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Pif, Chloé Delaume et moi…

Publié le 06 mars 2009 par Caroline

9782020983020En lisant le dernier Chloé Delaume, “Dans ma maison sous terre”, j’ai découvert qu’elle avait eu le même problème que moi quant à la censure qu’exerçaient ses parents et particulièrement sa mère dans le choix de ses lectures :

Ma mère était de droite.(…)
Un mercredi, je n’ai pas acheté le Journal de Mickey mais Pif. Le gadget consistait en un casque de walkman qui lançait de l’eau. Je me suis pris une claque immédiatement suivie d’une explication, car ma mère était pédagogue.
L’achat de Pif constituait un délit grave d’ordre inédit. Ma mère hurlait, abasourdie. Je venais de participer sous son toit au système communiste. Le système communiste est un système où les petits enfants sont obligés de fabriquer le magazine Pif pour manger, mais comme il n’y a rien à manger ils font a queue pour rien devant les magasins et finissent par ingurgiter des racines, des baies et des glands, comme dans 917Zora la rousse.

Nous ne sommes pas de la même génération. Moi, j’avais droit à un magazine dont j’ai oublié le nom, qui s’adressait aux petites filles, avait au moins une page consacrée aux recettes de cuisine, et une autre à Jésus, les Saints et tout ce qui aide à faire grandir les jeunes âmes dans la foi. (On voit le résultat !) J’avais une amie qui elle, achetait Pif et je bavais devant ses pois sauteurs du Mexique, pifises et autres gadgets merveilleux.
Mon frère, un peu plus jeune que moi, a eu le droit de lire, non pas le journal de Mickey comme Chloé Delaume mais Picsou magazine, peut-être était-ce dans l’intention de l’initier très tôt aux joies de la finance et le faire entrer très jeune dans le monde du Capital. Cette éducation précoce ne donna pas de meilleurs résultats en ce qui concerne son sens des réalités financières, qu’elle n’en a donné pour moi dans le domaine de la religion et de la cuisine.
Après tant de frustrations, il fallait bien que je me venge. Quand Pif est reparu j’y ai travaillé comme pigiste jusqu’en 2006. couv100n
Mais mère n’était plus là pour le voir. Désormais, l’aventure PIf est définitivement finie, emportée par la vague de la crise la presse.
Pour rendre hommage au défunt titre, je voudrais citer, une autre auteure Nathalie Quintane qui, dans “Une oreille de chien” écrit ceci :

Même cinq siècles de protestantisme ne sont pas parvenus à circonvenir le démon du bibelot, et la plus belle idée éditoriale, quoi qu’on en pense, reste le gadget de Pif Gadget.

Je reviendrai peut-être sur Dans ma maison sous terre, ce troublant et magnifique roman de Chloé Delaume. J’aurais pu l’utiliser pour le jeu Longtemps je me suis couché de bonne heure en citant la première phrase :

Ce que je fais ici, c’est rester sur cette tombe, B5 touchée coulée.

La situation est posée, le récit se déroulera dans un cimetière, ce sont des morts dont elle va parler, d’une tragédie familiale sur un ton à la fois violent et ironique, son “je” dans lequel - la preuve à propos de Pif, par exemple - chacun s’identifie malgré, bien sûr, une histoire différente. Son “je”, on se l’approprie.

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