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Où va l’Etat français ?

Publié le 08 mars 2009 par Pierre

etat-providenceQuel doit être le rôle de la puissance publique ? Cette question dépasse la simple alternative « Etat Providence » contre «  modèle anglo-saxon », et va évidemment au-delà du traditionnel débat droite / gauche.

En France, la puissance publique est aujourd’hui confrontée à trois grandes mutations :

  • • La décentralisation : depuis 25 ans, des compétences et des leviers financiers ont été massivement transférés aux collectivités locales.
    • La montée en puissance de la crise écologique, qui voit émerger la volonté (encore fragile) de réorienter le fonctionnement de la société et de l’appareil économique pour moins consommer et moins polluer.
    • L’obsession de la maîtrise de la dette, qui se traduit par des coupes dans les effectifs de fonctionnaires, les fermetures de services publics, les privatisations assumées ou rampantes.

oeil
Ces trois grandes mutations sont-elles cohérentes entre elles ? Autrement dit, ceux qui nous dirigent depuis trente ans ont-ils une vision de la place que l’Etat doit occuper dans la société, une stratégie globale qui guide l’ensemble de leur action sur la durée ?

Il est évident qu’en période de transition, la situation n’est pas des plus lisibles :

  • L’organisation des collectivités n’est pas encore stabilisée. En témoignent les débats actuels autour des travaux de la commission Balladur (de 22 à 15 régions, suppression de la clause de compétence générale, Grand Paris…).
    • Sur les compétences en théorie transférées par l’Etat (transports, développement économique, emploi et formation, gestion de l’environnement…), celui-ci garde encore des services, des financements et des effectifs. La persistance de ces doublons montre bien que le processus de décentralisation est loin d’être arrivé à son terme.
    • La crise financière et économique vient brouiller la stratégie de l’Etat : le Grenelle de l’Environnement définit un cap à atteindre (une société plus sobre en énergie et en ressources naturelles), cap aussitôt remis en cause par le plan de relance, qui réhabilite une relance classique de l’industrie et du couple automobile / infrastructures routières. Comme si, devant l’urgence, nos gouvernants étaient d’un coup gagnés par la panique.

Au-delà de ces tâtonnements et incertitudes, inhérents à une situation de mutation forte, restent deux questions de fond :

  • • La première de ces questions est bien sûr celle d’un Etat qui réduit sans cesse le champ de ses prérogatives, ainsi que ses moyens humains et financiers, dans un contexte où le besoin de « plus d’Etat » s’affirme fortement avec la succession des crises.
    • Parallèlement, avec la décentralisation et le recul de ses moyens financiers et humains, l’Etat est devenu incapable de définir des priorités aux niveaux régional, départemental ou local. Ces échelons sont devenus incontournables : c’est là que l’essentiel de l’investissement public est réalisé. Or, aujourd’hui, les collectivités locales se retrouvent livrées à elles-mêmes, avec leurs compétences, leurs stratégies et leurs calculs politiques, alors que les enjeux de régulation écologique et économique nécessiteraient qu’il y ait un pilote dans l’avion.

paquebot
Bref, sur la durée longue (plusieurs décennies) quelle est la direction du paquebot France ? Au-delà des incertitudes du court terme, on sent bien que les capitaines successifs ont les idées aussi claires qu’un lendemain de cuite. Après le Mitterrand sans idéologie, le Chirac du « que rien ne bouge », le Sarkozy ne semble pas voir plus loin que ses Ray Ban.

Peut-on raisonnablement espérer que 2012 amène un peu de nouveauté de ce côté ?


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