Magazine Humanitaire

Le droit de savoir

Publié le 30 août 2007 par Frédéric Joli

Tout conflit a ses morts, ses blessés, ses détenus, tout conflit a aussi ses missing, ses portés disparus. Le 30 août est déclaré journée internationale des disparus à la mémoire des personnes manquant à l’appel …

Elles sont mortes à coup presque sûr, mais ce presque là est terrible… Pour les familles, tant que la preuve du décès n’est apportée, il faut attendre et espérer, des années, parfois toute une vie. Ces familles ont le droit de savoir. Elles ont le droit de pouvoir porter le deuil, elles ont le droit de pouvoir se recueillir sur une tombe, elles ont le droit de tourner la page, elles ont le droit de faire enfin la paix ; elles ont le droit de maudire l’insupportable attente, elles ont le droit, enfin, de se construire un futur. A titre d’exemple, 17 000 personnes, hommes pour la plupart, restent, 12 ans après la fin du conflit, portées disparues en Bosnie…

Le CICR , par son mandat, a pour mission d’élucider les cas disparitions à la demande des familles. Avec son réseau, son Agence Centrale de Recherche et l’appui du Mouvement international des sociétés nationales de Croix-Rouge et de Croissant-Rouge, il cherche et mouline des millions de données, travail de fourmis. Il y a parfois des miracles comme l’histoire de cette alsacienne, il y a 7 ans qui a retrouvé son frère disparu durant la seconde guerre mondiale. Il avait à peine 17 ans quand il fut enrôlé de force par l’armée allemande pour combattre sur le front de l’est. Le jeune « Malgré nous » avait été blessé, capturé et soigné par les soviétiques. Il passa de longues années au goulag, en Sibérie. Puis il parvint à se rapprocher de l’ouest, se maria et établit sa famille en Allemagne de l’Est. Sa sœur vit un jour à la télévision, un sujet annonçant que la Croix-Rouge soviétique ouvrait ses archives. Et si… se demanda-t-elle ?

Elle déposa une demande auprès de l’Agence Centrale de Recherche du CICR. Et la procédure se mit en marche, lente, mais dans cette histoire, sûre. Et un jour, elle reçut la nouvelle : son frère, plus de 50 ans après sa disparition, était en vie. La réunion de famille eût lieu. Et même la caméra qui suivait, ce jour là, les retrouvailles avait la larme à l’oeil. Aujourd’hui, le CICR va à nouveau rappeler ce droit de savoir, mais également insister sur la responsabilité qui incombe aux Etats de prévenir les disparitions. Puis les fourmis vont se remettre au boulot…

Le 7 février dernier, lors de la signature à Paris de la Convention des Nations unies sur les disparitions forcées , j’avais rencontré Elena Alfaro, rescapée il y a trente ans, des geôles de la dictature argentine.
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Crédit photos : D. Ishmail / Reuters - F. Joli / CICR


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