Magazine France

les filles écartées des sciences ?

Publié le 05 mars 2009 par Polluxe

les filles écartées des sciences ?Pourquoi y-a-t-il si peu de filles dans les filières scientifiques au lycée - puis dans le supérieur - alors qu'elles ont le même niveau que les garçons en fin de collège ?

Une étude des services statistiques du Ministère de l'éducation nationale tente d'expliquer cette situation et de repérer les mécanismes à l'oeuvre, notamment le rôle des profs de maths et de physique. Il semblerait que les stéréotypes ancrés dans leur cerveau influent sur leurs pratiques d'orientation.

En tous cas il est intéressant de constater que c'est à l'adolescence, au moment où les filles deviennent des femmes, qu'elles s'écartent des voies scientifiques...

Que dit cette étude ? Plusieurs éléments d'explication sont avancés : " l'histoire de l'éducation des filles, la construction de l'identité sexuée, les rapports sociaux de sexe et le rôle des stéréotypes. "

La scolarisation des filles a été en retard sur celles des garçons (création des lycées pour garçons en 1808 et pour filles en 1880) mais aussi en retrait : " C'est le mérite de nos lycées de jeunes filles de ne préparer à aucune carrière et de ne viser qu'à former des mères de famille dignes de leurs tâches d'éducatrices " dit le ministère de l'Instruction Publique en 1890 ! Tout un programme ! Jusqu'en 1924, c'est travaux d'aiguille, économie domestique, éléments de sciences et littérature moderne pour les filles contre latin, grec, philosophie, mathématiques et sciences pour les garçons.

Dès la naissance le genre se construit à partir des codes et des stéréotypes à l'oeuvre dans toutes les sphères de la société : répartition des rôles dans le travail, modèles parentaux, discours, livres, publicité, éducation par l'école, les parents mais aussi les pairs... Ces codes sont intégrés par " l'individu qui se définit par rapport à des attentes sociales traditionnellement attribuées à son sexe. [...] Par contre, l'existence de différences de fonctionnement des hémisphères cérébraux selon le sexe n'est pas prouvée. Les différences d'aptitude varient selon l'âge et/ou la classe sociale. "

Même s'ils sont aujourd'hui identifiés, les stéréotypes sur le masculin et le féminin restent puissants jusque dans la tête des enseignants - pourquoi y échapperaient-ils ? - alors que leur rôle en matière d'orientation est déterminant.
Ainsi " un professeur amené à parler avec ses élèves des métiers du bâtiment ou de construction de ponts s'adressera spontanément, dans la plupart des cas, en priorité aux garçons et ne fera pas les efforts sans doute nécessaires pour inclure les filles dans la discussion ou mobiliser leur attention. [...] La façon dont un ou une enseignant(e) accueille l'annonce d'un projet d'élève atypique à son sexe, comme mécanicienne automobile ou puériculteur, peut révéler des stéréotypes et être dommageable. L'éventuelle fraction de seconde où se mêlent surprise, interrogation, parfois incrédulité, voire ironie, est importante. Il en va de la légitimité, ou non, du projet professionnel de l'élève. "

Les filles manquent de confiance dans leurs capacités scientifiques : " parmi les élèves qui sont au-dessus de la moyenne en maths, seules 53% des filles s'estiment capables de suivre un cursus scientifique alors que c'est le cas de 82 % des garçons. " Moyennant quoi elles adaptent leur désir d'orientation à l'image qu'elles ont d'elles-mêmes : " les filles préfèrent s'engager dans des filières qui les rassurent et leur promettent plus de réussite, puisqu'elles sont réputées mieux correspondre à leurs qualités intrinsèques. " Tout est dit.

Les filles s'orientent donc moins vers les sciences et parmi celles qui le font elles se dirigent plus vers la biologie que vers la physique-chimie, les maths ou les sciences de l'ingénieur. Ceci pourrait paraître anodin. Mais cela ne l'est pas car les débouchés des formations liée à la biologie sont moins importants et la valorisation du diplôme a un impact sur la vie privée : " Celles qui, dès les premières années de vie active, ont pu valoriser leur diplôme sont en mesure, plus aisément que les autres, de faire en sorte que les charges liées à la sphère privée interfèrent moins sur leurs carrières professionnelles. "
En termes clairs celles qui ont un meilleur diplôme et un meilleur boulot passent moins l'aspirateur !

Mesdames et messieurs les profs de maths, la balle est dans votre camp.


les filles écartées des sciences ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Polluxe 1019 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog