux tandis que le français, lui, n’est qu’un suiveur, un mouton, un bouffon, un peuple d’assistés. Des gens avec comme seul objectif dans la vie d’avoir un appartement, un cdi, et de suivre la masse sans se poser de questions. Excusez-moi mais quand je vois ça j’ai peur pour eux… MON DIEU !

“J’ai été fasciste dans ma manière d’agir en insultant tous ces gens là et en utilisant la violence”.

Et alors si tu devais passer un message aux kidz qu’est-ce que ce serait ?

Allez vous faire enculés bande de fils de pute, vous avez niqué ma musique ! Ou alors, soyez curieux bande de trous de balle, apprenez à lire, à écrire, à ne pas donner votre avis parce qu’il y a de la hiérarchie dans la vie, quelqu’un qui est plus âgé que moi je l’écoute, ça s’appelle la hiérarchie, ça s’appelle le respect. Voilà ce que j’ai à leur dire à ces petites baltringues, quant à ceux qui kiffent je sais qu’ils ne se sentent pas du tout concerné et que ça les fait rire…Donc il n’y a pas de guerre.

Si j’avais voulu être une resta à la TTC ou à la Yelle, je le serais depuis longtemps. Mais ce n’est pas ce que je recherche, je préfère être un gros con, rester moi-même du début jusqu’à la fin, et prendre des risques comme je le fais tous les jours.

Bon et puisqu’on en est à parler du paysage musical francophone, ça en est où cette histoire avec ceux qui ne répondent toujours pas au téléphone ? (pour ceux qui ont une vie rechercher TTC + GREMS sur Google)

Alors, je tiens officiellement à vous dire qu’il n’y a plus d’histoires et que nous nous sommes même serré la main (rire diabolique). Je suis allé les voir pour arrêter ces conneries car j’ai été fasciste dans ma manière d’agir en insultant tous ces gens et en utilisant la violence parce que c’était une manière de me différencier…
C’est juste que ça m’a dérangé d’être assimilé à du rap de blancs du seizième, ou à du rap de petit bourgeois qui aiment bien rigoler des noirs et du sida. MOI, ça ne me fait pas gol-ri du tout.
Ce que je fais n’a RIEN À VOIR et même si je parle mal, j’ai du respect, mais comment veux-tu expliquer ça aux français ? Il faut y aller pour leur faire comprendre qui était là en premier, que TTC et Rouge à Lèvres ça n’a rien à voir et qu’un mec qui rap sur un tempo rapide « ne fait pas forcément du TTC ».

Ces histoires c’est du passé et depuis Airmax j’ai eu le retour que j’espérais. La presse, le milieu, le public,  tout le monde a compris que chacun avait son entité et que la mienne était toujours la même depuis le début, que je ne me mélangeais pas, que je gardais toujours la même équipe et que je ne m’affichais pas comme un bouffon partout dans Paris…
Je passe mes soirées avec mes potes dans des endroits de punks, de shlags, avec des gens improbables en mélangeant les cultures alors que tout le monde attend du fashion. Mais j’aime le risque, la difficulté, et je suis super content de faire bouger 400/500 personnes quand je fais un concert même dans des bleds tout perdus.

Et puis ça veut dire que je réussirai partout dans le monde car si tu réussis ça en France, tu réussis partout.

“Si tu comptes sur la police tu peux te mettre un doigt dans le cul surtout quand t’as une barbe, la tête rasée, et que tu ressembles à moitié à un arabe et à un gitan.”

Après t’être donné tant de mal pour créer ce délire musical francais, est-ce que tu trouves que ça en valait la peine, la France te l’a-t-elle rendu ?

Elle me l’a largement rendu… Je crois que c’était suicidaire de faire ce que j’ai fait et ça a marché.

Là tu nous parles en tant que rappeur mais beaucoup de gens te connaissent sous ton autre identité, celle de graphiste. Tu as notamment collaboré avec Sixpack, réalisé la couverture de l’Humanité ou encore la campagne Imagine-R de la RATP, ce qui est assez marrant lorsque l’on connaît ton passé de writter. Peux-tu d’ailleurs nous parler de ces origines graffiti ?

Beh ouais, je viens du Hiphop, de ceux qui faisaient des tags, des chromes, des roulants, des TGV, des camions, des terrains vagues, du rap dans les MJC, des concerts avec 113, Manu Key, bref des trucs de fou et de kaïra à l’époque. Et puis à un moment il faut aller plus loin et pas beaucoup le font… 90% du graff c’est tout le temps la même chose, des jolies scènes avec des visages, avec Tupac et Biggie, Rest in peace, yeahh, whaouu…

Grems, de la MJC aux musées

© Streetsking.org

Pourtant aujourd’hui on assiste quand même à une démocratisation du graffiti, que ce soit dans la pub, les défilés de mode ou encore les jeux-vidéo, t’en penses quoi ?

