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Les enfants ! Y'a Papa Spermato qui vient déjeuner ce midi !

Publié le 06 mars 2009 par Nicolas007bis

Ernest

Je lisais l’entretien de Roselyne Bachelot dans LaCroix et j’y ai trouvé des réflexions tout à fait pertinentes qui m’amènent à réviser quelque peu mon jugement sur cette femme qui m’avait, jusqu’à présent, surtout laissé l’impression de quelqu’un de colorée, bonne vivante, pleine de verve et de spontanéité mais pas nécessairement à sa place dans une fonction ministérielle comme la Santé.

J’ai apprécié particulièrement ceci sur le fameux « droit à l’enfant » trop souvent évoqué: « Le droit à l’enfant est un terme qui me choque profondément. Cela n’existe pas. Il n’existe qu’un droit de l’enfant. Le « désir d’enfant », en revanche, me paraît légitime, on peut le comprendre, quelle que soit la situation des personnes qui l’expriment. Maintenant, est-ce à la société d’y répondre ? Là est toute la question. »

J’ai apprécié également son approche de la question de la « mère porteuse » lorsque Roselyne refuse de l’assimiler à de la pure assistance à la procréation arguant du fait qu’il « ne s’agit pas que d’une question médicale, mais également d’une question juridique … quel va être le statut de l’enfant né avec les gamètes d’un couple, puis porté par une autre femme ?»

Elle évoque également l’ambigüité face à la question financière et rappelle la nécessaire gratuité du don « … la gratuité du don est, pour moi, un point non négociable. »

Par contre, là ou je ne la suis pas du tout Roselyne, c'est lorsqu'elle se prononce en faveur de la levée de l’anonymat des dons de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes), au nom du droit à la connaissance de ses parents biologiques. Ce point fait partie des sujets qui seront discutés dans le cadre de la révision des lois de bioéthique.

Or, il s’avère que ce sujet, maints fois évoqué depuis quelques années, a été le thème d’un de mes premiers billets sur ce blog. Je me permets donc de vous renvoyer vers ce que, légèrement énervé, j’écrivais déjà en octobre 2006:

__Ici__

Je suis toujours fondamentalement en accord avec ce que j’écrivais il y a 2 ans et demi. Je rajouterai seulement quelques éléments supplémentaires suite à des lectures postérieures à ce billet:

Lever l’anonymat risque de changer fondamentalement la nature du « geste » du donneur (non, non n’imaginez rien d’obscène). On passe d’un geste qui relève du don « gratuit » et définitif (c'est-à-dire sans suite), à un acte responsable et impliquant !...Le donneur pourra voir débouler à n’importe quel moment de sa vie, le résultat de son offrande !

Sachant cela, on peut légitimement supposer que le nombre de donneurs sera moins élevé et qu’ils n’auront pas nécessairement les mêmes motivations ! …peut-on encore parler de don désintéressé ?»

Cela ne deviendra t'il pas une manière de faire un enfant par procuration sans en assumer la responsabilité !

De plus, en introduisant dans le couple parental, une troisième personne au statut nécessairement ambigu au moins pour l’enfant, ne risque t’on pas de perturber «l'équilibre familial» ?

L’enfant ne risque t’il pas de se comparer à son père biologique, de chercher et donc de trouver ou d’imaginer, une ressemblance, des points communs qui l’amèneront à vouloir en savoir encore plus et à créer une relation avec ce vrais faux père au détriment de celle qu’il a ou devrait avoir avec son père.

Et puis, déjà qu’il ne doit pas être facile pour un père « d’avouer » à son enfant que du fait d’une insuffisance il n’est pas celui qui a fécondé sa mère, ce n’est pas la levée de l’anonymat qui va faciliter cette démarche. En conséquence, le risque est grand que les parents cachent cette information à leur enfant…qui du coup ne s’en portera pas plus mal !

Enfin, je m’interroge sur les réelles motivations de ceux qui affirment comme essentiel de connaitre leurs origines !

Je lisais dans Le Figaro.fr, un entretien d’Arthur Kermalvezen, militant du droit de savoir, et auteur de « Né de spermatozoïde inconnu » paru en 2008.

Arthur Kermalvezen est né après une insémination artificielle avec sperme de donneur et il ne supporte pas de ne pas connaitre son géniteur :

« Se construire avec des origines troublées est très dur. Comment grandir sereinement quand on ignore tout de son géniteur, quand on sait qu'on ne ressemblera pas au père qui vous élève ? Ce qui me révolte le plus aujourd'hui, c'est que je veux devenir un père de famille et que je vais devoir transmettre cet anonymat. Je suis en psychanalyse depuis cinq ans. »

« quand on sait qu'on ne ressemblera pas au père qui vous élève ? » !!!!…je ne voudrais pas faire de la psychologie à 2 sous mais je dirais que ce garçon a un problème avec son père (je parle de son père juridique bien entendu).

De quelle ressemblance parle-t-il, de la ressemblance physique ? …si c’est le cas, est-ce si gênant que cela justifie une psychanalyse ? Une différence de caractère, de personnalité ?...mais il faut lui expliquer qu’être le fils de son père ne fait pas vous un clone, qu’un enfant est le résultat d’un savant mélange de caractéristiques génétiques du père et de la mère ! Il faut lui expliquer que les ressemblances ou divergences ne sont pas toutes un effet de la génétique et que les relations père/fils lorsqu’elles sont « normales » favorisent le rapprochement des personnalités et des caractères ! Enfin, il faut lui expliquer que ressembler à son père n’est pas une nécessité !!!

Et à la question : « Justement, que vous apporterait le fait de connaître votre géniteur ? »

Il répond : « Par exemple, connaître les éventuels problèmes liés à une maladie génétique. J'ai appris il y a seulement trois mois que j'avais une allergie génétique. Et demain, je vais apprendre quoi ? Et puis on a besoin de donner une figure à ce fantasme qui peut vous hanter toute une vie. Je passe sur les problèmes moraux. Qui me dit, si j'épouse une fille conçue par IAD, que ce n'est pas ma sœur ? On est en train de faire une jolie tambouille… »

Voilà quelqu’un qui est engagé dans une longue psychanalyse parce qu’il ne connait pas le donateur du sperme dont il est issu, qui milite férocement pour faire lever l’anonymat des donneurs et qui justifie son mal être par l’absence de visibilité sur d’éventuelles maladies génétiques dont il pourrait éventuellement souffrir ou parce que, par erreur, il risque d’épouser sa sœur !!!!

Je ne veux pas généraliser ce cas précis mais les raisons évoquées ne m’apparaissent guère convaincantes !

De surcroit, il faut relativiser, en précisant que selon les psychologues ainsi que Jean-Luc Bresson (Président de la Fédération nationale des Centres d'études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos)), les enfants qui éprouvent des difficultés relatives à cette problématique "ne sont pas représentatifs de l'ensemble des enfants d'un don".

Fort heureusement, beaucoup réagissent comme Christophe (là) : «tout comprendre et maîtriser des origines, c'est n'importe quoi : un donneur n'est qu'une poignée de spermatozoïdes, pas celui qui nous élève !»
Oui, c'est bien ça, une poignée de spermatozoides !


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