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Intégration à la Française et racisme.

Par Ananda
On a l'habitude d'opposer racisme et xénophobie avec intégration à la française.
C'est oublier que l'intégration à la française est beaucoup plus ambigüe qu'elle ne le paraît. Elle implique en effet un refus intransigeant des particularismes, des différences.
La France s'est bâtie dans la hantise des Frondes et des divisions, sur un modèle qui, on le sait, ne manque pas de rigidité : celui de la "république une et indivisible", de la centralisation jacobine.
De surcroît, depuis la Révolution, elle se pose en tant que modèle à vocation universaliste.
Elle est si imbue de son Histoire, de la valeur de sa culture qu'elle a cultivé - qu'elle cultive toujours - une sorte d'idéal "autarcique" (la fameuse "exception française"). Son universalisme devient le socle de son sentiment de supériorité.
Elle est, en cela, comme tous les pays qui s'imaginent avoir une "mission". Comme tous les pays qui se proposent de changer, d'améliorer le monde en diffusant leurs propres valeurs.
Dans cette optique, elle ne comprend pas qu'on puisse ne pas aspirer à "faire France".
Elle admet la différence, mais à la seule condition que cette dernière demeure un aimable "exotisme", ou alors qu'elle finisse par se résorber, à terme, complètement, au profit d'une adhésion pleine et entière à l'identité française qui excluerait toute autre forme de fidélité, d'adhésion.
C'est cette espèce de "table rase" qui, à mon humble sens, fait problème.
Les U.S.A exigent, certes, la même adhésion aux valeurs américaines et au mode de vie américain.
A ceci près,cependant, que les U.S.A ont pour programme de construire ensemble un pays neuf, presque sans passé, non "encombré" par une Histoire. Ils sont tournés vers l'avenir, non vers le passé, là est toute la différence.
Ce qui vaut pour les U.S.A ne saurait s'appliquer à la France, car l'identité française plonge ses racines très loin et très haut dans l'Histoire, et dans une culture qui est, de toute son âme, européenne.
Voilà le hic : on peut aisément devenir un américain sans pour autant se sentir obligé de renoncer à soi-même, ni d'oublier, de renier ses ancêtres (au contraire, aux U.S.A, cette "nation of immigrants", les communautés ethniques sont fières de célébrer bruyamment, bon an mal an, leurs origines et leur lien avec ces dernières sous la forme de fêtes et autres manifestations très spécifiques; on est américain, mais on reste "catholique", "italien" ou "polonais", ou "latino" sans pour autant que ça pose problème ni que ça menace quoi que ce soit, l'identité américaine est assez souple pour laisser une marge de manoeuvre qui le permet), en France, ce qu'on vous demande - voire ce qu'on exige de vous -  c'est d'avec le temps, devenir français et même "plus français que les français". Tout ce qui détourne - ou serait susceptible de détourner - de ce "droit chemin" plutôt rectiligne est regardé, aussitôt, avec une indéniable suspiscion. L '"identité française" se cabre et se sent menacée pour peu.
Examinons le cas d'un Noir...
Le Noir voudrait bien devenir français, mais le pourra-t-il authentiquement ?
L'identité française, je l'ai dit, est par essence européenne et liée à l'histoire de l'Europe et, par voie de conséquence, "blanche". Par sa couleur de peau (dont il ne peut se "débarrasser"), un Noir se signalera toujours à l'attention comme "différent", non européen, et ce quelle que soit sa volonté de devenir un Français à part entière.
La France se veut "universelle", mais reste, envers et contre tout, héxagonale.
Je crois que c'est là que le bât blesse.
Il faudrait repenser, en somme, l'identité française. Rude tâche !
La France est un pays que l'on juge souvent conservateur, "frileux"(en dépit de ses multiples révolutions). On y a le goût des vieilles habitudes et l'on ne s'y adapte à la "nouvelleté" que très lentement, très prudemment.
Ainsi faut-il, à mon sens, rechercher les origines du "racisme" (si racisme il y a) dans la frilosité, dans la peur du changement...et, justement, dans ce goût pour l' "intégration", ce qui est pour le moins paradoxal.


P.Laranco

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