Je suis enchanté qu’il y ait des gens qui aillent plus loin que leurs graffs et je savais très bien que le graffiti et le post-graffiti seraient les prochaines étapes de l’art. Quant à la considération - comme quoi le graff ne devrait pas être dans une galerie - je m’en tamponne mais alors je n’ai  pas de mauvaise estime de moi-même parce que je vais travailler une expo et faire de l’oseille, l’important étant que le tout soit beau et cohérent.
Je travaille pour tout le monde, si LU ou les services hygiénique de machin me contacte, je leur fais des graphismes, pas de problème du moment que j’arrive à m’arranger avec le client, qu’il ne me sabote pas avec ses codes publicitaires, et qu’il me laisse faire ce que je veux.

Du coup aujourd’hui tu te sens plus graffeur ou graphiste ?

Je me sens artiste, ni graffeur, ni post-graffeur, ni même rappeur… Artiste. Sinon en design je ne m’intéresse qu’aux graffs bizarres, ce qui ne m’empêche pas de continuer à collectionner les magazines, de me péter des gros flops bien conventionnels et des petits chromes deci delà parce que ça fait toujours du bien, puis tu te rassures et te rappelles que tu sais graffer, c’est important.

Ah ouais, à l’ancienne ! Un peu comme ton personnage récurant que tu dessines à différentes sauces, mais sérieux, il sort d’où ce bipède chelou ?

Je sais pas, il est sorti comme ça un jour, et puis je me suis dit tiens, je l’aime bien celui-là, je vais le garder ! C’est un bonhomme assez préhistorique qui rappelle l’art aborigène, les hiéroglyphes et les trucs à l’ancienne. Et puis j’ai cherché pendant longtemps un personnage à décliner parce que je savais que je pouvais faire de l’argent avec, et maintenant je décline, je décline, je décline…

Grems, de la MJC aux musées

Ouais, moi ça me fait pas mal penser à une sorte de Keith Harring 2.0 en quelque sorte non ?

Non ce n’est pas du Keith Harring, même si je suis son enfant et que je compte bien devenir son petit frère ! Sinon je kiff aussi Basquiat, Pollock et l’expressionnisme anglais ça me rend OUF !

Tu as pas mal voyagé pour exporter ton art comme au Japon, Mexique, Canada…

Oui, je crois que ces deux dernières années je suis le rappeur francais qui aie le plus bouger, que ce soit en booking et en expo, sûrement parce que le monde n’est pas stupide, qu’il regarde et qu’il est intéressé…
J’ai d’ailleurs demandé aux anglais et aux américains pourquoi ils me faisaient venir, moi seulement, et ils m’ont répondu  « Quand on écoute un rappeur français ça fait owowowowo tandis que toi, quand on t’écoute, c’est différent, c’est un vrai flow ». C’est là que j’ai compris que je ne faisais pas du “rap français” mais du “rap en français”.

“La chance n’existe pas, le talent n’existe pas, il n’y a qu’une seule chose qui peut refléter ces deux mots là c’est le TRAVAIL.”

D’ailleurs c’est quoi le mieux, bouger pour un concert ou une expo ?

Les deux en même temps. S’il y a de l’espace et que je ne l’utilise pas je vais le regretter, du coup j’essaie de donner un maximum et de me rendre le plus indispensable possible, avec n’importe quelle personne avec qui je travaille, de près ou de loin. Je pense que c’est une règle sociale pour pouvoir s’en sortir dans la vie qui est assez importante, en même temps c’est un concept de base qui n’est pas évident pour tout le monde…

Regarde moi je suis un mec accessible, quand on me parle je réponds, je ne me la pète jamais. Quand un fan vient me dire qu’il kiff ce que je fais, ma tête prend du recul, je me transforme, j’ai peur, on dirait une tapette…

Mais alors pourquoi restes-tu en France si tu es si bien reçu à l’étranger ?

Je reste en France parce que j’avais une vie de famille avec une fille, et une femme. Par contre aujourd’hui c’est bien plus compliqué que ça, et ce pays me déprime grave ! Quand tu gagnes de l’oseille et que tu donnes ton amour à quelqu’un, on te vole ton oseille, quand tu fais un enfant, on te vole ton enfant, quand tu veux utiliser la justice pour t’aider alors que tu es vraiment en galère on ne t’aide pas, on te chie dessus…
Si tu comptes sur la police tu peux te mettre un doigt dans le cul surtout quand t’as une barbe, la tête rasée, et que tu ressembles à moitié à un arabe et à un gitan.

Bien sûr, ce n’est pas nouveau mais ce pays me fatigue, ces gens me fatigue, les français sont des perdants. Je suis allé dans toutes les villes, j’ai appris des trucs, et quand je reviens rien n’a bougé, c’est toujours les mêmes personnes avec les mêmes optiques; toujours ce peu de réalisme, rien ne change. Il faut apprendre à kiffer la vie mon pote, se bouger le cul, prendre des risques, faire le tour du monde…
Ici, à Paris, tout le monde se regarde le cul en soirée, à la limite je préfère la province et aller jouer dans de plus petites villes comme Le Mans, Bordeaux, Toulouse, Montpellier ou Lyon, au moins tu t’amuses, c’est le bordel et c’est bien plus relaché ! Je reviendrai toujours faire des concerts pour les gens comme ça, ce sont eux qui me donnent du plaisir.

Je te disais tout à l’heure que quand je fais des disques, c’est pour moi, par contre quand je fais des concerts j’essaie de faire un maximum plaisir aux gens, la démarche est différente, et quand ils sont contents ça me donne du plaisir…

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Tu quittes donc la France, mais pour aller t’installer où ?

Alors ce sera New york l’été et Bali quand il fait froid.
J’ai de nouveaux clients, des contrats avec de grosses marques, et je prépare une expo à Hong-Kong ! J’y vais pour exporter mes designs et faire chier tout le monde, qu’ils pleurent leur mère et se disent «  Ah, il est encore là lui, mais c’est parce qu’il a des pistons… » .

Mais j’ai envie de leur dire, JE VOUS ENCULE, et j’encule votre mère, la chance n’existe pas, le talent n’existe pas, il n’y a qu’une seule chose qui peut refléter ces deux mots là c’est le TRAVAIL, c’est tout ce qui compte.
Sérieusement j’entends toujours «  Mais toi t’es un bon, toi t’as du talent, t’as de la chance » alors que je suis parti à -25 en dessin et -72 en rap, si je te fais écouter mes premiers trucs tu te dis non, c’est pas vrai, c’est pas lui…

Personne ne t’aide ou tu ne veux l’aide de personne ?

Personne ne m’aide, et personne ne m’a jamais aidé ! Par contre j’ai ma petite famille et on s’entraide mutuellement. J’ai toujours garder les mêmes amis donc forcement quand t’as un petit cercle privé comme ça, qui pensent comme toi, qui sont des connards de gens loyaux, qui ont des principes et qui disent tout haut ce que les autres pensent tout bas, ça effraye ! Mais nous sommes tout ce qu’il y a de plus normal, on est juste révoltés par le laxisme, la lâcheté et le déni permanent du français…
Regarde lorsque tu réussis, te payes une belle voiture, le français te diras que t’as sucé des bites pour y arriver tandis qu’aux States les mecs te feront « putain frais ma gueule, je suis content pour toi ! ».
Tu peux pas test avec la France, c’est un système, c’est le sarkozisme…

Alors à quoi doit-on nous attendre dans les mois qui viennent en provenance de la planète Grems, ou Deephop Panel ?

Le label Deephop Panel a repris du service et ne rigole pas.
Et on va tout ressortir en numérique, du Hustla 1 et 2, Rouge à Lèvres 1 et 2, les trois Grems. Vincent Drapo qui a fait la mixtape Deephop vient de sortir son maxi disponible en numérique.

On prépare l’album de nT4000, l’artiste Hiphop qui va tout défoncer en deepkho, mais aussi la mixtape du Jouage, qui arrive en solo ATTENTION, Terrificolor, de l’électro à la Aphex Twin, qui fait super mal à la gueule et les F-KgB, des types qui font de l’électro et bien vénère.

Sinon je bosse sur un nouvel album dans la foulée de Sea sex and Grems, car celui-là ne signifie rien pour moi, tout le monde kiff, mais moi non. Je l’ai fait dans un état d’esprit où j’avais une vie sociale, une vie familiale où j’étais plein de rêves. Étant donné que les rêves se sont écroulés, mon cerveau a changé plus rapidement que prévu et j’ai réussi à écrire un album en deux mois. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais il s’avère que c’est le plus intéressant de tout ce que je n’ai jamais sorti….

Et sinon le gros évènement que je prépare en partenariat avec Swatch le 2 avril au Lazy Dog puis après à la scène Bastille… Ma dernière expo avant que je me casse définitivement d’ici ! OUAIS !

SI tu veux en savoir plus derrière le personnage viens jeter un oeil à son interview Hyde… Interview Hyde ici

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Deephop Panel
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Photos by Streetsking

Jekyll

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